
Alors que les négociations commerciales entre transformateurs laitiers et distributeurs doivent s'achever en cette fin de semaine, des représentants de l'Apli, France Milk Board, l'Opl ont présenté une étude justifiant un prix du lait payé aux producteurs de 450 €/1.000 l.
« C'est désormais prouvé scientifiquement. Les producteurs français ont besoin d'un prix du lait de 450 € les 1.000 litres ! » Jeudi 27 février, au salon de l'agriculture, les représentants de la Coordination rurale, de l'Apli, de France Milk Board et de l'European Milk Board ont présenté une étude sur le coût de production, menée par le Bal, un bureau d'étude allemand indépendant.
« Selon les régions, les coûts de production moyens par kilo de lait varient de 34 centimes dans le Grand Ouest à 49 centimes en Rhône-Alpes », a expliqué Karin Jurgens, responsable de l'étude au Bal. « Avec de grandes disparités au sein même des régions », a précisé Véronique Le Floc'h, présidente de l'Opl, branche laitière de la Coordination rurale membre de l'Emb.
Ces coûts ont été calculés sur un échantillon d'exploitations laitières spécialisées sur la base des données du Rica, le réseau d'information comptable agricole de la Commission européenne, et intègrent, outre les charges directes, une rémunération à hauteur de 22 à 23 € par heure de travail pour le chef d'exploitation, et entre 13 et 14 € par heure pour les non-associés. En revanche, ils ne tiennent pas compte des charges supplétives liées au capital investi et au foncier en propriété.
« On est en train de massacrer les producteurs »
« Le prix du lait actuellement payé aux producteurs n'a plus aucune cohérence avec la réalité. Et il est surréaliste de devoir mener une guerre contre tout un système pour ne serait-ce qu'obtenir 10 centimes de plus » a commenté Paul de Montvalon, président de France Milk Board. « Il faut un prix du lait à 45 centimes le litre ! », a-t-il insisté. « On ne peut plus travailler sans rémunération, et donc sans aucune perspective d'avenir. »
« On apporte ici la preuve que le prix actuellement payé n'est pas suffisant, de même que le prix du lait dans les rayons des grandes surfaces. Nous souhaitons aussi le dire au grand public », a complété pour sa part André Lefranc, président de l'Apli. « Les élus politiques doivent d'urgence prendre conscience de ces chiffres. »
La filière laitière française est la mieux organisée dans toute l'Europe, c'est pourtant les éleveurs français qui sont aujourd'hui les moins bien rémunérés.
Les représentants de l'Apli, de l'Opl et de Fmb en veulent toujours autant aux élus du syndicalisme majoritaire qui, selon eux, « emmènent les producteurs de lait tout droit dans le mur ». « 380 € les 1.000 l, ce n'est pas suffisant ! » a martelé Paul de Montvalon en réponse à la revendication de la Fnpl pour un prix du lait moyen d'au moins 380 € pour l'année 2014.
« Pourquoi 5.000 exploitations laitières disparaissent chaque année ? Pourquoi y a-t-il de moins en moins d'installations ? Comment comprendre que FranceAgriMer, organisme présidé par des agriculteurs, affiche l'objectif de doubler la production laitière à l'horizon 2020-2030 en divisant le nombre d'éleveurs laitiers par deux ? »
« Tous les acteurs sont responsables »
Pour les représentants, la grande distribution et les consommateurs ont eux aussi leur part de responsabilité. « Ceux qui achètent un litre de lait demi-écrémé à 60 centimes sont aussi responsables de cette situation. »
Et derrière la guerre des prix que se livrent les industriels et la distribution, « sur le dos des éleveurs », se cache toujours la question de la structuration des producteurs. « Tout le travail sur les OP et la contractualisation, pendant ces deux dernières années, n'a servi a rien ! », estime le président de Fmb.
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