« Le changement climatique, il se voit déjà ! », lance Charlotte Kerglonou, éleveuse de 31 ans installée depuis 2011 en Ille-et-Vilaine en production laitière avec 50 vaches de race prim’holstein.
À son installation, le Gaec Breiz Uhel comptait 43 ha dont 20 ha de maïs ensilage pour 420 000 litres de lait. Aujourd’hui, l’exploitation possède 15 ha de plus, soit 58 ha, mais a diminué d’autant sa surface en maïs (5 ha cultivé en 2018) pour privilégier l’herbe. « Nous faisons le même EBE qu’il y a deux ans avec 120 000 litres de lait en moins, relève Charlotte. Aujourd’hui, nous avons plus d’herbe et moins de frais de gasoil ! Nous sommes plus autonomes ».
Cette évolution du système de production n’a pas été si simple, comme le rapporte l’éleveuse, son conjoint étant très frileux à faire ce changement. « Nous cherchions plus d’autonomie. Le maïs, c’est facile, on le plante, il pousse ! Mais s’il y a une période de sécheresse, le rendement n’est pas au rendez-vous et cela pèse très lourd sur la production », continue-t-elle.
2015, une année charnière
La crise laitière de 2015 a été l’un des déclencheurs de cette évolution du système de production, mais pas que… « J’observe ces dernières années des étés très chauds et secs avec, à d’autres moments de l’année, de grosses quantités de pluie au point que nous ne pouvons pas sortir les vaches pendant plusieurs jours. Le sol met aussi plus de temps à être imprégné d’eau. L’eau coule mais ne reste pas. Et puis, nous pouvons faire rentrer les vaches en stabulation plus tard dans la saison pour l’hiver », explique Charlotte Kerglonou.
Elle a réintroduit le méteil et la luzerne déshydratée dans les rations de ses vaches, le pois et la féverole dans les prairies, replanté des haies pour optimiser le pâturage et limiter le ruissellement. Elle n’imagine pas encore changer la génétique de son troupeau pour aller vers une race plus rustique, contente des performances actuelles. « De toute façon, nous ne pouvons pas tout changer d’un coup ! », s’exclame-t-elle, annonçant cependant une volonté de s’engager en production biologique par la suite.
Ces modifications « n’ont rien coûté », estime-t-elle avant de conclure que « les paysans sont conscients du changement climatique mais il faut d’abord vivre ! » et de lancer un appel plus général, voire politique, pour que l’agriculteur « ne soit pas le seul à faire des choses » pour le climat.
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