Depuis l'incendie, jeudi 26 septembre, de l'usine Seveso Lubrizol à Rouen, les ensilages de maïs sont interdits par arrêté préfectoral dans 204 communes de Seine-Maritime, l'Oise, la Somme et l'Aisne. (©Terre-net Média)
Les conséquences sanitaires de l’incendie de l’usine classée Seveso Lubrizol à Rouen, survenu dans la nuit de mercredi 25 à jeudi 26 septembre, inquiètent de plus en plus les agriculteurs dont la ferme est située dans la trajectoire du panache de fumées noires qui s'est dirigé vers le nord-est de Rouen.
Toutes les informations relatives à l'incendie #lubrizol sont en ligne https://t.co/ZpyuJqw5SC https://t.co/6QDgUGsGv3
— Préfet de la Seine-Maritime (@Prefet76) September 29, 2019
La préfecture de Seine-Maritime a, dès jeudi 26 septembre dans l’après-midi, ordonné de prendre des mesures particulières pour le secteur agricole.
« Les productions végétales non récoltées ne doivent pas l’être », détaille la préfecture. S’agissant des productions végétales récoltées avant le 26 septembre et susceptibles d’avoir été exposées à la contamination :
- le lait collecté issu d'élevages dont les vaches étaient au pâturage depuis le 26 septembre ;
- les œufs des élevages de plein air pondus depuis le 26 septembre 2019 ;
- le miel collecté depuis le 26 septembre 2019 et les poissons d’élevage produits dans la zone concernée ;
sont consignés sous la responsabilité de l’exploitant jusqu’à obtention de garanties sanitaires sur les productions, sur la base de contrôles officiels et d’une évaluation du risque sanitaire. »
« La situation sera réévaluée au vu des résultats d’analyse obtenus et, d’ores et déjà, un plan de surveillance renforcé est mis en place sur les productions ayant été exposées à ces retombées de fumées. »
« Comme nous vous l'avions annoncé précédemment, les récoltes sont suspendues à titre de précaution dans une liste de communes situées dans la zone Rouen - Dieppe – Beauvais », complète la chambre d’agriculture de Seine-Maritime.
« À titre de précaution », « l'administration a pris la responsabilité de suspendre la collecte des produits animaux : lait, œufs produits en plein air, miel, poissons... »
« La profession agricole prendra les initiatives nécessaires pour faire reconnaître les responsabilités de chacun dans ce dossier et obtenir une juste indemnisation des producteurs impactés, assure la chambre d’agriculture Elle sera attentive à ce que les acteurs des filières soient solidaires avec les éleveurs pour limiter les conséquences de cet arrêt dramatique pour les producteurs : appui au stockage et à la destruction des produits contaminés, maintien des prix... »
Des opérations de « solidarité entre producteurs » devraient être organisées cette semaine « afin que l'affouragement des animaux puisse être garanti pour tous les éleveurs ». Quant aux mesures d’interdiction, elles ne pourront être éventuellement levées qu’après les résultats d’analyses attendus « en début de semaine ».
Des restrictions et interdictions étendues jusque dans le département de l’Aisne
Les mesures de précaution prises par la préfecture de Seine-Maritime ont été rapidement étendues à d’autres communes de départements voisins, elles-aussi dans le passage du panache de fumée noire en provenance de l’usine Lubrizol.
Ainsi, dans la Somme, 39 communes sont concernées par un arrêté préfectoral ordonnant les mêmes interdictions. « À titre conservatoire, en raison de la suspicion de contamination liées à ces retombées, le lait collecté depuis le 26 septembre, les œufs des élevages de plein air pondus depuis le 26 septembre, le miel collecté depuis le 26 septembre sont consignés sous la responsabilité de l’exploitation jusqu’à l’obtention de garanties sanitaires sur les productions, sur la base de contrôles officiels et d’une évaluation du risque sanitaire. »
#Lubrizol suite et certainement pas fin. ????
— ChristopheB. (@agritof80) September 29, 2019
Arrêté préfectoral d'interdiction de récolte et de collecte de productions agricoles dans la somme. @FDSEA80 @ja_somme pic.twitter.com/eYQWpShogu
Avis aux #agriculteurs samariens ????
— JA Somme (@ja_somme) September 29, 2019
Dans les 39 communes citées : lait??, œufs??(plein air), miel??, poissons?? (d’élevage), prod. végétales (pommes de terre??, betteraves...) ou aliments pour animaux (ensilage...)
??commercialisation??
??conso humaine+animale??@Prefet80 pic.twitter.com/WawIojgGuY
La liste des communes concernées par les restrictions agricoles
112 communes sont concernées par les restrictions dans le département de la Seine-Maritime :
Extrait de l'arrêté préfectoral du 28 septembre 2019 pris par le préfet de Seine-Maritime. (©Terre-net Média)
Les 39 communes concernées dans la Somme : Agenville, Ailly-le-Haut-Clocher, Airaines, Autheux, Bellancourt, Bertangles, Boufflers, Bus-les-Artois, Conteville, Courcelles-au-Bois, Domesmont, Domléger-Longvillers, Epecamps, Famechon, Frise, Gueschart, Hervilly, Hescamps, Hiermont, Le Mesge, Louvencourt, Mailly-Maillet, Maison-Ponthieu, Marlers, Meigneux, Montonvillers, Neuilly-le-Dien, Offignies, Oneux, Péronne, Picquigny, Pozières, Saint-Acheul, Saint-Ségrée, Soues, Surcamps, Vauchelles-lès-Domart, Vauchelles-lès-Quesnoy, Vitz-sur-Authie.
Dans l’Oise, 39 communes aussi sont concernées : Abancourt, Blargies, Broquiers, Bouvresse, Campeaux, Canny-sur-Thérain, Escles-Saint-Pierre, Formerie, Fouilloy, Gourchelles, Héricourt-sur-Thérain, Lannoy-Cuillère, Moliens, Monceaux-l’Abbaye, Mureaumont, Omécourt, Quicampoix-Fleuzy, Romescamps, Saint-Arnoult, Villers-Vermont, Beaudéduit, Briot, Brombos, Cempuis, Daméraucourt, Dargies, Elencourt, Feuquières, Grandvilliers, Grez, Halloy, Le Hamel, Hautbos, Offroy, Saint-Maur, Saint-Thibault, Sarnois, Sommereux et Thieuloy-Saint-Antoine.
Dans l’Aisne aussi, la préfecture a soumis 14 communes à des restrictions agricoles : Saint-Quentin, d’Omissy, de Sissy, Thenelles, Le Nouvion-en-Thiérache, Buironfosse, La Capelle, Hirson, Hannapes, Bohain-en-Vermandois, Brancourt-le-Grand, Beaurevoir, Grougis et Vervins.
François d’Hubert, conseiller à la chambre d’agriculture de Seine-Maritime, a fait un focus sur l’impact de cet accident industriel sur les ensilages de maïs des producteurs concernés par les restrictions. « Un strict arrêt des chantiers de récolte d’une semaine va faire évoluer le taux de matière sèche plante entière d’un point à deux points . Il y a 2 cas de figure :
a) les maïs à 33-35 % de MS plante entière : pour ces maïs qui risquent de dépasser 35 % de MS à la suite du décalage, la qualité alimentaire de la récolte sera significativement dégradée : , appétence, digestibilité, valeur énergétique, conservation du silo.
Il sera peut être, selon les résultats des analyses, possible de remplacer la récolte plante entière par une récolte limitée aux épis, a priori moins en contact avec les retombées polluantes. On parle de récolte maïs épi.
Cette technique nécessite d’installer des becs cueilleurs et un adaptateur sur l’ensileuse, technique peu pratiquée dans le département. La récolte est alors diminuée quantitativement.
b) les maïs encore verts sur 50 % du feuillage et plus : cas des semis tardifs et des mais en très bonne terre arrivés à seulement autour de 30 % de MS en ce moment, le décalage de 8 jours du chantier ne dégradera pas la valeur de la récolte (hors impact négatif sur l’organisation des chantiers, décalages de travaux etc…) »