Quand on parle de haies, on pense biodiversité, lutte contre l’érosion, qualité de l’eau. À cette liste d’atouts, il faut ajouter le stockage de carbone. Au travers du projet Carbocage, les Chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire évaluent les quantités de carbone stocké. Selon le type de haies et leur vitesse de croissance, la quantité de carbone stockée varie. C’est ce que le programme Carbocage veut calculer.
La pousse d’une haie est aussi importante dans la partie aérienne qu’au niveau des racines. Cette pousse souterraine enrichira la teneur en matières organiques du sol. « Sur les 30 premiers cm du sol, il y a de 0,12 à 3 tonnes de carbone stockées chaque année par kilomètre de haie », chiffre Sarah Colombié, de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Reste aux chercheurs à affiner le calcul du potentiel de stockage et les itinéraires de gestion qui permettent de le maximiser. Car, le potentiel de stockage de carbone dépend de la capacité de croissance de la biomasse, donc des itinéraires de gestion des haies. Pour aider les agriculteurs à optimiser leurs itinéraires, un guide de gestion des haies sera prochainement édité.
indemnisation des coûts d’entretien ?
Si c’est déjà un point positif de pouvoir afficher le carbone stocké dans les haies, ne serait-il pas possible d’en tirer une valorisation, ne serait-ce que pour indemniser l’entretien de ces haies ?
C’est autour de cette idée que le programme Carbocage a entrepris de rassembler avec le monde agricole, des collectivités et des entreprises, pour développer des marchés locaux de carbone. Est en cours d’élaboration le label Vocal pour Voluntary carbon Land certified. Il attestera du stockage de carbone dans des haies gérées durablement pour obtenir des certificats de non-émission « dans l’idée de ce que fait la filière laitière avec son lait bas-carbone », explique Sarah Colombié. Le carbone stocké dans les haies pourra alors faire l’objet de crédits carbones, rachetables par des entreprises et des collectivités, dans le cadre de leurs démarches environnementales (PCAET ou RSE par exemple).
« Pour l’instant, l’agriculture représente moins de 2 % des crédits carbone échangés sur les marchés internationaux, souligne Bertille Thareau, enseignante à l’Esa. Il y a de réelles opportunités à saisir ». S’engager sur le marché du carbone est une nouvelle façon de concevoir la valorisation des services environnementaux.
Valorisation des services environnementaux
Le projet Carbocage raisonne cette approche à l’échelle d’un pays, pour un marché de proximité, qui traduit un soutien agri-environnemental de la part des acteurs locaux. « Les collectivités locales peuvent aussi acheter du carbone pour compenser leurs émissions, explique Bertille Thareau. Nous avons cherché à savoir si elles seraient prêtes à le faire et pour quel budget ». Elles le sont à large majorité, certes dans des territoires ciblés pour leur engagement énergétique. Les entreprises sont plus frileuses mais intéressées par des projets sur leur territoire. Pour l’instant, les entreprises enquêtées ne compensent que 6 % de leurs émissions. Le marché potentiel est donc de taille.
Pour mettre en place ces marchés, il est nécessaire que les acteurs s’engagent sur 15 ans, temps nécessaire pour la bonne gestion des haies. Les agriculteurs devront faire la différence, par leurs pratiques et prouver que ce carbone est issu d’une gestion durable des haies. Et en termes de prix ? « Cela reste à construire, estiment les chercheurs. Il faut tenir compte à la fois du marché et des coûts d’entretien ». Les agriculteurs trouvent raisonnables la somme de 56 €/tonne équivalent CO2, soit 400 €/km de haie. Or, sur les marchés internationaux, la tonne équivalent CO2 s’échange entre 1 et 30 €/tonne, avec une moyenne à 5 €. Pour que le carbone stocké dans les haies obtienne sa pleine reconnaissance, les agriculteurs auront donc besoin d’un réel soutien financier de leurs collectivités.
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