Le cheval de trait français, unique par la diversité de ses neuf races, demande son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco pour ne pas disparaître de la surface d'une terre qu'il a longtemps défendue et labourée.
![]() "Un patrimoine génétique unique au monde" (© B.N., Terre-net Média) |
Pour Pierre Pasdermadjian, président de l'association fédérative d'éleveurs France Trait, ce capital génétique, qui a essaimé en Belgique, en Allemagne, aux Etats-Unis avec la conquête de l'Ouest et même au Japon où le percheron (Ouest) tient la vedette, est désormais en grand péril, dans une conjoncture économique difficile. Les chevaux de trait français sont tous originaires de la moitié nord du pays, ou l'agriculture extensive les employait jusque dans les années 50 à la traction des outils et charrettes.
Selon les professionnels, le comtois, originaire de la région montagneuse de Franche-Comté (Est), est le moins menacé grâce à la boucherie. Il représente 30% de l'élevage avec 3.600 producteurs et environ 850 étalons. Le breton (nord-ouest)se situe dans le peloton de tête avec 25% de l'élevage (600 étalons). Mais ces chiffres s'amenuisent dangereusement avec le percheron (9% de l'élevage), l'ardennais (Nord 5%), le cob normand (Ouest 4%) et surtout le boulonnais (Nord 2%), l'auxois (Centre-Est, le mulassier poitevin (Centre-Ouest) et le trait du Nord à moins de 1%. Passé un certain seuil, les races sont menacées par la consanguinité.
Un outil de développement durable
Dans son adresse à l'Unesco, Dominique Léger rappelle que "le cheval de trait français est le résultat du génie créateur des paysans du XIXe qui, révolution terrienne faite, guerres napoléoniennes oubliées et progrès agraire intégré, ont ressenti la nécessité de façonner un nouveau cheval apte à la traction agricole et aux transports". "Il s'incline devant la motorisation qu'introduit le plan Marshall au début des années 50 (...) mais, si son effectif dégringole, sa génétique reste préservée", ajoute-t-il, grâce au dévouement des éleveurs. "A l'heure où "la recherche de loisirs de pleine nature, l'aspiration à un développement plus durable, la quête de médiation sociale au sein d'un monde de plus en plus urbanisé, redonnent de l'utilité à ces races", insiste Dominique Léger.
Il estime que le trait français répond à plusieurs des critères fixés pour l'inscription au patrimoine mondial : "témoignage sur la création de paysages, témoignage sur une civilisation disparue, association à des événements et des traditions vivantes, développement d'écosystèmes (...)". Une centaine de villes françaises utilisent désormais dans leurs rues le cheval de trait, dans une volonté de développement durable, mais ce sursaut sera insuffisant pour sauver les races de "lourds" dont les plus solides taquinent la tonne.

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