« Pas besoin de Lactalis pour faire baisser la collecte laitière ! »

Paroles de lecteurs baisse de la collecte Lactalis
Et vous, votre réaction ? Exprimez-vous en commentant l'article. (©Stéphane Leitenberger, Adobe Stock // Montage Terre-net Média)

Dès l’annonce, du géant mondial du lait, de réduire la collecte en France, les lecteurs de Web-agri ont réagi. Ils craignent une accentuation de la déprise laitière dans certaines zones même si les volumes de lait collectés diminuent d’eux-mêmes depuis des années suite à la baisse continue du nombre de producteurs. D’après eux, un événement de plus qui fragilise l’avenir de la production laitière française,

« Moi qui étais en train d’acheter une 2x3 postes, j’arrête les frais tout de suite ! », ironise Momo. « […] Les zones trop éloignées de leurs usines, ou à faible densité d’élevages, ne seront plus collectées. Le lait ne sera pas mieux payé pour autant… », déplore steph72.

Régis enchaîne : « Nos dirigeants y sont arrivés : nous avons perdu notre solde d’exportation de produits laitiers, de viande, fruits et légumes, bientôt de vins et nous sommes sur la pente descendante en céréales […]. » Pour beaucoup de lecteurs de Web-agri, comme Jérémy ou Florian, la collecte laitière baisse toute seule, sans Lactalis.

Les éleveurs cessent de traire, les uns après les autres…

Et « depuis longtemps » ajoute Nicolas, du fait de la chute du nombre de producteurs de lait, liée aux difficultés économiques (prix du lait et revenus insuffisants et fluctuants), à la surcharge de travail, réglementaire, administrative, aux pressions sociétales… « Les éleveurs cessent de traire les uns après les autres », résume-t-il.

Un repli naturel

Corentin partage leur analyse : « Le recul des volumes de lait collectés se fait naturellement, avec la diminution, le vieillissement et le non-renouvellement des producteurs laitiers. L’entreprise va se concentrer sur les grands bassins laitiers et délaisser les régions peu laitières pour lesquelles le ramassage lui coûte du pognon. »

Plus d’argent dans la poche de… Besnier !!

Il poursuit : « En allant jusqu’au bout du raisonnement : moins de collecte et des économies d’échelle, elle va se concentrer sur des produits à forte valeur ajoutée, d’où plus d’argent dans la poche des éleveurs laitiers ? » Avant d’enchaîner : « Plutôt de Besnier ! » « Lactalis veut réduire la collecte de lait, les éleveurs n’ont qu’à changer de laiterie !! », argue Gabriel.

« Il fallait s’y attendre »

Pour Gilles, « on pouvait s’y attendre, ce n’est pas une surprise […] ». « Vu la hausse des prix du lait et de la viande, après ce sera Bigard », craint-il. Rémy le rejoint, reprenant les propos de la FNSEA : « Une « déflagration » de quoi ? Le secteur laitier est sinistré, malheureusement. Pas besoin de la diminuer, Lactalis voit la collecte baisser d’elle-même depuis des années. »

« L’entreprise prend juste le contre-pied en termes de communication. Comme Lemaire qui vient nous dire que l’électricité va baisser et que c’est un cadeau, alors que le cours de l’électricité s’est effondré. »

Quel avenir pour la production laitière en France ?

Hasard de calendrier : l’annonce de Lactalis suit de peu la parution, sur Web-agri, de l’article "A quoi ressemblera la production bovine de 2033 ? ». « L’export grand perdant, l’import grand gagnant », a immédiatement commenté Jean-Jacques. La décision du géant mondial du lait questionne, effectivement, sur l’avenir de la production laitière en France.

« Quand tu n’as même pas 10 % de la valeur des produits laitiers qui reviennent aux producteurs et plus de 50 % qui vont aux industriels, faut pas s’étonner que beaucoup de départs à la retraite ou cessations d’activité ne soient pas remplacés […] ! », juge steph72.

« Pendant que les éleveurs se rémunèrent à hauteur de 0,04 € le litre, les transformateurs voient leur marge nette augmenter de 14 % », détaille ce lecteur qui évoque, comme conséquence, la poursuite de la décapitalisation des cheptels. « […] Les gens veulent moins travailler, surtout au vu de la faible rémunération », pointe-t-il.

Décapitalisation et manque d’installations

Rien d’étonnant, non plus, selon xxx et Alain. « La faute au choc démographique ? », interroge ce dernier, répondant aussitôt : « La pyramide des âges des producteurs, on la connaît depuis belle lurette ! En cause : le manque d’installations en bovins lait. La fameuse Pac « lait » de 2007, qui devait faire des miracles, n’a été qu’une grosse c... »

Alain s’explique : « Elle a provoqué la désertification laitière et l’isolement des éleveurs, avec des burn-out, des divorces, des sociétés agricoles qui explosent, des suicides… tout ça à cause de revenus en élevage laitier misérables. Et on s’étonne que les jeunes ne veulent plus s’installer en production laitière ?? Il y a eu trop d’erreurs faites et maintenant la filière laitière paie l’addition. »

« D’une filière exportatrice à importatrice »

Pour imager ses propos, il cite Coluche. « Il avait dit en parlant des technocrates : « on leur donne le Sahara ; deux ans après, il faut importer du sable ». En France, on a donné aux politiques, aux industriels, aux syndicats, etc., une filière laitière exportatrice. Dans peu de temps, notre pays importera du lait. »

J’amène mes parents à la retraite, puis basta !

Xxx témoigne : « Âgé de 29 ans, je suis installé en gaec familial avec 100 vaches laitières. Je vais tenir encore péniblement 10 ans, le temps d’amener mes parents à la retraite et ensuite basta, je claque la porte ! Le monde agricole est pourri jusqu’à la moelle, méprisé par les fournisseurs et l’aval, les syndicats…, pas aidé par les écolos, et tout le monde s’en tape !! […] »

L’effet d’une politique anti-élevage

Noël évoque « la rentabilité des élevages laitiersen berne, sans oublier le rapport capital/revenu désastreux ». D’où une problématique importante au niveau de la main-d’œuvre. « Certaines exploitations ne trouveront pas de repreneur ; d’autres, face à l’orientation des aides Pac, déconnectées de la production, diminueront leurs effectifs », prévoit-il.

« Avec une politique anti-élevage, tout cela n’est guère surprenant », conclut Alexis. Clémence appuie : « À force de prendre les éleveurs pour des moins que rien, faut pas s’attendre à autre chose. »

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Eleveur dans la stabulation des vaches laitières

Charge mentale en élevage : causes et solutions

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