Négociations commerciales : la guerre est ouverte

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Assises du lait de la FNPL en décembre 2025 àSaint-Malo
Lors des Assises du Lait de la FNPL, les 3 et 4 décembre à Saint-Malo, la question d'appuyer les OP a fait partie des ateliers de travail. "Le prix du lait restera encore un sujet à la FNPL", a réaffirmé son président Yohann Barbe. (©E. Durand)

Dans un contexte de baisse de prix du lait et de bras de fer entre industriels et producteurs au Cniel, la question des négociations commerciales, dont le bal s’est ouvert le 1er décembre, revient sur le devant de la scène.

La partie publique des Assises du lait de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait) a débuté le 3 décembre, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), par un communiqué de presse donnant le ton : « Le hold-up a assez duré. » Le syndicat revendique effectivement « un manque à gagner pour les producteurs de 46 €/1 000 l sur le beurre depuis 2023 ». Dans le cadre d’un prix du lait qui s’annonce ouvertement à la baisse pour 2026, avec des cours du beurre et de la poudre déjà en baisse depuis septembre, et des négociations commerciales qui sont officiellement entamées depuis trois jours, le syndicat a alerté sur le fait qu’aucune baisse sur la matière première agricole ne serait acceptée. Le 30 novembre, quelques heures avant l’ouverture des négociations commerciales le 1er décembre, les ministres Annie Genevard et Serge Papin avaient annoncé la signature d’une charte d’engagements mutuels dans le cadre des négociations commerciales 2025-2026 par la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef), l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), l’Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec), Pact Alim et la Coopération agricole.

Des tensions avant même le début des négociations

« Donnons une chance pour que tout cela [les négociations commerciales, NDLR] se passe correctement. Mais, par expérience, les vieux démons peuvent ressortir », s’était exclamé Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, venu clôturer la première journée des assises. Et de continuer : « Avant même que les conditions générales de vente ne soient envoyées, il y a déjà des demandes de baisses. » Yohann Barbe, président de la FNPL, a bien spécifié ce jour-là qu’il ne servirait à rien de demander aux producteurs d’aller dans les rayons des magasins mettre la pression à la fin des négociations commerciales s’il n’y avait pas un juste retour de prix aux producteurs de la part des industriels. « Nous serons intransigeants sur les négociations. Nous dénoncerons les acteurs qui ne respectent pas la matière première agricole », a-t-il déclaré. De son côté, la ministre de l’Agriculture s’est dite « très ferme » à ce sujet et renforcera les contrôles durant la période fatidique.

Outiller les OP pour négocier

La position de la FNPL est donc claire : elle refuse une baisse de prix du lait pour 2026. Arnaud Rousseau reconnaît tout de même « une réalité de marché dont on ne peut s’affranchir ». À défaut d’avoir un indicateur beurre-poudre utilisable, et comme « la cotation utilisée de beurre cube 25 kg n’existe pas », selon Benoît Gavelle, secrétaire général adjoint de la FNPL, le syndicat a reconstruit un prix du beurre conditionné « plus réaliste ». C’est avec cette reconstruction de prix que la FNPL est arrivée à « un manque à gagner » sur le beurre de 46 €/1 000 l en moyenne depuis 2023, soit environ 15 €/1 000 l aux producteurs, avec une formule de prix « classique », construite sur la base d’un tiers de produits grande consommation (PGC), d’un tiers de produits exports et d’un tiers de produits industriels.

Pas de détente au Cniel

Cette reconstitution de prix est fondée sur les chiffres de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM). « L’indicateur beurre-poudre est construit avec la valorisation des produits industriels moins les coûts de production des industriels. Mais cette valorisation n’est plus adaptée à la réalité car le prix du beurre cube 25 kg utilisé n’existe pas dans les faits », continue Benoît Gavelle. L’objectif à travers ce chiffre de 46 €/1 000 l est aussi, selon lui, « d’outiller les organisations de producteurs » dans leur relation avec leurs industriels et les négociations de prix. Ce chiffre montre en outre le maintien d’un désaccord avec la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil). « Au sein du Cniel, nous sommes d’accord pour revoir les coûts de production des industriels si nous revoyons également la valorisation des produits », fait remarquer le syndicaliste. D’après lui, la Fnil ne souhaite pas revoir cette valorisation, mais uniquement les coûts de transformation.

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