Dans le Morbihan, Hélène et Julien Leray expliquent pourquoi ils ont choisi de s’installer et travailler en couple en élevage, ce que cela leur apporte, comment ils concilient vie pro et perso, et gèrent les désaccords.
Hélène et Julien Leray ont décidé de s’installer en couple en élevage, à Locoal-Mendon (Morbihan), pour « être ensemble au quotidien » et parce que « c’est un projet de vie, qui se construit à deux et doit avoir du sens pour l’un comme pour l’autre », expliquent-ils dans une vidéo publiée sur la chaîne Youtube de la chambre d’agriculture de Bretagne.
Une passion qui peut devenir envahissante
Des propos qui font écho à ceux d’Aline Lurson et son conjoint Kévin, dont la rédaction relatait il y a quelques semaines l’installation sur un élevage de vaches laitières, à Chailloué dans l’Orne. « Nous voulions travailler ensemble, tous les jours, mêler le pro et le perso, c’est notre projet de vie », nous confiaient-ils. « Notre métier d’éleveur est très prenant, ainsi nous passons du temps tous les deux », ajoutent Hélène et Julien.
Justement, parce que la charge de travail et la charge mentale sont importantes, il n’est pas simple, en couple en particulier, de concilier les sphères professionnelles et privée. Les soucis à la ferme « ressurgissent vite à la maison le soir », reconnaissent Aline et Kévin. Autrement dit par Hélène et Julien : « L’exploitation peut rapidement être le seul sujet qui tourne dans les discussions, et dont on parle tout le temps à table. »
Aline et Kévin essaient de séparer autant que possible même si cela n’est pas facile. « La passion tend à prendre le dessus sur tout le reste », font remarquer Hélène et Julien. Alors ils limitent au maximum les échanges professionnels lors des repas, pour « ne pas que ça pèse trop aux enfants ». Ce que conseille aussi Michel François, coach agricole, aux conjoints qu’il accompagne.
« Des espaces de respiration »
Selon eux, des espaces de respiration en dehors de la ferme sont essentiels pour se retrouver à deux, en famille, entre amis, mais également pratiquer des activités sans l’autre puisqu' « on est constamment tous les deux ». Aline par exemple s’est inscrite aux pilates et Kévin va à la chasse. Chacun exerce une responsabilité professionnelle. Hélène et Julien se réservent des plages horaires pour les loisirs dans leurs agendas.
« En début de carrière surtout, réussir à se libérer n’est pas évident tant il y a de choses à faire et à penser », constatent-ils cependant. Pour profiter de leurs filles, Aline et Kévin font la traite du soir avec elles et allègent le travail les dimanches et, une semaine sur deux, les mercredis. De vrais congés, encore compliqué pour eux mais « l’avantage de notre profession est de pouvoir prendre un jour ou une demi-journée par-ci par-là », mettent en avant les deux couples.
Quand leurs enfants sont en vacances, Hélène et Julien alternent pour être auprès d’eux. Habiter sur l’exploitation permet cette organisation, soulignent les quatre jeunes producteurs. Michel François préconise, lui aussi, de prévoir des moments de déconnexion. Ainsi que des temps d’échange et de réflexion pour « se donner des motivations et objectifs communs, et répartir clairement les tâches ».
« Exprimer ce qui reste enfoui dans le feu de l’action »
Hélène et Julien organisent des points hebdomadaires : « ensuite, il n’y a plus qu’à suivre le programme ! » Ces moments de partage désamorcent les conflits. « Mieux vaut ne pas laisser traîner les incompréhensions et frustrations », recommandent les jeunes installés en élevage.
Faire intervenir un tiers extérieur.
Tirant les leçons de leurs précédentes tentatives d’association avec des tiers, ils ont recours régulièrement à une médiatrice pour les « aider à exprimer ce qui peut rester enfoui dans le feu de l’action ». Le coach, quant à lui, encourage à s’interroger sur « ce qui rapproche ou, au contraire, génère des tensions ».
Il est primordial de « discuter de tout, de ce qui marche et fonctionne moins, de ses ressentis, ses craintes, ses doutes », pointent Aline et Kévin Lurson. Eux aussi incitent à solliciter un accompagnement si besoin. Tous, jeunes éleveurs et coach, exhortent surtout à « prendre soin de la relation, de son couple ». Les soucis professionnels ont un impact sur l’entente et la complicité. Et inversement : les problèmes relationnels sur la performance de l’exploitation.

« Nos vaches produisent en moyenne 16 200 kg de lait »
Angus, Charolais, Blanc Bleu : quelle race préférer pour le croisement laitier ?
Économie, travail, environnement : « S’installer en lait 100 % herbe, mon triplé gagnant »
Viande bovine : + 8 % en rayon, contre + 34 % payés aux producteurs
Décapitalisation : profiter de l’hémorragie pour faire naître un élevage durable ?
Les systèmes robot de traite redeviennent plus compétitifs que les salles de traite
L’huile de palme est à manier avec précaution
Viande bovine : des prix au plus haut, mais qui pour élever les vaches demain ?
« Je vends mes broutards 20 à 25 centimes plus chers grâce aux marchés aux bestiaux »
Simon Huet : « Je gagne plus d'argent à être autonome qu'à être en bio »