« Je ne m’attendais pas à ce que mes vaches puissent faire du vêlage 2 ans »

Sans changer quoi que ce soit à son système herbager, Thomas Pollet a mis en place le vêlage deux ans sur sa ferme. Le déclic ? Un groupe de travail des Civam Normand, qui lui a permis de suivre les croissances de ses génisses. Résultat : un passage inattendu au vêlage précoce, et de nouvelles pistes de travail à explorer autour de la finition des réformes.

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Pesées, échographies, historique de reproduction… Le vétérinaire a passé au crible le troupeau de Thomas Pollet, éleveur en Seine-Maritime, à l’occasion d’une formation reproduction organisée par les Civam. L’objectif était simple : traquer les marges de progrès. Mais au fil des mesures, il est apparu que les génisses étaient déjà prêtes pour le vêlage deux ans. « Je ne m’y attendais pas du tout », souffle l’éleveur.

Il faut dire qu’à l’œil, les Salers de 15 mois n’ont rien d’impressionnant. « Je n’ai pas de balance. Je n’avais jamais pesé les génisses : je ne les pensais pas si lourdes », poursuit l’agriculteur. Avec un système 100 % herbager, rien n’était fait pour permettre le vêlage précoce.

Génisses Salers d'un an
Les génisses d'un an seront bientôt mesurées afin d'estimer leurs poids. (© Terre-net Média)

Pourtant le poids, c’est le nerf de la guerre. C’est lui qui détermine la maturité physiologique de l’animal, et sa capacité à mener une gestation sans risque. Pour le vêlage 24 mois, les animaux doivent atteindre les deux tiers de leurs poids adulte à 15 mois, date de la mise à la reproduction. Chez Thomas, la plupart des vaches dépassaient les 400 kg. « On ne voit pas les kilos, mais ils sont là », sourit l’éleveur.

Si bien qu’en 2024, les génisses de deux ans ont été mises au taureau en même temps que les génisses de trois ans. Une aubaine pour l’éleveur, passé de 48 à 55 vêlages en une campagne. « Cela m’a permis d’avoir un petit peu plus de renouvellement, et de vendre quelques génisses pleines », détaille Thomas.

Côté facilité de naissance, pas de changement. « J’ai dû aider une génisse de 2 ans sur les dix, et deux génisses de 3 ans sur les neuf ». Mais les effectifs restent trop faibles pour être représentatifs.

Le mètre ruban pour estimer les poids des génisses

Depuis, il guette les croissances des velles. S’il n’y a toujours pas de balance sur la ferme, le mètre ruban fait le travail. Grâce à une formule et aux mesures de l’animal, il obtient une estimation du poids vif.

Formule de calcul pour estimer le poids vif d'un bovin
(© Terre-net Média)

Pour la longueur, il tend son mètre « de la pointe de l’os de l’épaule à la pointe de l’os du bassin. C’est assez facile à repérer au niveau de l’épaule, un peu moins au niveau du globe », commente l’éleveur. Pour le tour de poitrine : « C’est le plus simple. Il suffit de faire le tour de l’animal derrière la patte avant. »

La formule a été éprouvée par le résultat de la balance. « La première année, je n’avais pas trop confiance, alors j’ai emmené tout le monde à la pensée. Nous étions bons ».

Mais difficile de faire carton plein chaque année. Début 2025, seule une partie du renouvellement était prête pour le vêlage deux ans : « les fourrages 2024 étaient de moins bonne qualité », explique l’éleveur. « Il faut dire que je n’ai rien fait de spécifique non plus pour permettre le vêlage précoce. » Les génisses prêtes pour le vêlage 2 ans ont été mises au taureau. Les autres, vendues en génisses pleines pour du vêlage 30 mois.

Des pistes restent à exploiter pour sécuriser le vêlage deux ans. « On pourrait imaginer laisser les femelles un peu plus longtemps sous la mère pour gagner quelques kilos, ou les complémenter davantage », estime Thomas. Car chez lui, aucune complémentation n’est distribuée. « Je pourrais éventuellement ajouter un peu de céréales ou de méteil, j’en produis sur la ferme. »

Thomas Pollet eleveur de Salers
Les Salers en vêlage deux ans ont un gabarit moindre lors de la mise bas, mais Thomas Pollet espère pouvoir rattraper un éventuel retard de croissance par une complémentation plus soutenue sur les primipares allaitantes. (© Terre-net Média)

Maintenir les poids de réforme

Mais avant de peaufiner sa stratégie autour du vêlage précoce, l’éleveur aimerait lever quelques craintes sur les poids de carcasse de ces animaux. « Le plus gros challenge maintenant, c’est de garder des poids intéressants à la réforme ».

Parmi les vaches en vêlage 24 mois, certaines affichent une conformation décevante. « Il y en a une qui a eu un premier veau puis des jumeaux : on voit qu’on lui en demande beaucoup. Mais elle a fait un veau de plus, même deux de plus, qu’une vache du même âge. »

Encore une fois, des possibilités existent. « Je vais regarder s’il n’est pas pertinent de complémenter un peu après le premier vêlage, pour les aider à finir leur croissance », poursuit Thomas. Car il tient à maintenir ses poids de réforme : « l’objectif serait de faire du vêlage deux ans en maintenant des poids autour des 430 kilos carcasse sur les vaches finies ». S’il n’y parvient pas, il n’exclut pas le retour du vêlage trois ans pour certains animaux. « À terme, je vais essayer de trouver un compromis entre poids de réforme, et nombre de veaux par carrière. »

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