Peu pratiqué en Aubrac et Salers, le vêlage 24 mois n’en demeure pas moins possible. Pour le prouver, la Chambre d’agriculture du Cantal a décortiqué les résultats de 14 exploitations en vêlage deux ans afin de fournir des indicateurs propres aux races rustiques.
« On arrive bien à faire du vêlage deux ans en Charolais, alors pourquoi pas en Salers ou en Aubrac ? », lance Guillaume Loustau, responsable du service Bovin viande du Cantal. Pour objectiver cette intuition, la Chambre d’agriculture a suivi 14 exploitations pratiquant le vêlage 24 mois en race rustique. Résultat : les croissances des veaux issus de vêlages 24 et 36 mois sont comparables. « On constate même un léger avantage pour le vêlage deux ans, mais c’est certainement dû au fait que les vêlages précoces ont lieu sur des exploitations assez techniques. »
Corentin Roquessolane, éleveur au Gaec des Prairies où l’on pratique le vêlage deux ans depuis 20 ans, confirme ses dires. « Il faut faire attention soigner les génisses, mais l’on ne constate pas de retard de croissance chez le veau. »
Seul bémol, des conditions de naissance sensiblement plus compliquées. La part de vêlages difficiles à 24 mois en race rustique avoisine les 2,5 %, et 13 % des vêlages demandent une petite assistance.
Les écarts de poids de carcasse s’estompent avec les années
Côté vache, un retard de croissance est certes observé, mais le temps estompe les différences. « À partir de 4 ans, on ne voit plus d’écart de poids entre une 24 mois et une 30 mois », estime l’agriculteur, qui sort des réformes de 415 à 420 kg de carcasse de moyenne en race Salers.
« Si l’on réforme une vache de deux ans, juste après le premier vêlage, on trouve un écart de l’ordre de 37 kg de carcasse par rapport à une génisse en vêlage 36 mois », remarque Guillaume Loustau. Mais l’objectif reste de faire vieillir les vaches. À six ans, les poids de carcasses des deux catégories d’animaux se rejoignent.
Proposer une ration adaptée
« Il y a l’idée que pour faire du vêlage 24 mois, il faut soigner ses Aubracs comme des génisses laitières. L’expérimentation montre que c’est faux », insiste le conseiller. Pour y parvenir, la Chambre d’Agriculture du Cantal mise sur des rations à base d’herbe, avec l’orge pour seul complément.
On peut faire du vêlage deux ans avec des fourrages de qualité moyenne
Des rations d’hivernage pour les vêlages d’automne permettent entre autres d’obtenir un GMQ de 560 g/j en race rustique avec une base de 3,7 kg d’enrubannage de qualité moyenne, 6 kg de foin et 0,9 kg d’orge (kg de matière brute).
Avoir des indicateurs de croissance
Mais pour pratiquer le vêlage 24 mois, l’essentiel est de bénéficier de points de repère pour suivre la croissance des génisses. « On dit que le bovin doit avoir 37 % de son poids adulte à 210 jours, et 63 % pour ses 15 mois à l’approche de la saillie ». Identifier précocement les candidates au vêlage deux ans permet de les soigner séparément.
Pour le conseiller, le jeu en vaut la chandelle. Pratiquer le vêlage deux ans, c’est tenir moins d’animaux, et donc faire des économies à bien des niveaux. « Si l’on a un troupeau de 62 vaches allaitantes, l’on compte dans les 45 génisses de renouvellement avec un vêlage à 36 mois. En faisant vêler les génisses un an plus tôt, on peut conduire 15 génisses de moins », insiste Guillaume Lousteau. D’autant que les génisses de 3 ans sont celles qui coûtent le plus cher à nourrir.
Si l’on a 62 vaches, le vêlage deux ans permet de tenir une quinzaine de génisses en moins !
Et une fois le vêlage deux ans en place, les options sons nombreuses pour l’éleveur. « Si l’on supprime 15 génisses sur une exploitation (0,8 UGB/animal), on dégage dans les 9 ha de SAU », insiste Guillaume Lousteau. Cette surface donne des marges de manœuvre à l’éleveur, que ce soit pour sécuriser son système fourrager, améliorer son autonomie alimentaire en implantant de nouvelles cultures ou travailler sur l’engraissement voire l’agrandissement du cheptel.
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