
Fin novembre, Web-agri avait profité de la Quinzaine de la transmission/reprise en agriculture pour mettre en avant plusieurs témoignages de jeunes éleveurs, récemment installés, faisant part de leurs motivations mais aussi de leurs doutes. Les lecteurs, eux, ont saisi l'occasion pour réitérer leurs craintes quant à l'avenir d'une filière que la passion, seule, ne pourra pas préserver.
Jmb67 souhaite « bon courage » aux jeunes éleveurs laitiers. « Au début, tout est beau et rose, mais les illusions disparaissent vite (...) », prévient ce lecteur.
« Sur le papier, ça se passe toujours bien d'après ceux qui montent les dossiers d'installation agricole, mais la réalité n'est pas toujours la même », met aussi en garde Christelle.
« Beau sur le papier, mais une réalité différente »
« On en reparle dans 10 ans ! », lance Émy. Laurent conseille effectivement de se « projeter dans 5-10 ans à traire matin et soir, sans compter les autres contraintes ». « C'est vraiment beaucoup de travail », insiste-t-il.
Ce ne sont pas des contraintes, quand on aime son métier.
« Quand on aime son métier d'éleveur », on ne vit pas forcément mal les contraintes, estime Élodie.
Frédéric émet quelques doutes : « Et dans 30 ans ? Avec les années, c'est de plus en plus dur. »
Gilles le rejoint : « Je confirme, ça fait 28 ans que je trais... »
« L'élevage, c'est beaucoup de travail »
Hubert n'est pas d'accord avec @Frédéric et @Gilles et partage l'avis d'@Élodie : « J'ai fait la traite pendant 43 ans et j'en suis pas mort ! »
Des solutions existent pour se dégager du temps.
Jean-Claude propose d'embaucher un salarié agricole. Cela apporte « plus de souplesse côté organisation du travail », poursuit-il.
Mika juge également « qu'il y a toujours des solutions pour se dégager du temps libre en élevage, soit grâce au service de remplacement soit via le salariat ».
Nadine, elle, pense « robot de traite ».
« Ce n'est pas la production laitière qui fait peur mais le prix du lait que les laiteries imposent. Au temps passé, ce n'est pas rentable », déplore Jordan.
« Le lait ne fait pas peur, c'est son prix ! »
Pour Joseph, c'est bien « l’enjeu principal, qui fait qu’on accepte ou pas les contraintes de cette profession, qui permet ou pas de se faire remplacer, qui assure ou pas en partie la reconnaissance sociétale indispensable à la poursuite de cette activité ».
Et qui explique « le grand nombre d'élevages laitiers à céder actuellement », restant sur le marché faute de repreneur, selon Michel.
« Faut pas non plus avoir peur de voir arriver les factures ! », enchaîne Olivier, faisant référence à la hausse des charges d'élevage.
Jean-Baptiste s'étonne qu'il y ait de plus en plus de Nima ou personnes non issues du monde agricole qui veulent s'installer, et de reconversions professionnelles vers l'agriculture, pour « un métier dur et qui ne paie pas ».
Et les factures en face !
« En fait, on en arrive à ça : les gens du milieu connaissent et ne veulent plus aller dans l’élevage, alors on raconte de belles histoire aux Nima, ça retarde la décadence... », analyse Élodie.
« Trop à investir pour peu revenu »
Guillaume résume : « Trop de capitaux à investir pour s'installer en élevage pour un faible revenu agricole, voilà la belle évolution de notre métier. Le temps de travail est énorme pour un revenu horaire souvent très bas. »
D'autant « qu'être bon techniquement ne permet pas forcement de dégager du revenu, la technique étant très coûteuse », ajoute un autre Gilles.
Être bon techniquement ne suffit pas.
« Un agriculteur doit être économiste, gestionnaire, très pointu techniquement et à l'affût des évolutions de son secteur (Pac, fiscales....) pour prendre les bonnes décisions », mais cela ne suffit pas toujours, regrette Jean-Yves.
Marie-Claude n'est, elle aussi, guère optimiste : « Franchement, se lancer dans l'agriculture maintenant et surtout dans l'élevage avec la nouvelle Pac », toujours plus « écolo » !
« Rester éleveur par passion, jusqu'à quand ? »
Quant à "vouloir laisser quelque chose à ses enfants", comme pensent certains agriculteurs, ils « auront peut-être d'autres vocations », suggère Denis.
« Vu la conjoncture, ça risque d'être plutôt des dettes », ironise Régis.
« Travailler dur pour rien, autant laisser tomber et se trouver un employeur », recommande plutôt Jean-Baptiste.
« Nos anciens, il y a 50 ou 60 ans, travaillaient de manière économique. Nous pourrions largement nous en inspirer en 2022 », préconise Éric.
Laisser à ses enfants une ferme, ou des dettes...
Ce n'est pas du tout l'opinion de Yolaine, qui témoigne : « Il y a 50 ou 60 ans, nous commencions notre installation en reprise familiale et c'était loin d'être aussi compliqué qu'aujourd'hui. Nous avions moins de charges, moins de taxes, moins d'obligations sanitaires, environnementales, salariales et administratives. Les financements bancaires étaient également plus accessibles. Deux mondes complètement différents, nous ne pouvons pas comparer. Était ce mieux ou pas ? Je ne sais pas. En 1960, c'était plus de liberté, mais moins bien pour l'environnement et le sanitaire. En 2022, c'est beaucoup mieux pour l'environnement, le salariat et le sanitaire mais avec beaucoup moins de liberté. Heureusement, les éleveurs sont passionnés mais, soyons-en bien conscients, cela ne sera pas suffisant pour préserver l'élevage en France. »
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