Jérôme et Fabien Chevalier se sont installés il y a six ans et cherchent à produire un maximum de lait par vache. Ils y parviennent grâce à un suivi régulier, au soutien d’un technicien de Terrena pour la conduite et à l’apport d’un grand confort pour les animaux.
L’exploitation
- À Puceul (Loire-Atlantique)
- Gaec entre deux frères
- 120 vaches traites
- 16 200 kg de lait par vache à 44,2 de TB et 34,6 de TP
- 200 ha, dont 80 en maïs (ensilage 60), 55 en blé, 20 en orge et 45 en prairies
- 1,7 Ml de lait livré
«Nous voulons produire un maximum de lait avec un minimum de vaches de façon à maîtriser la charge de travail », lance Jérôme Chevalier, éleveur en Loire- Atlantique. Associé avec son frère Fabien, il partage avec lui cette envie de gagner sa vie avec le lait tout en préservant sa vie de famille. Installés en 2018, les deux frères sont très satisfaits de leur niveau de prélèvements privés. Ils travaillent chacun un week-end sur deux (du samedi midi au lundi matin) et, tous les matins, ils quittent la ferme entre 8 et 9 heures pour s’occuper de leurs enfants.

Ils prennent également deux semaines de vacances par an. Leurs journées de travail commencent vers 6 h 30 et s’achèvent à 18 heures. Cette organisation obtenue en quelques années est le fruit d’une logique axée sur la productivité des animaux. Pourtant, quand les deux frères se sont installés, les 80 laitières produisaient à peine 30 kg de lait/jour et l’exploitation disposait d’une référence de 700 000 litres. Les vaches étaient nourries en ration complète à l’aide d’un robot d’alimentation. Elles pâturaient un peu. « Nous n’avons que 8 hectares de prairie accessibles. Pour aller plus loin, il faut traverser une route », précise Fabien.
Agrandissement du bâtiment
La laiterie Terrena leur a accordé un volume de lait supplémentaire et ils ont repris la ferme de leurs parents en plus. La référence est ainsi montée à 1,8 Ml de lait. Le bâtiment, qui datait de 1999, comprenait une table d’alimentation et deux rangées de logettes. Sa largeur était suffisante pour en ajouter une troisième. « On a rallongé le bâtiment de 6 mètres, enlevé le bardage qui fermait dans le sens de la longueur et installé un auvent qui protège la table d’alimentation », explique Fabien. Ils disposent désormais de 100 places à l’auge et de 135 logettes.

Pour monter en puissance, il fallait aussi augmenter le cheptel et les éleveurs ne souhaitaient pas acheter d’animaux. Ils se sont très vite concentrés sur l’élevage des génisses. « On avait besoin de renouvellement mais il fallait limiter les immobilisations car cela a un impact sur la trésorerie », relate Jérôme. Ils ont donc revu la conduite des génisses (lire l’encadré page 33) de façon à faire entrer rapidement de nouvelles femelles dans le troupeau. Aujourd’hui, ils ont atteint l’objectif de 120 vaches à la traite et l’âge au premier vêlage s’établit à 23,1 mois.
Préparation au vêlage et complémentation individuelle
Dès la première année, les jeunes éleveurs ont commencé à travailler avec leur coopérative Terrena pour améliorer la conduite des animaux afin d’augmenter la production. Ils ont mis en place une préparation au vêlage et amélioré le niveau énergétique de la ration. Ils y ont aussi ajouté des matières grasses. Ainsi, lorsqu’ils ont installé deux robots de traite en 2022, la productivité des vaches était déjà montée à 36 kg de lait à 43 de TB et 33 de TP. Un nouveau cap a été franchi depuis. Le robot a permis d’apporter une complémentation individuelle sous forme de correcteur azoté et d’aliment de production. La ration de base a été enrichie avec des acides aminés.

Les éleveurs ont abandonné le pâturage et sont passés à 3,3 traites par jour. « Aujourd’hui, les vaches produisent 1,85 kg de lait pour 1 kg de MS ingérée, détaille Julien Gaultier, responsable technique chez Terrena en charge du suivi de cet élevage. C’était 1,2 en 2020. »

Ces chiffres, comme les suivants, correspondent à des moyennes sur douze mois. La ration (voir l’infographie) est réajustée si nécessaire en fonction de la qualité des fourrages qui est analysée tous les deux mois. Comme elle est distribuée par le robot plusieurs fois par jour, elle est toujours disponible. Les éleveurs sont très attentifs et passent du temps à observer les animaux. Ils délèguent une partie des travaux culturaux pour être présents auprès d’eux. « Dès qu’on a l’impression que ça se dégrade, on appelle Julien. Il est devenu notre troisième associé », raconte Jérôme en souriant.
Une conduite stricte de la reproduction
Il ajoute que la conduite du troupeau est aujourd’hui beaucoup plus sévère sur la reproduction. Pour maintenir un mois moyen de lactation stable – 155 jours aujourd’hui, contre 210 il y a cinq ans –, le Gaec vise 12 vêlages par mois, dont 8 de multipares. Toutes les vaches sont fouillées de 60 à 70 jours après le vêlage pour vérifier l’involution utérine. Si nécessaire, elles reçoivent des traitements hormonaux.
La première insémination est pratiquée en moyenne à 65 jours pour les vaches. 97 % d’entre elles sont inséminées avant 90 jours et l’IA fécondante survient en moyenne à 104 jours. L’intervalle entre deux vêlages s’établit à 372 jours. Les taries reçoivent une ration spécifique durant quatre semaines pour les vaches, six pour les génisses. Elles non plus ne pâturent pas. « On acidifie la ration dans le but de prévenir l’acétonémie et de gérer l’immunité pendant le tarissement tout en favorisant la vitesse du démarrage de lactation », précise Julien.
La ration se compose d’ensilage de maïs, de paille, de correcteur azoté et de minéral spécifique à l’élevage. Les pics de lactation atteignent 58 kg pour les multipares et 42,3 pour les primipares. Afin d’obtenir et de maintenir ce niveau, les éleveurs n’ont pas hésité à investir dans le confort des animaux : matelas à eau dans les logettes, arrêtoirs souples (boudins) à l’avant des logettes, tapis de caoutchouc sur les aires d’exercice, brosses, système de nettoyage et désinfection des pieds en sortie de robot. Il n’y a pas de problème de jarret dans le troupeau, les vaches se déplacent bien. Le pareur vient tous les deux mois et s’occupe systématiquement des taries et, éventuellement, de quelques vaches choisies par les éleveurs. L’ambiance du bâtiment est bonne. L’ouverture pratiquée devant la table d’alimentation est équipée d’un filet brise-vent automatique piloté en fonction de la température, de l’humidité et de la vitesse du vent.
Ventilateurs et douches
Cinq ventilateurs ont été installés. Des capteurs mesurent le THI (indicateur de stress thermique) en continu et pilotent la ventilation. Des douches ont été posées au niveau de la table d’alimentation. Elles se déclenchent pendant quarante-cinq secondes toutes les dix minutes dès que la température atteint 25 °C. « Elles rafraîchissent vraiment les vaches, mieux qu’une brumisation, et l’ouverture permet l’évacuation de l’humidité », constate Fabien. Installées depuis 2022, elles sont efficaces, selon les éleveurs, pour limiter les chutes de production en cas de forte chaleur.

Les deux frères, satisfaits de leurs conditions de travail et des résultats, souhaitent maintenir ce niveau élevé de production et la rentabilité qui l’accompagne. « On paie 2 500 €/mois pour la maintenance. Mais nos résultats économiques le permettent et on a la qualité de service dont on a besoin. » Ils disposent encore d’une marge sur la sélection des animaux. Jusque-là, ils n’ont pas pu les trier car il fallait assurer la croissance du troupeau. Désormais, ils vont pouvoir choisir leur renouvellement. Les vaches lentes à la traite, par exemple, vont laisser la place aux plus jeunes.

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