Les systèmes robot de traite redeviennent plus compétitifs que les salles de traite

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Robot de traite Delaval
Le résultat courant des exploitations équipées de robot est en progression de 8 000 € sur un an, alors que qu’il est en recul d’autant dans les élevages en salle de traite. (©Terre-net Média)

Les élevages avec robot de traite redeviennent plus compétitifs que ceux équipés de salle de traite, selon le dernier Observatoire robot de l’Atelier des études (CerFrance). Principale raison, une meilleure maîtrise des charges notamment alimentaires.

Il y a un an, à la publication de l’Observatoire annuel de l’Atelier des études, les éleveurs équipés de robot de traite avaient pu se faire quelques frayeurs. Les systèmes robot, fortement impactés par la hausse des intrants, étaient moins compétitifs économiquement que les ceux avec salle de traite, en dépit d’une productivité plus élevée. La dernière version de ce baromètre annuel, qui vient de paraître, annonce des résultats tout à fait différents, pour les données de l’année 2024 qu’il analyse. Cette fois, les élevages en système robot affichent de meilleurs résultats économiques. Les vaches traites au robot ont une meilleure compétitivité sur les charges opérationnelles.

L’étude porte sur un large échantillon de près de 1 000 exploitations du Grand Ouest de la France, le même d’une année sur l’autre.

Meilleure maîtrise des charges

Le prix de revient en système robot a diminué de 4 % par rapport à la campagne précédente pour s’établir en moyenne à 452 €/1 000 litres de lait produits. En un an, on observe une augmentation significative de 25 % des exploitations robotisées qui ont un prix de vente supérieur à leur prix de revient.

« Les systèmes robot ont su maîtriser beaucoup mieux leurs charges que les systèmes salle de traite, notamment au niveau de l’alimentation », analyse Laurine Neumann, qui a mené l’étude. Ces charges ont diminué de 13 % par rapport à 2023, alors qu’elles n’ont baissé que de 5 % pour les élevages en salle de traite. Les élevages en système robot ont la capacité d’adapter finement la ration selon les résultats de chaque vache. En salle de traite, à l’inverse, la ration est la même pour toutes. Les systèmes salle de traite ont par ailleurs dû acheter davantage de fourrage en raison de la sécheresse.

Les exploitations équipées de robot continuent de produire davantage de lait par hectare de surface fourragère principale (SFP). L’avantage moyen est de + 18 %. Le volume de lait/SFP a d’ailleurs progressé de 7 % depuis l’an dernier.

Les vaches produisent davantage en traite robotisée, ce n’est pas nouveau, le différentiel est d’environ 1 000 litres par animal. Les vaches en salle de traite produisant moins, leurs taux sont meilleurs, ce qui explique un prix de vente un peu plus élevé (+ 2 %).

Robot de traite vs salle de traite

Robot de traiteSalle de traite

Qté de lait/vache

8 700 l.

7 700 l.

Coût alimentaire

168€/1000l. (-13% vs 2023)

164€/1000l. (-5% vs 2023)

Prix de revient du lait

452€/1000l. (-8%)

452€/1000l. (+1%)

Prix de vente du lait

485€/1000l. (+2%)

493€/1000l. (+2%)

Revenu disponible/UTAF

44 900€/1000l. (+ 2 %)

42 400€/1000l. (-16 %)

Le résultat courant des exploitations équipées de robot est en progression de 8 000 € sur un an, alors qu'il est en recul d’autant dans les élevages en salle de traite. Les courbes se croisent. « Les systèmes en salle de traite ont été beaucoup plus impactés sur la partie cultures, mais je ne sais pas expliquer pourquoi, s’interroge Laurine Neumann. Est-ce que c’est une question de temps de travail, qu’ils ont loupé des traitements faute de main-d’œuvre, par exemple parce qu’ils étaient occupés en salle de traite ? C’est une simple hypothèse. » Ces écarts en tout cas soulignent « la capacité des systèmes robotisés à mieux absorber les évolutions de charges et de marché ».

Quant au revenu disponible par UTAF, là aussi les courbes se croisent. Il est désormais de 44 900€ en système robot, en hausse de 14 %.

Et les systèmes les plus extensifs ?

Jusque-là, le match robot/salle de traite était serré, l’avantage basculait d’un côté ou de l’autre selon les années. Mais il semble qu’une tendance soit en train d’émerger, à l’avantage des systèmes robots. C’est en tout cas ce que semble observer sur le terrain Laurine Neumann, référente élevage au CerFrance : « J’ai des clients qui étaient en salle de traite et qui sont passés en robot depuis un ou deux ans et si on analyse leurs résultats, hors charges d’annuités, amortissements et frais bancaires, on s’aperçoit qu’ils ont gagné en compétitivité, et cela leur permet de se dégager du temps pour leurs cultures ou leur atelier veaux. » Est-ce à dire qu’il faut forcément passer au robot, si la salle de traite est en fin de vie ? « Oui », tranche Laurine Neumann, sans détour. « Le robot permet d’adapter la ration par vache et de réaliser des gains de productivité. Si les salles de traite maintiennent leurs coûts actuels, même si le prix du lait diminue, les systèmes robots seront encore plus compétitifs parce qu’ils produisent plus de lait, ce qui permet des économies d’échelle. »

Reste toutefois un biais : ici, les élevages en système salle de traite de l’échantillon ont un profil assez proche de ceux qui sont robotisés : intensifs, avec un chargement d’1,7 UGB/ha. Les animaux ne pâturent quasiment pas.

Les systèmes extensifs avec des charges très réduites auraient-ils intérêt à passer au robot ? « Pour les élevages qui font du lait à l’herbe, pour moi, ce n’est pas judicieux de passer au robot », estime Laurine Neumann. La compétitivité d’un système salle de traite par rapport au robot repose finalement peut-être sur l’autonomie fourragère.

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