D'ici 2030 : la France va perdre 1,3 million de vaches et... tous ses éleveurs !

Paroles de lecteur décapitalisation du cheptel bovin
Votre avis sur la décapitalisation du cheptel bovin d'ici 2030 ? Et sur la défiscalisation annoncée par Bruno Le Maire ? Exprimez-vous en déposant un commentaire ! (©Terre-net Média)

La décapitalisation du cheptel bovin se poursuit et « si l'on ne fait rien, la France perdra 1,3 million de vaches d'ici 2023 », titrait un article sur Web-agri il y a peu. Un titre qui fait consensus chez les lecteurs. Et selon eux, la défiscalisation de 150 €/animal, annoncée au Sommet de l'élevage, n'y changera rien.

"Si l'on ne fait rien, la France perdra 1,3 million de vaches d'ici 2030" : Terminé est complètement d'accord avec le titre de l'article. « Évidemment, l'élevage va disparaître, et ce n'est pas si on ne fait rien, c'est une volonté politique ! (...) C'est acquis !! (...) Aujourd'hui, tout projet est impossible avec des citoyens anti élevage mais qui achètent, au moins cher, les produits importés produits dans de moins bonnes conditions !!! (…) »

« Toutes les productions sont menacées, pas seulement les bovins, car l'ensemble des acteurs des filières gagnent leur vie, à part les éleveurs, renchérit Ap. « Faut pas croire qu'on va bosser comme des fous pendant que le reste de la société s'amuse et nous critique », ajoute-t-il.

« L'élevage va disparaître, c'est acquis ! »

ptilaitier est « 100 % » de l'avis de @Terminé. « Là où ces bourricots de politiques se trompent, c'est qu'ils croient que les importations à bas coûts sont une solution durable, complète-t-il. Or le marché mondial et les tensions géopolitiques tout azimut démontent tous les jours ce raisonnement. Les pays sainement gouvernés (type Canada) vont prioriser leur population et il nous restera les miettes, de la viande de très mauvaise qualité, des céréales infestées d'insectes, etc., et à un prix du niveau de l'electricité et du gaz. »

Une volonté politique.

« Le bon sens aurait voulu qu'on conserve nos filières animales nationales en bon état, analyse-t-il. Au lieu de cela, on se perd dans de faux débats liés aux attentes sociétales, à la décarbonation... On raisonne sous le prisme de l'abondance – pour quelque temps encore – alors qu'il faudrait raisonner sous celui de la rareté et la cherté des futurs produits animaux. »

daniel rétorque, ironique : « Tant mieux ! Avec moins d'offre et plus de demande, les prix vont augmenter. Bientôt le kilo de bœuf sera entre 7 et 10 € !! Faut encore qu'on tienne le coup d'ici là... »

Hausse des charges, sécheresse à répétition...

Jo, répondant à @daniel : « Je le souhaite, mais ne t'inquiètes pas, ça n'arrivera pas, nos ministres bloqueront les prix. (...) Un État en faillite et la bouffe pas cher tiennent la paix sociale. (...) Ils le font déjà par derrière en demandant à la grande distribution des baisses de prix, impactant par conséquent le revenu des éleveurs. (...) »

Romain incrimine la hausse des coûts pour les éleveurs : « C'est tout pour notre g... La prophylaxie est obligatoire et il faut qu'on la paie ; le bien-être animal, c'est sociétal et c'est encore une fois à nous de payer (…). » « Nos charges ont explosé, insiste-t-il citant en exemple les clôtures, qui « reviennent à 3 € le mètre » alors qu'il doit « entretenir plus de 30 km ». « Ce n'est pas jouable, chacun sait que la rentabilité en vaches allaitantes passe par le pâturage... (...) », regrette-t-il.

Tout est réuni pour que la décapitalisation s'aggrave.

steph72 rappelle que « lors de la sécheresse de 2020, beaucoup de bovins ont été vendus, afin d'acheter de l'aliment pour le reste du troupeau, mais à bas prix ». « L'aval en a bien profité », souligne-t-il. « Le lait également est payé en dessous du coût de production, et avec les aides animales en baisse, tout est réuni pour que la décapitalisation s'amplifie », estime-t-il. 

Prix bas, réformes Pac et baisse des aides...

Il considère que « les industriels ont une grande part de responsabilité, ils n'ont pas ecouté les producteurs leur dire que les prix étaient insuffisants pour rémunérer leur travail. Ils sont complètement coupés des réalités, ils ont besoin des éleveurs mais les exploitent, il n'y a que l'appât du gain immédiat qui les motive. »

Les industriels ont une grande part de responsabilité.

« Tout simplement les conséquences des différentes réformes de la Pac en défaveur de l'élevage !, enchaîne Nn. Pourquoi les aides animales sont-elles plafonnées et pas les DPB ?? (...) »

« Si l'industrie et la grande distribution rémunéraient mieux les éleveurs, il y en aurait plus », résume Clémence.

« Engraisser les broutards en France ? »

Face à la décapitalisation du cheptel allaitant français, certains prônent de redévelopper l'engraissement des broutards en France.

Éleveur63 est dubitatif : « Engraisser les broutards en France ? Comment les engraisseurs français vont-ils pouvoir se mettre au niveau des acheteurs italiens question prix ? » « J’aimerais bien le savoir !, réplique-t-il de suite. Ou alors il faudrait une volonté politique, avec une prime à l'engraissement (...). Depuis 30 ans, heureusement qu’on a les Italiens pour engraisser nos animaux. Donc se passer d’eux du jour au lendemain, bof... »

Marus acquiesce, ironisant : « (…) Plus facile de vendre les broutards aux Italiens... Nous sommes perdus sans eux. Ils rigolent...» Il poursuit : « ils font de belles plus-values sur le dos des éleveurs français. Ils engraissent, transforment et nous vendent rôtis, escalopes, steaks. En France, nous ne connaissons pas les plus-values. C'est quoi ce mot : "plus-value" ? (…) »

« Dépendre toujours plus des importations »

L'élevage n'aura « (…) d'avenir que par les prix du lait et de la viande », selon Jean. « Pas d'aide, de subventions, ni plan à la c... Du lait à 600 €/t pour les producteurs (...). Même si le litre est à 2 € en rayon, ce n'est pas notre problème. »

« Bientôt les rayons seront vides, on va rigoler », prévient Jean-Baptiste.

« Parler de sauver la souveraineté alimentaire alors que depuis 20 ans, nous sommes dépendants d'importations de produits animaux !!?? », s'énerve Bouboule. Il rejoint les commentaires précédents : « (...) Les éleveurs ont compris depuis longtemps qu'on ne pouvait pas gagner sa vie en faisant ce dur métier, et ils jettent l'éponge quand les prêts se terminent. »

Momo témoigne en ce sens : « Ça va faire dix ans que je suis installé, j'ai encore quelques prêts sur le dos mais à mesure qu'ils diminuent, le cheptel se réduit aussi (…). » Il envisage « une diminution d'environ 50 % avec un passage en système tout herbe ». « Je vais gagner moins mais dépenser beaucoup moins également, et je ne pense pas que je serai plus malheureux », argumente-t-il.

« Provision inflation = cadeau empoissonné »

Quant à l'aide annoncée par Bruno Le Maire, au Sommet de l'élevage – une « provision inflation » de 150 € par bovin immobilisé –, elle semble dérisoire à beaucoup de lecteurs.

Certes, Oli86 trouve qu'il « ne faut pas cracher dans la soupe, et que ce cadeau social et fiscal est significatif ». Mais il précise qu'il « ne facilitera ni la transmission des élevages bovins, ni l'installation des jeunes éleveurs ».

steph72, lui, se « méfie des cadeaux empoisonnés », craignant « une augmentation des charges derrière, comme pour la détaxation du GNR, ou de nouvelles normes ».

Hausse des charges, nouvelles normes... Qu'y a-t-il derrière ?

Gibbs enchaîne avec ironie :  « Alors réjouissez-vous @Oli86 ! C'est bon, les éleveurs bovins sont sauvés. Finalement, il ne manquait pas grand-chose pour leur sortir la tête de l'eau. Alors c'était quoi tout ce tapage que vous faisiez ces derniers temps ??!! »

Momo sur le même ton : « Ah cool, je réserve de suite trois semaines à la neige à Courchevel !!! » Avant d'en reprendre un plus sérieux : « C'est quoi cette aide ?? La valeur du cheptel a augmenté de 30 % et on nous sort 150 balles de non-imposition par bête !! (...) »

Charolaise calcule : « 15 000 € divisé par 6 années, divisé par 100 bêtes, cela fait 25 €/animal/an avec obligation de les garder 6 ans ». Sa conclusion : « Eh ben le mec, il est venu au salon avec rien dans la valise ! »

Ou « un pansement sur une jambe de bois »

steph72 ne croit pas non plus que la défiscalisation du cheptel freinera la décapitalisation. « Il faut juste que la viande et le lait soient mieux payés », répète-t-il.

Autrement dit par Nn : « Un pansement sur une jambe de bois ! » « Comment croire à un ministre qui a soldé la filière laitière quand il était en poste à l'agriculture ?, s'interroge ce lecteur. C'est lui qui a appuyé sur la tête des éleveurs avec la fin des quotas laitiers ! »

Du chantage !

Miloute57 parle de « chantage » puisqu'en contrepartie, il faut conserver tous ses animaux.

De même que daniel, plus crûment : « (…) Un moyen de nous tenir 6 ans par les c... »

bivu partage ces opinions : « Vous avez raison, du chantage, tôt ou tard il faudra payer. » Il préfèrerait « une réduction des cotisations sociales de 25 % comme pour les salariés (...) ».

Et Laurent de conclure, en prenant le cas des bovins viande : « Le mal est fait. Cela a commencé il y a au moins 10 ans. De plus en plus de steaks hachés, de plats cuisinés, des besoins de qualité moindres, beaucoup d'importations quand les réformes laitières ne suffisaient pas, donc un prix toujours tiré vers le bas. »

« Des consommateurs qui ne comprennent et ne connaissent rien, une Pac qui se désengage de la viande bovine, des mesures MAEC qui auraient pu aider mais sont tellement utopiques qu'elle n'ont aucun effet, des formations agricoles qui apprennent à nos jeunes à piloter une entreprise au jour le jour sans aucune vision globale, un manque de soutien des banques... et voilà le résulat ! »

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