Le drenchage, la solution pour réactiver le rumen

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Le drenchage est un geste à s'approprier avec son praticien, pour relancer le métabolisme d'un animal qui ne va pas s'abreuver et s'alimenter spontanément à la suite d'un stress. (©Jerome Pezon / GFA)

Face à une vache qui ne s’alimente pas, l’éleveur infirmier peut pratiquer le drenchage et ainsi relancer le rumen à la suite d’un stress ou assurer le nursing de la vache en relais du vétérinaire.

Le drenchage consiste à administrer oralement des volumes d’eau importants, enrichis d’éléments essentiels, directement dans le rumen de la vache. Parfois utilisée à des fins préventives, cette pratique fait aussi pleinement partie de l’arsenal thérapeutique, visant à relancer le rumen d’un animal malade, rappelle Olivier Crenn, vétérinaire en Mayenne : « L’objectif est de réhydrater et d’apporter des minéraux essentiels. L’apport de ce volume d’eau important va aussi stimuler les muscles du rumen et inciter la vache à manger d’elle-même, pour renforcer ses chances de guérison. Il faut parfois un peu de temps, mais un animal, même couché, qui se remet à manger se remettra progressivement. »

Une pratique préventive et curative

Le praticien incite donc à s’équiper du matériel nécessaire et à se former avec son référent à un geste assez rapide à mettre en œuvre, en respectant certaines précautions. Il s’agit de pouvoir répondre à trois types de situations : en post-vêlage, pour stimuler l’appétit, administrer des sels de calcium en prévention de la fièvre de lait, ou des précurseurs du glucose en traitement curatif de l’acétonémie ; en relais du traitement d’une infection sévère ; et, dans tous les cas, pour soutenir le métabolisme d’une vache qui ne s’alimente pas correctement.

Pour rappel, le principe consiste à apporter de 30 à 40 litres d’eau, correspondant aux besoins d’entretien de la vache laitière pendant vingt-quatre heures. La buvée distribuée entre 30 et 39 °C est enrichie en électrolytes ou osmolytes, des éléments chargés négativement qui vont faciliter le passage de l’eau dans les cellules. Selon la problématique, le drenche peut être enrichi avec divers éléments nutritifs (minéraux, vitamines, oligo- éléments, levures vivantes, précurseurs du glucose…).

Cibler les vaches à risques après le vêlage

L’enjeu est par ailleurs de prévenir l’hypocalcémie et ses conséquences sur l’apparition des principales maladies post-partum, telles que la rétention placentaire, les mammites, la cétose ou la sous-production. Après le vêlage, la vache est déshydratée. C’est une situation normale. C’est pourquoi, la règle consiste à toujours mettre de l’eau à sa disposition sans attendre. Car une vache bien hydratée va aller manger plus facilement et couvrir ses besoins en éléments essentiels.

Ainsi, dans une logique préventive, le drenchage post-vêlage est parfois mis en place de façon systématique, pour garantir cette bonne hydratation, notamment dans les grands troupeaux bénéficiant d’une main-d’œuvre salariée. « En France, ce type de protocole est encore peu développé, pour une question de disponibilité de la main-d’œuvre, souligne Florian Guigui, vétérinaire chez Elanco. Dans ce cas, si le vêlage se passe bien et que l’on observe que la vache va spontanément boire et manger, il n’est pas indispensable de drencher. L’idée consiste à cibler l’intervention sur les vaches à risque : c’est-à-dire les vaches à 3 lactations et plus, davantage sensibles aux fièvres de lait, les vaches trop grasses, celles qui ne vont pas boire après la mise-bas, ou qui ont eu des problèmes métaboliques lors du précédent vêlage. »

Relancer la mobilisation du calcium

À noter que, contrairement aux idées reçues, l’effet préventif attendu sur le retournement de caillette porte à caution. « Il n’est scientifiquement pas démontré, avise Florian Guigui. L’eau va certes occuper l’espace, mais elle va aussi transiter rapidement, rendant l’effet d’un blocage mécanique trop bref. » C’est pourquoi, la vache fraîche vêlée doit avoir accès sans attendre à la ration, avant la première traite.

Au-delà du geste, la qualité du drenche doit être adaptée. En situation de post-vêlage, il doit apporter des éléments chargés négativement, des minéraux et en premier lieu du calcium, pour la prévention de la fièvre de lait et le renforcement des défenses immunitaires, du potassium en grande quantité, voire du magnésium, pour aider à l’absorption du calcium. Selon les formules, on retrouve des acides aminés, pour renforcer le fonctionnement hépatique, des vitamines (D, B12), et des additifs comme les levures vivantes, pour stimuler la digestion en situation de transition alimentaire, ou encore des probiotiques. Chaque fabricant a sa formule. Olivier Crenn recommande le choix de gammes vétérinaires et met en garde contre certaines formules maison contenant parfois de la poudre de lait « inutile » et surtout du bicarbonate : « Immédiatement après le vêlage, l’objectif est d’administrer un soluté à Baca négative, pour faciliter la mobilisation du calcium de façon temporaire. »

Drainer les toxines en cas d’infections aiguës

Le drenchage peut ensuite s’appliquer après toute situation de stress, associée à une baisse de l’abreuvement, de l’ingestion et de la rumination, en complément de la perfusion, ou en remplacement : traitement de l’hypocalcémie, de la cétose (voir l’encadré), après un retournement de caillette. « C’est un geste plus facile et plus rapide à mettre en œuvre que la perfusion, indique Florian Guigui. Comparé au bolus, le sachet à dissoudre de 500 g laisse la possibilité d’intégrer davantage d’éléments visant à soutenir l’immunité. »

Le principe s’applique à tout type de maladies infectieuses : mammite sévère, diarrhée aiguë, voire métrite aiguë. Le cas classique est la mammite de type colibacillaire, avec un relargage de toxines dans le sang. La réhydratation va permettre de drainer les toxines, avec un soluté enrichi en minéraux (principalement du calcium), pour soutenir le système inflammatoire. Souvent le vétérinaire va perfuser et l’éleveur va drencher, parfois pendant deux à trois jours, tant que l’état de la vache ne s’améliore pas.

Possibilité d’intervenir sur vache couchée

Dans le cadre du suivi du troupeau, l’idée est de se former aux bons gestes avec son vétérinaire. Une pompe à drencher manuelle coûte environ entre 350 à 500 € et une pompe à drencher électrique de 700 à 800 €. Olivier Crenn recommande de préférence un kit doté d’une sonde en Inox, plus facile à nettoyer et à désinfecter efficacement que les matières plastiques. La limite pour l’éleveur est le drenchage de la vache couchée, souvent déconseillé en raison d’un rumen sous pression. « Sur une vache couchée normalement en décubitus sternal, c’est-à-dire sur le ventre et le thorax, encore alerte, il n’y a pas de contre-indication à drencher. En revanche, une vache en état de mammite toxémique, couchée en décubitus latéral, on ne touche pas », prévient le praticien.

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