Produire plus de lait par vache, « pas si rentable ! »

Et vous, quel est votre avis ? Réagissez à cet article. (©Terre-net Média)
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Prix du lait insuffisant, explosion des charges, des intrants notamment comme le concentré : selon les lecteurs de Web-agri, faire plus de lait par vache ne semble pas être « un objectif rentable », contrairement à ce qu'expliquait un article paru cette semaine.

Manuel oppose « le litrage limitant chez certaines laiteries ».

Stanislas, lui, se demande si c'est « rentable » d'augmenter la production par vache, avec le prix du lait qui « a baissé de 10 centimes ». « Ça dépend des exploitations », juge-t-il. « Vu l'explosion des charges depuis deux ans (...), le lait devrait être effectivement payé 550 €/t, poursuit ce lecteur », avant de conclure : « Si produire plus de lait était rentable, il y aurait davantage d'installations en production laitière. »

« Pas au prix du lait actuel »

« Du lait à 550 €/t, c'est dans un autre pays, pas en France ! », enchaîne steph72.

« (...) Où le lait est-il payé 550 € ?? », insiste Patrice.

Il devrait effectivement être à 550 €/t !

Julien estime « (...) qu'augmenter la production/vache est économique et rentable sur l'ensemble d'une carrière, pas sur une lactation ». Il s'explique : « Tu diminues ta marge même si tu produis plus parce que tu achètes davantage d'intrants, alors t'es perdant. » « (...) Un système qui favorise les industries laitières, pas les producteurs (...) », résume ce lecteur.

Sébastien n'est pas d'accord : « (...) Investir 1 €, si tu gagnes 1,50 €, c'est rentable. », Pour cela, il préconise de « sortir le plus de lait possible sur le moins d'hectares de surface fourragère (SFP) ». 

« Et au prix des intrants ? »

« À n'importe quel prix ? », rétorque Julien, qui développe : « En augmentant le volume d'intrants, tu rajoutes de la fluctuation, en espérant que t'arrives à équilibrer la ration... Et tu parles d'augmenter la production/ha, donc on est loin de la désintensification. (...) » « Ça m'étonnerait que les producteurs baissent le nombre de vaches, à moins qu'ils soient en galère de stocks comme par chez nous. Quand un conseiller leur dit de produire plus, la plupart augmentent le nombre de vaches, ajoute-t-il. Et si on augmente la production/vache, elles produisent moins longtemps en général. Faut arrêter de mélanger production et rentabilité. »

Gilles s'interroge également : « Est-ce rentable de maximiser la quantité en achetant des intrants très cher ? »

Arrêtons de mélanger production et rentabilité.

Yann revient sur le prix du lait : « Vous croyez que diminuer la production laitière française le fera monter ? Ça ferait le bonheur de nos voisins par contre... »

Léo craint, au contraire, que « (...) conseiller de produire plus entraîne rapidement un engorgement du marché laitier et une baisse du prix du lait ».

« Moins de boulot par contre »

Pour Pierre, « qui dit plus de lait par vache, dit moins de vache et des vaches plus rentables. Et à l'occasion, moins de boulot... »

« Faut pas oublier le gain de confort, renchérit Yann. (...) Moins de génisses de renouvellement à élever, un meilleur suivi, etc. ». Il prévient cependant : « une fois de plus, tout dépend du système... » Et complète : « (...) Si je peux faire avec 70 VL ce que je faisais avec 80, c'est forcément positif, surtout lorsque le chargement est un peu élevé. »

Gilles avance un autre contre-argument à l'augmentation de production/vache : « Le coût de production des derniers litres de lait est toujours plus important, d'où une rentabilité moindre. »

Si avec 70 VL, je peux faire ce que je faisais avec 80...

Yann suggère de « travailler plutôt la qualité des fourrages pour aller chercher les derniers litres, les concentrés ayant peu d'impact en comparaison ».

steph72 n'est pas de cet avis : « (...) Sauf que le maïs 2022 est de qualité moyenne, il est sec et sans beaucoup d'amidon ni protéines. ». Résultat : « très souvent 2 l de lait en moins par vache, voire plus. (...) » 

Des chiffres qui vous interpellent

Selon Bouboule, « ce qui compte, ce n’est pas le volume de lait par vache ou par hectare de SFP, c’est l’EBE/ha de SAU qui doit être compris entre 600 et 1 000 € ». Il témoigne : « 800 € de salaire/VL, on y est déjà en système économe, autonome et pâturant avec des vaches à 5 500 l, avec un prix du lait 2022 TPC à 484 €, parce qu’on n'achète pas d’aliment. »

L'important, ce qu'il reste à la fin du mois.

Erwan évoque le coût alimentaire, « 140 €/1 000 l (pour une production de 25 l de lait, soit  2 l supplémentaires, avec 2 kg de concentrés à 380 €/t) comme indiqué dans l'article) ». « Ça commence à faire haut... », pense-t-il, « préférant faire moins de lait/VL et mieux marger », car « ce qui compte, ce n'est pas de produire plus de lait que le voisin, mais ce qu'il reste à la fin du mois ».

« Ce type d'analyse peut être intéressante, c'est bien de se poser ce genre de questions, commente db42, remettant toutefois en question « les chiffres ». « Qui aujourd'hui, en lait conventionnel, est payé 550 €/1 000 l ? Je ne suis pas acheteur de concentré VL, mais est-il vraiment possible d'en trouver à 380 €/t ? Si on enlève 50 € d'un côté et qu'on en rajoute 50 de l'autre, l'équation n'a peut être plus autant d'intérêt. »

« Plutôt viser l'autonomie »

Quant à Lau, il considère que « (...) tous les éleveurs savent que la production laitière supplémentaire est très intéressante quand le prix est élevé, à condition d'être autonome et très technique, et sans acheter des intrants qui rapportent aux fournisseurs... » « Encore faut-il mettre les moyens en place assez tôt, l'embellie étant souvent de courte durée », nuance-t-il, avant de lancer : « Tous les ingénieurs conseillers feraient mieux de s'installer en élevage laitier, on manque de bras dans le métier mais le confort du travail n'est pas le même... »

Il n'y a pas de règle, car tellement de systèmes différents.

mitch43 reprend : « (...) Conseillers en élevage, installez-vous, reprenez toutes ces fermes laitières sans successeur et l'avenir de l'élevage laitier sera assuré... »

Suivi d'Alex50 : « Si tous les conseillers s'installaient, il n'y aurait pas de problème de renouvellement des générations en élevage ! »

Sylvain invite les éleveurs à « prendre leur calculatrice et compter ». « Il n'y a pas de règle, et tellement de systèmes différents, avec robot où pas, herbe à proximité ou non des bâtiments, en fonction de la nature des sols, de la main d'œuvre... », justifie-t-il.

Ludovic, en guise de conclusion : « De toute façon, on peut très facilement mettre tout le monde d'accord. On n'a jamais autant produit de litres par vache que maintenant et les producteurs laitiers n'ont jamais été aussi endettés alors chacun pourra en tirer les enseignements qu'il veut. Mais à force de toujours croire qu'on fait mieux que le voisin, on finit par tomber sur quelqu'un qui fait mieux que soi... »

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