D’après l’Institut de l’élevage, 46 % des émissions d’ammoniac de l’élevage bovin se produisent au niveau du bâtiment et du stockage des déjections. L’une des solutions réside dans la mise au point de nouveaux revêtements de sols associant confort de circulation des vaches et drainage efficace des urines.
Au Gaec du Roseau, l’installation de Guillaume Viavant, en 2016, aux côtés d’Hubert Ploteau, a entraîné un agrandissement couplé à l’arrivée de deux robots de traite. Les logettes paillées ont été remplacées par des logettes avec matelas et paille broyée. Et les éleveurs sont passés d’un système fumier à un système lisier. Les vaches circulent sur du béton rainuré (partie ancienne) ou scarifié (partie neuve) mais font face à de nombreuses glissades. « Nous perdions dix à quinze animaux par an en raison de fractures qui se terminaient en général par une euthanasie, indique Guillaume Viavant. C’était une perte sèche. » Les éleveurs entendent parler des tapis en caoutchouc Magellan de la société Bioret, leur fournisseur de matelas. Après avoir visité plusieurs installations où les résultats sont concluants, ils décident de s’équiper en 2024. « Nous avons investi 95 000 € sur quinze ans, soit la durée de garantie, déclare Guillaume Viavant. Cela est rentable grâce à la disparition totale des glissades. » Le coût des tapis représente 85 000 € auxquels les éleveurs ont ajouté 10 000 € pour raboter la hauteur des passages entre logettes de 20-25 cm à 10-12 cm.
Moins 38 % d’émissions d’ammoniac
D’après le fabricant Bioret, les tapis en caoutchouc Magellan améliorent le confort de circulation et la sécurité des vaches, tout en apportant des bénéfices sanitaires grâce aux rainures de drainage. En limitant le contact entre urines et bouses, celles-ci permettraient de réduire la formation d’ammoniac tout en aidant à prévenir les boiteries et dermatites. Pour apporter une caution scientifique à ces arguments, Bioret a commandé une étude auprès de l’Inrae et de l’Institut de l’élevage, en conditions réelles au Gaec du Roseau. Deux journées de mesures ont été réalisées en 2024, avant et après l’installation des tapis : à différents endroits du bâtiment, à deux hauteurs (près du sol et à hauteur d’animal), avant et après le passage du racleur. Les résultats montrent une réduction globale des émissions d’ammoniac de 38 %.
Cette diminution est plus marquée à hauteur des animaux (- 63 % à deux mètres du sol, contre - 25 % à 50 cm du sol), ce qui contribue à améliorer l’ambiance du bâtiment. Enfin, après raclage, alors que les émissions augmentent sur un sol béton, elles diminuent dans le cas des revêtements Magellan.
Après un an d’utilisation, les associés du Gaec du Roseau constatent que la suppression du risque de glissades rend leur troupeau plus calme, moins stressé. Les urines étant drainées dans les rainures, il y a moins d’humidité sur les sols. « Le confort de travail est meilleur pour nous aussi », se félicite Guillaume Viavant. Concernant les dermatites et les boiteries, elles n’ont pas disparu, mais sont mieux maîtrisées. Les éleveurs ont arrêté les traitements qu’ils pulvérisaient une fois par semaine sur les pattes arrière de tout le troupeau.
Pour ce qui est des inconvénients, le confort des tapis incite certaines vaches, notamment les plus jeunes, à s’y coucher et, par conséquent, à se salir.
Réguler davantage la pousse des onglons
« Il faudrait que nous prenions le temps de bloquer ces vaches dans une logette le soir, le temps qu’elles s’habituent », suggère Guillaume Viavant. Les tapis ont également un impact sur l’usure des onglons. « Le pareur vient une fois tous les deux mois pour une trentaine de vaches, explique l’éleveur. Avant, il faisait surtout des soins curatifs : des pansements, des talonnettes. Aujourd’hui, il fait surtout de la prévention en taillant les onglons. Pour certaines vaches, il faudra sans doute faire intervenir le pareur plus souvent pour réguler la pousse des onglons. »
Quant aux émissions d’ammoniac, bien qu’elles soient réduites dans le bâtiment d’élevage, reste quand même pour les éleveurs la question du mélange des urines, bouses et pailles broyées au niveau de la préfosse. Une pompe hacheuse y est actionnée en circuit fermé, ou ouvert en direction de la fosse de stockage. Dans la fosse, le lisier est brassé trois fois par an à l’aide d’un malaxeur, afin d’être homogénéisé puis épandu avec une tonne équipée de pendillards. « Nous n’avons pas encore le système parfait permettant d’éviter les émissions au niveau des fosses », reconnaît Guillaume Viavant.
Un prototype de séparateur d’urines et bouses
C’est pourquoi, Bioret travaille désormais sur un prototype nommé « Delta X » dont l’objectif est de séparer les urines des bouses jusqu’au stockage afin d’éviter la formation de lisier et les émissions d’ammoniac. Cette innovation a reçu une médaille d’argent au salon EuroTier en 2021. À noter aussi, deux médailles d’argent à EuroTier en 2024 : l’une pour le fabricant Kraiburg et son tapis espaFLEX permettant l’écoulement rapide des urines ; l’autre pour la technologie Atmowell d’application via un robot de nettoyage, d’un inhibiteur d’uréase sur les surfaces de circulation des étables.
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