Robot de traite : promesse de libération des contraintes temporelles

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vache prim holstein en stabulation avec robot de traite
Malgré une légère diminution du temps de travail, « le sentiment d’être débordé se maintient que les éleveurs soient équipés d’un robot de traite ou non », révèle Théo Martin. (©Terre-net Média)

Pour beaucoup, robot de traite rime avec suppression de l'astreinte de traite et gain de temps de travail. En réalité, la rigidité horaire est certes moindre, mais la diminution du temps de travail ne fait pas l'unanimité.

D’après Théo Martin, chargé de recherche à l’Inrae et à l’UMR Selmet, le robot de traite est commercialisé, vendu et promu comme « une innovation à même de libérer la profession de ses contraintes temporelles ».

Ces contraintes de l’activité laitière sont de deux ordres :

  • volume de travail important ;
  • rigidité dans l’organisation du travail, compte tenu de l’obligation de traite quotidienne et de la ‘rigidité’ horaire de l’opération.

Temps de travail en élevage laitier

Selon une enquête de l’Insee (2017), le temps de travail des éleveurs laitiers est le plus important non seulement parmi tous les actifs, mais aussi au sein de la catégorie des agriculteurs, avec 62 heures hebdomadaires en moyenne.

Avec un robot de traite, la diminution du temps de travail ne fait pas pour autant l’unanimité. « Certaines études annoncent une baisse du temps de travail de l’ordre de 60 % chez les éleveurs équipés alors que d’autres trouvent un temps de travail inchangé voire augmenté », annonce Théo Martin, à l’occasion d’un webinaire co-organisé par le RMT travail en agriculture et l’Inrae.

« L’accès à une organisation plus souple du travail est beaucoup mis en avant. Notamment grâce à un nouveau style de vie, caractérisé par davantage de temps en famille ou pour les loisirs, plus proche des autres travailleurs », annonce-t-il.

Le profil ‘de l’éleveur équipé d’un robot de traite’

D’après une analyse statistique portant sur 831 éleveurs interrogés – dont 221 avec robot de traite – dans les régions Hauts-de-France et Grand Est, il semblerait que les éleveurs équipés de robot de traite ont souvent :

  • un niveau de qualification plus élevé,
  • un conjoint salarié à l’extérieur,
  • des enfants,
  • leur habitation hors de l’exploitation,
  • une exploitation diversifiée, notamment avec des grandes cultures (au vu des zones étudiées),
  • une structure de plus grande dimension (SAU, cheptel),
  • un système non biologique.

Une organisation du travail différente

Pour ce qui est du temps de travail hebdomadaire des éleveurs de l’échantillon, « on constate une différence de 4h40 par semaine pour ceux équipés d’un robot de traite. Si les résultats sont corrigés pour comparer à taille d’exploitation, nombre d’ateliers et organisation sociale du travail identiques, on obtient une différence égale à 6h de travail en moins par semaine », détaille le chargé de recherche, une différence peu impactante au final. Pour preuve, malgré cette légère diminution, « le sentiment d’être débordé se maintient que les éleveurs disposent d’un robot de traite ou non », révèle Théo Martin.

Sur l’aspect technique, on note une moindre saisonnalité du travail dans les élevages ayant installé un robot de traite, parce que les vêlages sont souvent moins groupés sur une saison. C’est aussi le cas avec l’organisation journalière du travail : les éleveurs avec robots vont significativement déclarer « ne pas avoir d’emploi du temps. On peut lier cela à une contrainte et une rigidité temporelle moindres dans l’organisation des tâches au cours de la journée de travail », explique-t-il.

Enfin, d'après les résultats de l'enquête, « partir plus de trois jours par an est nettement plus probable pour un exploitant avec robot ». À l’inverse, ne pas prendre de vacances est presque 1,5 fois plus fréquent chez les producteurs en traite conventionnelle.

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