Sur les routes de France à l'approche des élections européennes du 9 juin, l'AFP a traversé la Haute-Marne, que la crise agricole a embrasée en début d'année, comme tant d'autres campagnes. Aujourd'hui, l'heure n'est plus au blocage de l'échangeur d'autoroute entre l'A5 et l'A31 mais le ras-le-bol persiste et les panneaux à l'entrée des villages sont toujours à l'envers, un symbole des manifestations de l'époque car « on marche sur la tête ».
« On vit à cette heure-ci avec moins d'un Smic. Le restaurant, on ne sait pas ce que c'est, les vacances on ne sait pas ce que c'est ». A Meuvy, un village à l'étrange clocher tordu, Mélanie Flammarion Paillard est cogérante d'une exploitation avec son frère et ses parents.
Une ferme « moyenne », avec sa centaine de Simmentals, des vaches beiges « très rustiques qui produisent moins que les noires et blanches mais tombent beaucoup moins malades et font un lait plus riche », dit la jeune femme de 29 ans encartée à la FNSEA et aux Jeunes Agriculteurs.
« Notre lait sert à fabriquer le Caprice des Dieux », fromage de l'industriel Savencia, dont elle a bloqué l'usine un mardi de janvier dans la commune voisine d'Illoud. Le bras de fer a permis un « prix un peu meilleur en février et mars » mais « ce n'est pas rémunérateur », estime-t-elle, quand on a un emprunt sur dix ans pour l'aménagement de la ferme et l'achat des « deux robots de traite » (200 000 euros).
« On nous impose un prix du lait le 29 du mois » sans visibilité, peste cette maman de trois enfants, dont l'une des seules sorties de l'année est à « l'accrobranche de Contrex », à 35 minutes de route.
« Des guignols »
A ses yeux, les concessions successives de la Commission européenne ou du gouvernement sont des « annonces bateau » et « déconnectées ».
Sa colère se traduira-t-elle dans les urnes le 9 juin ? Doudoune sans manche, short et baskets, Mélanie ne veut pas parler politique. Elle dit juste qu'elle ira voter, « les femmes se sont battues pour » et qu'il ne faut « pas sortir de l'Europe. On a besoin de la Pac », la politique agricole commune. Et elle insiste sur un point : « les gens au RSA qui foutent rien, ça me saoule. On donne trop d'aides à ceux qui ne veulent pas travailler ».
En redescendant à Saint-Thiébault, on tombe sur Sylvain Jannel, 59 ans et une trogne d'acteur américain. Il fait de « la maintenance dans un garage pour finir ses années de cotisation ».
La colère des éleveurs du coin, il la comprend. « On les invite à produire plus mais ils ne gagnent rien. En fin de compte, ils font du lait bas de gamme », juge-t-il.
Lui n'ira « pas du tout » voter le 9 juin. « Ce ne sont que des guignols et des marchands de casseroles. A Strasbourg et Bruxelles, ils sont complètement décalés ». A la présidentielle en revanche, il aimerait bien François Ruffin, « il est près du peuple ».
A l'auberge du Cheval Blanc, devant le plat du jour à 10 euros, Gaëtan Gassmann est électeur du Rassemblement national (RN), comme bien d'autres dans ce département dont les deux députés sont lepénistes.
Marine Le Pen et Jordan Bardella « n'ont jamais été au pouvoir, ils ne feront peut-être rien de plus mais il faut essayer ». Parce qu'« il y a trop d'aides et des personnes qui se servent du système », trouve ce costaud de 36 ans.
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