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Paroles de lecteurs« S'installer en lait pour s'endetter à vie ?? »

Et vous, votre opinion ? N'hésitez pas à réagir sous l'article ! (© Photo <a class="blue science-text js-contributor-link" href="https://stock.adobe.com/fr/contributor/208628952/s-leitenberger?load_type=author&prev_url=detail" data-ingest-clicktype="details-contributor-link">S. Leitenberger</a> // Création Terre-net Média)
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« En bovins laitiers, pas de ferme à moins de 500 000 € ! » Face aux capitaux à investir, les lecteurs de Web-agri se demandent si produire du lait est rentable, comme le suggérait une étude en Bourgogne-Franche-Comté publiée la semaine dernière.

[Article publié initialement le 14 mai 2023, à 5h00]

Georges et Hervé se réjouissent tous deux de voir « des jeunes s'installer en vaches laitières » tant il est « nécessaire » de renouveler les générations d'éleveurs.

« On ne doit pas avoir les mêmes chiffres, réplique de son côté Max qui, « si le prix du lait baisse encore », va « commencer à bouffer de l'argent ».

« Pas de ferme à moins de 500 000 € »

« Produire du lait pour gagner 32 000 bruts avec 500 000 € d'investissements ?? » : Gilles n'est « pas sûr que ça vaille le coup... »

« Il y a pire et mieux selon les système et leur gestion », rétorque Denis.

Gilles est « bien d'accord ». « (...) Avant les installations nécessitaient moins de capital pour le même revenu », nuance-t-il.

Produire du lait pour gagner 32 000 bruts,
avec 500 000 € d'investissements ?

« Actuellement, il y a pas beaucoup de fermes laitières à reprendre pour moins de 500 000 € », confirme Denis.

Comment attirer des jeunes vers le métier d'éleveur alors « (...) qu'ils vont s’endetter à vie pour travailler 70-80 h semaine ? », se demande Aurélien. « (...) L’agriculture est de plus en plus décalée du reste la société, aux antipodes même !, poursuit-il. C’est vrai, les Français ont besoin de gens qui se sacrifient pour leur offrir une alimentation la moins cher possible, en enrichissant au passage les sangsues qui gravitent autour des exploitations : banques, concessionnaires, vendeurs d’aliments... Tous ceux, encourageant à s'installer en lait, ne le feront jamais ! »

« Prix du lait/investissements : un fossé »

« Le lait est rentable quand on se crève le c... à bosser 80 h/semaine pour sortir 850 000 litres de lait à 1,3 UTH, reprend Jb23. Et résultat des comptes : faut tout redonner aux impôts et à la MSA pour payer des gens qui ne font rien de leur journée à part nous em... »

steph72 revient sur le prix du lait, qui « face aux investissements exigés », même si « des installations en production laitière, il y en a certes ». « Pour un producteur en vitesse de croisière, c'est déjà juste, appuie-t-il. Une meilleure productivité, avec des charges en plus, quel intérêt ? De même qu'installer pour installer, si les jeunes ne restent pas au-delà de cinq ans ? Si la filière avait été intelligente, elle aurait compris qu'il faut un prix évoluant en fonction des coûts de production pour maintenir les volumes produits sur le long terme. »

Installer pour installer, quel intérêt ?

« On peut dire qu'une installation est réussie dix ans après seulement, et en fonction du montant d'emprunts restant, juge Momo. Avant, on n'a pas remboursé grand-chose et même vécu avec de l'argent emprunté, ça s'appelle le prêt trésorerie », et la DJA. « Certains sont plus endettés au bout de 10 ans que lorsqu'ils se sont installés, ajoute-t-il. Pas facile avec ces grosses sommes à investir ! Quant aux bilans comptables, on leur fait dire ce qu'on veut... »

« Des cessions inabordables »

« Ah que c'est beau de rêver ! À une certaine époque », j'y croyais, lance Tartarin de Tarascon, résigné. « Il y a plus de 25 ans », salarié agricole, il s'occupait « d'une centaine de vaches laitières de haut niveau, en travaillant 90 heures par semaine, une vraie passion ».

Il se rappelle « les concours avec les bonnes vaches et génisses du troupeau, les préparations avec les copains, l'entraide » comparé « au vide actuellement dans cette profession, sabordée pour le profit d'une poignée ». « Nous étions coriaces, durs au mal. (...) Mais les temps changent. Nous avions raison à l'époque comme les jeunes aujourd'hui. Un conseil : soyez le plus indépendant possible, si on vous laisse le choix. »

Poussés à investir.

« Si les producteurs, et surtout les jeunes, gagnaient leur vie et ne rencontraient aucun problème financier, il y aurait davantage d'installations et pas deux suicides par jour, pointe steph72. Les organismes agricoles, les industriels, sont fautifs : ils poussent vers toujours plus d'investissements et de risques financiers. Et en cas d'échec, ils diront que l'éleveur n'a pas été bon alors qu'il a été mal conseillé. Faut absolument revenir à des exploitations moins grandes et moins gourmandes en capitaux, donc plus autonomes financièrement. »

Chris rejoint @steph72 : « Il faudrait revoir les prix de cession d'exploitations agricoles car qui peut s'installer avec de tels montants de reprise ? » « Les banques sont de plus en plus frileuses et quand on n'a pas la DJA, c'est encore pire, complète-t-il. Pourtant quand on voit le nombre de fermes au RDI dans toute la France... C'est bien malheureux et les gros auront toujours le pouvoir. Le retour à de plus petites structures, respectueuses de l'environnement, est indispensable. »

Pierre pense que « le calcul est déjà fait depuis longtemps par les banques ». « Ces dernières ne prêteront qu’à quelqu’un apte à rembourser. Et le prix de reprise est certainement adossé à ce calcul... (...) », précise-t-il.

Témoignages sensés de cédants

Annie croit également qu'il faudra « par la force des choses retrouver des structures de taille raisonnable ». « La nôtre l'est et nous vivons très correctement de notre métier, mais il ne faut pas ramener le salaire aux heures passées, c'est ainsi », témoigne-t-elle.

Avant de développer : « Nous cherchons à vendre la ferme et je crois que le plus important est de se dire que pour vendre, il faut quelqu'un en face qui correspond à nos attentes, et pas que financièrement. Jamais je ne laisserais mes animaux à de futurs éleveurs qui se servent du bâton à outrance ! Et puis, il faut que leur projet soit raisonné et raisonnable. »

Et de conclure : « L'essentiel étant de ne pas leur céder l'exploitation à un prix tellement élevé que leur avenir soit foutu d'avance... N'oublions pas que notre métier est difficile au quotidien et dépend de tant de paramètres ! Quand j'ai vu les repreneurs, j'ai tout de suite su que ce serait eux. (...) Nous pourrons partir confiants et ils pourront compter sur nous. Le principal est que notre ferme perdure avec des personnes humaines et humbles. »

Céder à un prix élevé pour bousiller l'avenir des repreneurs ?

Thierry est sur la même longueur d'onde. Lui aussi réfléchit à la transmission de son exploitation et propose donc « de définir le prix de reprise de la ferme en fonction de la capacité de remboursement de l'outil de travail sur 25 ans, en intégrant que le jeune éleveur doit se dégager un Smic pour vivre ». « Cela oblige à transmettre un outil de travail viable, ce qui rassure le repreneur, insiste-t-il. Libre à lui ensuite de développer l'exploitation ou modifier les pratiques pour gagner plus. »

« Exactement, renchérit Annie, qui a fait « tout réestimer pour que les jeunes perçoivent mensuellement un Smic et que leur famille vive décemment ».

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