Elles témoignent : ces éleveuses qui s’impliquent dans les OPA

Eleveuse de vaches allaitantes
Marie-Andrée, Valérie, Albane, Sylviane, Laure, Marine et Aline, toutes cheffes d'exploitation en élevage, parlent de leur implication dans les organismes professionnels. (©Gilles Arroyo, ElitProd // Adobe Stock)

Sur Web-agri, elles ont dit pourquoi elles s’engagent dans les organismes agricoles, comment elles concilient engagement, exploitation et vie de famille, les difficultés qu’elles peuvent rencontrer et ce que cette implication leur apporte sur les plans professionnel et personnel. Retrouvez leurs témoignages…

Comme beaucoup d’éleveuses face aux responsabilités professionnelles, elles se sont d’abord dit : « Pourquoi moi ? » Et puis rapidement derrière : « Pourquoi pas moi ? » Selon Marie-Andrée Luherne, productrice de lait dans le Morbihan, vice-présidente de la FNPL et présidente déléguée du Cniel, s’impliquer dans les OPA est « une vraie chance qu’offre le métier d’éleveuse qui permet de monter en compétence et d’évoluer en permanence. »

Pour elle comme Valérie Garcia, qui élève des vaches laitières en Loire-Atlantique et est administratrice au sein de la coopérative Terrena, l’engagement est dans les gènes, une « deuxième nature ». Il se transmet de génération en génération et fait partie intégrante de l’éducation. Installée depuis seulement quatre ans, Morgane Guillouroux s’est engagée plus récemment et localement.

« Y aller progressivement »

« Il ne faut pas se mettre trop la pression, y aller progressivement, juge Albane Blondel dont l’installation en élevage laitier dans le Morbihan ne remonte qu’à quatre ans également. On peut d’abord être responsable au niveau cantonal, puis départemental, régional, national. » « On apprend à s’organiser petit à petit, à ajuster notre façon de travailler, de s’occuper de la maison et des enfants », appuie Catherine Le Floch, présidente de Engagées.bzh, association visant à favoriser l’engagement professionnel des femmes.

« La formation peut nous aider à améliorer notre organisation et à être plus efficace », conseille-t-elle. Être épaulées est aussi essentiel, mettent en avant Albane Blondel et Sylviane Lefez, éleveuse de bovins lait en Seine-Maritime, par ses proches, et notamment son conjoint, comme ses associés et salariés éventuels, pour pouvoir partir de la ferme sereine. Le réseau, que l’on se constitue en s’engageant, apporte aussi un appui important. Il y a toujours quelqu’un pour donner un coup de main sur la ferme ou soutenir moralement.

« Favoriser l’implication dès la formation »

Pour autant, les femmes, qui représentent un quart des chefs d’exploitation, n’occupent que 10 % des postes dans les conseils d’administration des organisations professionnelles agricoles. « À 10 %, nous passons inaperçues. Il faudrait au minimum 35 % d’agricultrices pour être entendues, commencer à peser », pointe Marie-Andrée Luherne. « Si on ne se mobilise pas pour plus de mixité, on risque d’avoir des obligations réglementaires comme pour les conseils municipaux, prévient Dominique Chargé, président de La Coopération agricole.

Des démarches voient le jour, dans les coops entre autres, pour favoriser l’implication telles que Sentin’Elles chez Terrena, Parc’Elles pour Eureden, Les Bottées à la Cavac ou bien encore Les Elles de la Coop au niveau national. « Cela doit commencer dès la formation. À nous de montrer, par l’exemple, que les femmes ont leur place partout, même dans l’agroéquipement », encourage Laure Dubert, exploitante dans le Cher, élue du réseau Cuma.

« Les femmes ont leur place partout, même dans les Cuma »

« Maîtriser les machines, de même que réaliser tous les travaux sur la ferme, sont les clés de l’indépendance des agricultrices », estime Marine Boyer., qui a pris la suite de son père sur la ferme familiale, et au niveau de la Cuma du village. Aujourd’hui, elle préside la fédération nationale. « Beaucoup d’entre nous sont réticentes craignant de ne parler que d’engins agricoles et de ne pas maîtriser le sujet », fait-elle remarquer.

Avant de poursuivre : « En fait, la mutualisation du matériel est un prétexte qui nous réunit. Être en Cuma va au-delà des aspects d’équipement, nous travaillons ensemble, partageons nos savoir-faire, les bonnes pratiques sur nos exploitations. Et parce qu’elles ne mutualisent pas que des engins et des outils, mais de plus en plus des hommes et des femmes, nous recrutons et gérons souvent des salariés. Nous développons nos compétences techniques et humaines. »

« C’est la volonté de s’engager qui compte »

Aline Catoir, à la tête d’une exploitation laitière en Seine-Maritime et vice-présidente de sa Cuma locale, confirme : « Sans avoir de connaissances pointues ni de passion particulière pour le machinisme, les femmes peuvent apporter leur pierre à l’édifice en termes d’organisation et de communication. » « Je ne me sers pas personnellement du matériel de la Cuma. Il m’est donc plus difficile d’avoir un avis technique », ajoute-t-elle.

Pour elle, « être une femme n’est ni un frein ni un avantage, c’est la volonté de s’engager et le temps passé » qui prévalent, comme pour les hommes ! Première administratrice en 60 ans d’existence de la Cuma, elle a été bien accueillie par les administrateurs, les adhérents, les salariés. « Tous viennent me dire facilement ce qui va et ne va pas », fait-elle valoir.

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,55 €/kg net +0,02
Vaches, charolaises, R= France 7,34 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...