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Paroles de lecteurs« Transmettre, est-ce donner sa ferme ? »

« La valeur d'une ferme correspond à ce qu'elle permet de dégager comme argent », résume Re Duma.
« La valeur d'une ferme correspond à ce qu'elle permet de dégager comme argent », résume Re Duma.

Combien vaut mon exploitation ? Cette question, tous les agriculteurs se la posent avant de transmettre leur ferme. La réponse, elle, est loin de faire l'unanimité entre les lecteurs de Web-agri...

« Les spécialistes de la transmission en agriculture conseillent de "faire le deuil" d’une valorisation importante de la ferme. Par "spécialistes", il faut comprendre les cravatés du para-agricole qui sont aux 35 h, dans un bureau bien chauffé l'hiver et avec une paye qui tombe tous les mois. Y en a marre de cette façon de se faire dicter comment exercer notre métier d'agriculteur jusqu'à la prétendue meilleure façon d'en sortir !! Finalement, le plus dur n'est pas forcément cette estimation de la valeur de reprise de la ferme, mais tous les aspects juridiques et fiscaux. Mais bizarrement, ces mêmes cravatés sont incapables d'y répondre... », s'emporte Michel Hendrickx.

Lucien Csvt, à @Michel Hendrickx : « Si vous voulez compléter le lot des cravatés, faites appel à la Safer ! »

« Les problèmes des cessions d'exploitations agricoles sont en grande partie dus aux agences immobilières. Elles font miroiter des sommes mirobolantes aux cédants, alors qu'il y a rarement de rentabilité en face, le but étant de trouver le "gogo" qui leur versera plus de 10 % du prix. (...) », estime pour sa part Érigone.

« Continuer à investir... pour brader sa ferme »

« Transmettre, c'est donner sa ferme !, lance did. En vendant, au moins, on récupère de l'argent juste pour pouvoir vivre une retraite agricole décente. »

Pouvoir juste avoir une retraite décente... 

« Dans l'article, les conseillers osent dire de brader l'exploitation et, plus bas, d'y investir jusqu'à la fin. C'est sûr que ça fera bien rigoler le repreneur... », poursuit Gil Chavallier.

« Continuer à investir : des paroles de comptables, selon Jean-Luc Legros. Le mec, qui reprendra, s'en tape du matos, surtout s'il n'a pas prévu d'adopter les mêmes techniques culturales. »

« La valeur d'une ferme correspond à ce qu'elle permet de dégager comme argent. Alors le repreneur paie, ou next ! », lance Re Duma.

« Moi, je cèderai au prix que le plus offrant me donnera ! », enchaîne Julien Baduraux.

« Ça, c’est ce que tu espères... », rétorque Christophe Haas.

« Lié au repreneur et à la reprenabilité » 

« La valeur immobilière/vénale d'une exploitation agricole n'a que peu de sens, juge MMike. Une ferme est un outil de travail monovalent, c'est-à-dire qu'on ne peut rien en faire d'autre. Le seul indicateur pertinent est celui de la rentabilité x un multiple. Mais en fin de compte, celui qui la fait cette valeur, c'est le repreneur et sa capacité à aller au bout du financement et de le rembourser sans mettre en danger l'entreprise. »

Arnaud Dubois est du même avis : « La valeur de l'exploitation dépend du projet de reprise et de sa reprenabilité. Et vu le nombre de candidats à l'installation en agriculture, c'est malheureusement pour le cédant la loi de l'offre et de la demande, et le jeu de l'économie... »

La loi de l'offre et de la demande, vu le manque de candidats à l'installation.

Pour Guillaume, « c'est surtout l'EBE du cédant qui doit déterminer la valeur de reprise. On dit d'ailleurs souvent que celle-ci équivaut à 7 fois l'EBE. Alors, quand on entend des cessions d'exploitations à 1 M€ pour un EBE de 60 000 à 70 000 € par an, il faut 13 à 15 ans pour rembourser sans prélever !! »

« Oui, acquiesce Gil Chavallier. Mais selon comment le jeune fera fonctionner la ferme, il dégagera plus, autant ou moins de revenu agricole. Celui, qui reprend derrière un agri hyper performant, peinera à faire aussi bien. »

« Reprendre un outil performant et l'être ! »

Re Duma n'est pas complètement d'accord : « @gil, on fait la vente selon les résultats économiques du vendeur. Après, l'acheteur est sensé être performant aussi. »

Gil Chavallier persiste : « Je souhaite malgré tout aux jeunes de ne pas choisir des fermes où le cédant était un champion, car la déception sera grande... »

« Il s'agit de vendre une entreprise, ce n'est pas une œuvre de charité, fait remarquer Re Duma à @gil. Un petit prétentieux voulait reprendre ma ferme pour pas cher il y a deux ans. Finalement, il a préféré aller sur une mauvaise structure où il allait soi-disant tout révolutionner. Il parle déjà de cessation car il s'enterre... Désolé, quand tu achètes une bonne entreprise de plomberie, tu gagnes ta vie si tu bosses bien et si tu as payé le vrai prix de reprise... c'est pareil pour une ferme ! »

Vendre une entreprise, pas une œuvre de charité !

« Effectivement, je ne suis pas convaincu par cette approche, et encore plus en agricole qu'en artisanat, reconnaît Gil Chavallier. Mon ancien plombier (patron avec quatre ouvriers) a cessé son activité, qui a été reprise par son neveu, plombier ailleurs (40 salariés). Eh bien,  rien à voir, ce n'est pas la suite, ça ne donne pas envie de faire appel au nouveau. En agri, c'est pareil ! Alors oui, reprendre un outil agricole performant, si le jeune arrive à l'être autant, il a des chances d'y arriver, mais il risque aussi de couler très vite... Le gars, que tu cites, aurait coulé sûrement encore plus vite s'il avait repris ta ferme à ton prix, le problème c'est plutôt ses envies de tout révolutionner qui n'ont pas été productives... de revenu. »

« Comment les jeunes peuvent s'installer ? »

« Et tous les cédants qui proposent les bâtiments sans terre et des locations à des prix hyper élevés ! Ne vous inquiétez pas, les gros paysans du canton, les terres, elles les intéresseront !! », ajoute Rémi Claude.

« Faut pas abuser non plus !, met en garde Charles-Henry Rendu. Dans le Nord-Pas-de-Calais par exemple, nous sommes arrivés à des cessions à 17 000 €/ha !! Comment voulez-vous que des jeunes s'installent en agriculture ? Combien de générations pour rentrer dans les frais ?? Après tout dépend de ce que l'on veut : une France avec des exploitation agricoles ou alors des usines où seuls les plus gros pourront investir !!! »

Kristof Jean partage l'opinion de @Charles-Henry Rendu : « Oui des usines à betteraves, pommes de terre ou endives impossibles à reprendre !! »

Combien de générations pour rentrer dans les frais ?

François-Xavier Hupin, pour conclure : « Toujours ce grand débat entre la valeur économique et la valeur patrimoniale d’une exploitation. Si certaines avancées proposées par les JA arrivent au bout, on aura des propriétaires qui se tourneront peut-être un peu plus vers les jeunes et non pas vers le plus offrant. »

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