Disparition des éleveurs, de l'élevage : « le lait et la viande, c'est fini ! »

Paroles de lecteurs disparition des éleveurs et de l'élevage
Est-ce aussi notre vision de l'avenir de l'élevage ? Donnez votre avis en commentaires. (©MrsBrown, Pixabay // Montage Terre-net Média)

Comme le nombre d'éleveurs, de vaches, d'exploitations... ne cesse de diminuer, de plus en plus d'articles parlent de la décapitalisation en élevage, bovin lait et viande, sur Web-agri. Conséquence tout aussi logique : les commentaires des lecteurs sur ce sujet sont toujours plus nombreux et encore plus pessimistes que les tendances et chiffres annoncés. Ce n'est pas une baisse, même importante, que beaucoup prévoient mais une disparition.

1 300 éleveurs en moins par an, « ça ne paraît pas beaucoup » à Momo, réagissant à l'article, paru il y a quelques semaines sur Web-agri : Infographie – En 10 ans, le nombre d'éleveurs a baissé de 30 %.

steph72 est du même avis. Il pense que « ce chiffre est sous-estimé et qu'on se rapproche plus des 5 000 de moins par an ».

« Dans les 10 années à venir, ce ne sera pas 30 % de moins comme entre 2010 et 2020, mais 50 % », reprend Momo.

« Pourquoi s'étonner ? »

« Ah bah mince alors comment ça se fait ?, ironise steph72 avant d'enchaîner : « Ben oui, les producteurs donnent l'alerte depuis une dizaine d'années, mais tout le monde s'en fout. »

« C'est maintenant qu'on s'en rend compte ?, interroge Merco sur le même ton. « Tout le monde dans la filière le sait depuis longtemps. Les maquignons pour la viande et les industriels pour le lait ont tellement pressuré les éleveurs qu'ils les ont tous dégoûtés ! L'État et certains organismes agricoles ont achevé le travail, alors faut pas s'étonner... »

« Parler de carbone plutôt que de prix »

« Les prix du lait et de la viande ne sont pas assez attractifs pour attirer des jeunes vers le métier d'éleveur, appuie steph72. « Le mal est fait de toute façon », estime-il, ajoutant : « Certains industriels n'ont rien compris et font encore baisser le prix du lait. À leur place, j'aurai honte vu les marges qu'ils font ! C'est du racket !! »

« Les prix ne sont pas en adéquation avec les charges, ça finira mal pour les éleveurs !, poursuit Djo85. évoquant ensuite les petites retraites agricoles : « Si elles étaient décentes, les retraités ne seraient pas forcement obligés de céder la ferme au plus offrant. »

Gibbs prend l'exemple du prix du lait de novembre fixé par sa laiterie : 407 €/ 1 000 l. « Moins 70 € en un an !!, s'écrit-il. La France a été le pays de la zone euro où le lait a été le moins payé en 2022-2023. » « Et là silence radio de la part de nos représentants et des médias. Il est plus facile de parler d'agribashing, d'empreinte carbone ou de faire des publireportages sur de grosses structures avec du matos à gogo, déplore-t-il.

« Facile d'incriminer le coût des reprises ! »

Avant d'enchaîner sur le retard de paiement des aides Pac, « toujours pas versées » (commentaire datant de fin octobre) et sur les traités de libre-échange qui, selon lui, font belle et bien partie de « la stratégie agricole de nos dirigeants ».

« (...) Et après tout ça, des gens se demandent encore pourquoi les éleveurs disparaissent », s'étonne également ce lecteur. « Essayons de tenir tant qu'on peut », exorte-t-il. « Et ensuite inchala !! Notre pays nous a vendus à l'agroindustrie il y bien longtemps, il n'aura que ce qu'il mérite », résume Gibbs.

steph72 revient sur le manque de revenu en élevage:  « Il y a plein d'exploitations à transmettre, en vaches laitières ou viande, mais peu d'intéréssés, c'est trop facile de mettre ça sur le dos du montant des reprises ! »

« Si les prix étaient en corrélation avec les charges, si une partie de la rémunération n'était pas confisquée par les intermédiaires, si les aides ne diminuaient pas grévant encore le revenu..., répète-t-il. Même en étant autonome, difficile de toucher un Smic, surtout en allaitant l'un des productions les moins rémunératrices ! »

« - 30 % de postes administratifs ?! »

« Hereusement toutes les personnes, qui gravitent autour de l'élevage, ne subissent pas le même sort, lance Salut. Comme ça, les obligations qu'ils nous imposent demeurent : charte des bonnes pratiques, contrôle pulvé, analyse d'eau, bilan sanitaire, Duerp, et j'en passe... »

« Avec - 30 % d’eleveurs laitiers, on pourrait supprimer des postes administratifs dans les mêmes proportions (...) », rétorque Bouboule

Ces réactions rejoignent celles à l'étude prospective des chambres d'agriculture sur l'avenir de l'élevage, publiée il y a quelques jours sur Web-agri également, envisageant trois scénarios possibles : disparition, regain d’intérêt ou statu quo.

« Nombreux emplois en péril »

steph72 prend l'exemple de la Bretagne, « première région productrice de lait » où « il disparaît 100 vaches par jour » et où « un jeune sur deux s'installe sans animaux ». Son pronostic : « Alors on peut faire toutes les projections qu'on veut... À cette allure, il restera plus beaucoup de vaches dans 10 ans. » « La récompense de notre travail... », souffle-t-il . « Ce n'est pas la baisse attendue pour 2024 du prix du lait, qui sera loin de couvrir les charges, qui va enrayer le déclin de la production laitière », analyse-t-il à l'image de ses collègues dans l'article précédent. 

Ni l'attitude « des industriels » ou encore celle des « responsables syndicaux et politiques, qui ne défendent pas les producteurs et sont déconnectés de la réalité ». « Continuez à dégoûter les éleveurs, vous êtes sur le bon chemin » vers la disparition de l'élevage, martèle-t-il. « D'ici peu, vous allez voir l'impact énorme sur l'emploi dans ces régions. »

Gibbs confirme ce scénario qui a « déjà commencé » après lui. « Qui, en 2023, accepte de  travailler 70 h/semaine les mains dans la m... pour gagner péniblement 1 000 € par mois ? », met-il en avant. « Il faudrait investir des milliards pour redresser l'agriculture », argue-t-il encore.

« Moins de lait inquiète, moins d'éleveurs... »

tintin détaille : « Le scenario probable est un effondrement de la production laitière française de - 50 % d'ici 5 à10 ans. Tout simplement parce que 50 % des producteurs seront en retraite, avec aucun jeune pour prendre la suite. Même ceux non issus du milieu agricole car les banques ne suivront pas des projets à 500 000 € sans capitaux. » Il met en garde : « Les industriels auront moins de volumes mais ils ne feront pas venir du lait d'autres pays, ils iront fabriquer sur place !! »

« Tous les 5 ou 10 ans, une étude prospective, intervient Francis. Car la filière s'inquiète, mais de la baisse de production, pas de celle des producteurs. Tant qu'elle raisonne comme cela, ce ne sera pas facile de motiver les éleveurs !

« Les céréaliers impactés »

Guillaume alerte d'ailleurs les céréaliers : « Les bovins consomment une part substantielle de vos productions. Si demain beaucoup d'élevages arrêtent, les équilibres vont changer... » En outre, au lieu de donner leur maïs aux vaches laitières, des éleveurs pourraient être tentés de fournir les méthaniseurs, pointe-t-il. 

« Restera à nourrir nos bons gros gloutons de méthaniseurs qui vont reprendre toutes ces surfaces libérées, renchérit tintin. Dans 10 ans, nos sols seront stériles par la décarbonation. » 

« Contraintes et critiques, sans rentabilité !! »

Problème de prix, de charges, de revenu..., Oli86 incrimine plus globablement l'absence de rentabilité en élevage laitier notamment. Alors « pourquoi s'embêter vu l'astreinte, les contraintes et les besoins énormes en trésorerie... », fait remarquer cet éleveur même si « depuis 20 ans, malgré des hauts et des bas », il dit « s'en sortir » correctement.

 « (...) Il n’est pas mentionné une seule fois que l'abandon de l’élevage est lié au manque de rentabilité !, acquiesce Bouboule. Si l'élevage était rentable, on pourrait embaucher des salariés pour alléger un peu le travail. »

« Même des Gaec avec 3, 4, 5 associés et plus de 200 VL, équipés de robots de traite, de bâtiments rationnels, avec une bonne rentabilité, etc. vont arrêter la production laitière, parce qu'une partie de ses membres partent à la retraite et qu'aucun jeune ne se présente pour reprendre les parts sociales, rélique Alain. Et tous ces bureaucrates qui ne comprennent pas que les enfants d'éleveurs laitiers ne veulent pas faire du lait ! Alors que dans leur entourage les faillites, burn-out, divorces, suicides, pleuvent !! Malheureusement la filière laitière récolte ce qu'elle a semé. »

Autrement dit par Éric : « Accusés de tous les maux – méthane, nitrates, mouches, odeurs – et acculés de mises aux normes, paperasse... faut être plus que motivé pour être éleveur ou ne pas avoir d'autre choix. Bon courage aux derniers des Mohicans ! »

« Contrôleur label, plutôt qu'éleveur »

Ou par 3R3E : « (...) Faire rêver un jeune candidat à l'installation en lui présentant le métier comme une passion, c'est lui mentir ! Il sera soumis aux normes, réglements sanitaires (avec de nouvelles maladies tous les ans...), critères qualité (et on peut toujours en trouver d'autres ou resserrer encore et encore ceux qui existent déjà...), "nouveaux" labels pour faire du marketing et dont le consommateur n'a rien à f..... (seul le prix l'intéresse)... Tout ça pour être définitivement classé parmi les indécrottables pollueurs quels que soient les efforts faits., le tout en travaillant 60-70 heures par semaine sans loisir !! »

« Comment voulez-vous que les vieux (j'en suis) qui cessent soient remplacés ?? (...) Toutes nos instances veulent baisser le nombre de vaches et donc le nombre d'élevages : elles n'auront guère d'efforts à faire pour aboutir...  Aux jeunes qui voudraient encore se lancer, je conseille plutôt d'être contrôleur de "labels". Il y a plus d'avenir là-dedans que dans l'acte de production,n : on va même bientôt voir apparaître des contrôleurs pour vérifier l'alignement des crottes de mouches !? »

« À 51 ans, si tout va bien, les vaches s'en iront », témoigne Dany

« Des prairies de ronce »

Même chose chez Gilbert, bientôt retraité : « Depuis neuf ans, je n'ai plus d'animaux et 8 ha de ronces ! »

Frédéric rebondit : « On interdit de labourer les prairies, faudra bien en faire quelque chose quand il n'y aura plus de bétail. »,

Gilbert répond : « On verra des friches comme c'est déjà le cas dans pas mal d'endroits où il n'y a plus d'animaux. La nature reprend ses droits, les écolos vont être contents. »

Et did de conclure : « Le lait c'est fini, il n'y a pas de solution !!! »

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...