
D’après le Groupe économie du bétail de l’Institut de l’élevage, la baisse de la demande française en viande piécée continue de plomber les cours des femelles de races à viande qui ne décollent pas, malgré une production au plus bas. Côté laitier, les sorties sont plus habituelles, mais les prix sont tirés à la hausse par la demande en haché et par un marché européen allégé.
La colère gronde du côté des éleveurs allaitants. Depuis près d’un an et demi, les prix des bovins viande peinent à couvrir leurs coûts de production. Face aux manifestations devant plusieurs abattoirs français, le ministère de l’Agriculture a annoncé l’organisation d’une table ronde ce mardi soir.
Le marché des allaitantes sous pression
La tendance au plafonnement voire à l’érosion du prix français de la vache allaitante, entamée début 2014, s’est poursuivie en avril. En période de traditionnelle hausse saisonnière, le cours de la vache R est resté inchangé à 3,94 €/kg de carcasse (- 4 % /2014).
Pourtant, les abattages de vaches allaitantes ont de nouveau reculé sur les quatre premières semaines d’avril (- 5 % /2014 selon Normabev), après un sursaut de sorties de mars.
Il semble bien que le manque de demande pour les viandes d'allaitantes pèse sur les cours. Les achats de viande bovine piécée par les ménages se sont effondrés en sortie d’hiver : - 10 % /2014 sur la 3e période de l’année du panel Kantar s’arrêtant au 22 mars. Le prix moyen des achats de viande piécée est quasiment stable sur un an, malgré la baisse des tarifs de la viande à griller et à rôtir (- 2 % / 2014 à 16 €/kg). En effet, le mix produit s’oriente vers toujours plus de viandes à griller et à rôtir, en moyenne plus chères que les viandes à bouillir et à braiser. De plus, le prix au détail de ces dernières est en hausse (+ 3 % à 8,1 €/kg). En cumul depuis janvier, les achats de piécés par les ménages ont reculé de 5 % d'après Kantar.
Hausse des cours des laitières
Les cours des vaches O et P ont gagné 7 et 5 centimes en avril, atteignant respectivement 3,26 et 2,88 €/kg de carcasse en fin de mois. Les cours français sont tirés à la hausse par la progression constante des volumes de haché achetés par les ménages (+ 10 % pour le haché frais sur la troisième période de 2015 selon Kantar), mais surtout par le manque de vaches sur le marché européen.
Les cours français des laitières restent inférieurs à leur niveau de 2014 (- 6 % pour la O et - 8 % pour la P). En forte hausse au cours des quatre premières semaines d’avril (+ 13 % /2014), les abattages de vaches laitières ont retrouvé le niveau plus « normal » de 2013. La fin de la capitalisation laitière se confirme : au 1er mars, les effectifs de vaches laitières présentes dans les exploitations françaises étaient en légère baisse (- 0,2 % /2014).
Ailleurs en Europe, le manque de disponibilités et la dépréciation de l’euro soutiennent les prix européens des vaches. Les cours britanniques, irlandais et allemands sont désormais supérieurs à la cotation française.
Un marché pesant pour les mâles
La baisse saisonnière des cours des jeunes bovins est plus marquée en France que dans le reste de l’Europe. En effet, les marchés du Sud de l’UE restent problématiques, alors que le marché hexagonal est encombré. La baisse de l’euro permet en revanche de dynamiser les exports en vif sur pays tiers.
La cotation du JB U s’est stabilisée fin avril à 3,88 €/kg de carcasse (- 4 % /2014), après avoir perdu 7 centimes en un mois. Celle du JB R reste orientée à la baisse, à 3,68 €/kg fin avril (- 4 % /2014). La cotation du JB O a regagné 1 centime en fin de mois pour remonter à 3,27 €/kg (- 3 % /2014), dans le sillage des cours des vaches laitières.
Plus de JB laitiers et moins de JB viande
Au 1er trimestre, les abattages de taurillons ont totalisé 235.000 têtes selon le Ssp (+ 2 % /2014), avec des sorties particulièrement fournies en mars (+ 8 %), en laitiers comme en race à viande d’après les opérateurs. Selon Normabev, la hausse des abattages se serait poursuivie en avril pour les JB laitiers (+ 3 % sur les quatre premières semaines du mois), mais pas pour les JB viande (- 4 %).
Les sorties de JB laitiers devraient continuer à être intenses ces prochains mois. En effet, les effectifs de mâles laitiers de 18 à 24 mois présents au 1er mars dans les étables françaises restaient étoffés d’après la Bdni (+ 9.000 têtes /2014 ou + 8,5 %). Les sorties de JB de races à viande resteront en revanche limitées : le nombre de mâles de type viande de 12 à 18 mois au 1er mars accusait une baisse de 3 % ou - 15.300 têtes. C’est en fin d’année que davantage de taurillons pourraient arriver sur le marché, les mises en place de broutards ayant été dynamiques en France à l’automne dernier.
Exportations de viande en perte de vitesse vers l’Europe du Sud
Sur les deux premiers mois de l’année, les expéditions françaises de viande bovine réfrigérée ont totalisé 31.000 téc (- 3 % /2014). La baisse est encore plus forte pour le chiffre d’affaires, tombé à 134 millions d’euros (- 8 % /2014), les opérateurs français ayant dû concéder des baisses de prix pour préserver des volumes. Même si la viande polonaise s’est renchérie sous l’effet de la baisse de l’euro face au zloty, elle demeure toujours beaucoup moins chère et encore plus abondante qu'à l'automne dernier.
Les ventes vers l’Italie sont tombées à 13.000 téc sur deux mois (- 14 % /2014), à un prix moyen de 4,46 €/kg carcasse (- 2 % /2014), et celles vers la Grèce à 8.000 téc (- 7 %), au prix moyen de 3,74 €/kg (- 4 %). Seule l’Allemagne, où l'offre réduite peine à satisfaire la demande dynamique, a augmenté ses achats (+ 24 % à 7.000 téc), au prix moyen de 4,35 €/kg (- 2 %).
Les exports de bovins finis sur pays tiers redémarrent
Toujours en baisse vers l’Italie (seulement 2.500 têtes sur les deux premiers mois de 2015, soit - 38 %/2014), les flux de bovins finis français vers les pays tiers du pourtour méditerranéen ont démarré l’année en forte hausse, grâce à la dévaluation de l’euro qui redonne de la compétitivité sur ces marchés. Sur les deux premiers mois, les ventes de bovins finis ont doublé vers le Liban (à 4.000 têtes). Les expéditions vers la Libye ont bondi à 1.300 têtes, alors qu’elles étaient inexistantes depuis mai 2014 en raison de la forte concurrence espagnole et de l’instabilité politique du pays.
D’après la Sepab (Société d’Exploitation du Parc à Bestiaux du port de Sète), les envois se sont poursuivis en mars et avril : sur les deux mois, 3.500 taurillons prêts à abattre ont embarqué pour le Liban, 2.500 pour l’Algérie et 1.500 pour la Libye.
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