Apprendre, courant août, que le prix moyen du lait en UE est tout près du cap des 500 €/1 000 l, a fait bouillir les lecteurs de Web-agri ! Comme Patrice, par exemple : « Dire que la France est le pays où les directives et normes sont les plus contraignantes et les mieux respectées et que les éleveurs laitiers français sont les moins rémunérés... ! » « En dessous de la moyenne européenne... cherchez l'erreur », appuie Henri Bert. « Bienvenue dans le pays qui paie le moins cher les producteurs de lait en Europe et où, paradoxalement, le consommateur paie le plus cher les produits laitiers en grande surface », ajoute Salut.
Avec toutes les normes qu'on se paie !
« Si c'est une moyenne, notre coop l'a fait bien chuter avec les 445 € qu'elle nous verse !, lance Chris Tinette. On nous prend vraiment pour des c.... ! Et le consommateur va croire ces inepties. » « Je viens de recevoir ma "paye de lait" − si on peut appeler ça comme ça − il manque 100 €/t par rapport à mes collègues européens, témoigne Salut. Heureusement que ma laiterie et mon Op ont fait un contrat tripartite avec Leclerc, j'arrive à gratter un demi euro par tonne !! Waouh !!! » « Habituellement lorsqu’il y a des normes européennes, nous rajoutons notre norme française. Pour le prix du lait, c’est marrant, on fait l’inverse... », fait remarquer Damien Suc.
« Nous ne devons pas traire dans l'UE ! »
« La France ne doit sûrement pas faire partie de l'UE », ironise Ma Nu. Régis Angot et François Taisne pensent aussi qu'ils « ne doivent pas traire dans l'Union européenne ». « Nos collègues européens ne doivent pas travailler avec les mêmes laiteries que nous », enchaîne Jérôme Goffin. « 500 €, on en rêve toutes les nuits ! », renchérit Vache Lestremoise.
Popeye s'étonne : « Pendant des années, on nous a rabâché que le tunnel France/Allemagne devait limiter l’écart de prix du lait, au moins entre les deux pays. » Salut calcule : « Le manque à gagner en août pour chaque producteur français est de 80 € par tonne. Pour l'ensemble des éleveurs, soit une production de lait de 2 Mt/mois, ça fait 160 M€. » « Quand allez-vous les payer ? », demande-t-il aux laiteries ?
500 €/t, on en rêve toutes les nuits...
Peu de temps avant, un article évoquait les perspectives très incertaines pour le prix du lait en 2022 en Nouvelle-Zélande. Le niveau annoncé était pourtant de 500 €/t. Un chiffre qui a fait réagir did : « Sachant que ce sont eux qui fixent le prix mondial du lait, il y a vraiment un truc qui ne fonctionne pas en France. » « Si à 500 €/t, les Néozélandais ne trouvent pas le prix du lait incitatif, que devraient dire les producteurs français ? », insiste steph72.
Transformateurs, distributeurs, consommateurs :
tous responsables
Jmb épingle la grande distribution. « Le lait peut manquer en France, les enseignes iront le chercher ailleurs, poursuit-il. Il n'y a plus d'avenir pour la production laitière en France tant que le système commercial continue la politique de l'autruche. » Olmer, lui, s'en prend aux laiteries : « Ce sont elles qui paient les éleveurs, pas les GMS ! Votre paye de lait n'est pas signée Leclerc ou Intermarché, mais Lactalis, Sodiaal, etc. »
Bientôt le lait ne viendra que d'ailleurs !
Léa Le Fur pointe aussi « la responsabilité des consommateurs, qui préfèrent acheter du lait pas cher provenant des pays de l'Est ». Chris Tinette les met en garde : « Bientôt le lait viendra de pays où les normes ne sont pas les mêmes que celles imposées ici. La qualité s'en ressentira et les problèmes sanitaires seront plus fréquents. Et je ne parle pas de l'empreinte carbone... »
« Nous ne cessons de dire qu'il y a un problème de rentabilité en élevage laitier, avance Gibbs. Mais tout le monde s'en moque. Il vaut mieux parler de production laitière durable et de diagnostic CAP2ER, plutôt que de dénoncer les problèmes économiques de la filière laitière. »
Quelles solutions ?
« Les éleveurs n'ont qu'à faire bouillir le lait » avant de le livrer, propose non sans ironie Michel Bouffaut. « Comme ça, il double de volume. Les industriels savent très bien le faire ! » « Sinon faut se lancer dans le lait de soja ! », raille Awran Delamarche. « Pour rappel, avec l'inflation, le prix du lait est inférieur aux 300 € de 2008, ça mériterait bien une autre grève du lait ! », suggère steph72. Jc est du même avis : « Que les éleveurs arrêtent de produire du lait partout même dans les grands bassins laitiers ! »
Momo enchaîne : « Oui, arrêtez les investissements, préparez votre arrêt de production, passez en céréale ou viande sur les terrains qui ne s'y prêtent pas, rapprenez à vivre à votre rythme pas à celui des vaches et surtout ne dites à vos laiteries que vous ne produisez plus de lait ! Aujourd'hui, un cheptel laitier vaut encore de l'argent à l'abattoir. » « On ne peut pas travailler par passion éternellement. Quand un atelier n’est pas rentable, faut savoir arrêter. Il y a aucune entreprise en France qui travaille à perte sauf les exploitations agricoles », insiste Olivier Cuvilliez .