« On est à un tournant : il faut que les distributeurs prennent leurs responsabilités, que les enseignes acceptent de passer les hausses (de tarifs) pour garantir la rémunération des agriculteurs et assurer la pérennité de la filière laitière », a réclamé le ministère lors d'un point avec la presse.
La reprise mi-mars des négociations entre supermarchés et industriels de l'agroalimentaire, pour répercuter les hausses des coûts de production liés à la guerre en Ukraine, s'est transformée « en cycle de négociation permanent », a-t-il dénoncé, accusant les enseignes d'avoir fait « traîner » les discussions en longueur.
Si elles ont été « plutôt fructueuses » cet été avec moins de blocages, admet le ministère, les négociations ont débouché sur des hausses « assez importantes sans être suffisantes », et qui restent bien en deçà des demandes des industriels, notamment ceux de la viande ou des légumes frais.
Parmi les distributeurs, « certains jouent le jeu, d'autres moins », souligne le ministère, et les hausses obtenues seraient, d'après lui, de l'ordre « de 6-7 % » au lieu des 12-13 % attendus par les fournisseurs.
Ils ont, comme les agriculteurs, subi des hausses de leurs coûts de production très importantes ces derniers mois - et la tendance n'est pas prête de s'inverser, les prix de l'énergie (gaz, électricité) atteignant des niveaux jamais vus.
Craignant qu'un « horizon assez sombre » ne se dessine pour de nombreuses industries alimentaires, le ministère s'est montré particulièrement inquiet pour celle du lait, dont les producteurs « voient leur rémunération bloquée » environ 50 euros en dessous du prix d'achat européen moyen pour 1 000 litres.
La sécheresse historique, qui a frappé l'Europe cet été, a réduit la production d'herbe pour nourrir les vaches laitières, et fait grimper d'environ 25 % le prix de l'alimentation animale, étranglant encore un peu plus les éleveurs. « Si on refuse de payer le lait au prix de ses coûts de production, demain, on sera contraint d'en importer », redoute le ministère de l'Agriculture.
La Fnsea demande le litre vendu en rayon à 1 euro
« Le lait est un produit d'appel. Aujourd'hui, certains magasins le vendent à 0,72 alors qu'en-dessous de 0,78 centimes, cela ne couvre pas le coût de production », a dénoncé vendredi Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA, lors d'un déplacement à la foire de Châlons.
Elle demande, comme les autres organisations professionnelles et la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), que le litre vendu en rayon soit revalorisé au prix symbolique d'un euro.
La FNSEA réclame également l'ouverture d'une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur les pénalités logistiques, qui s'appliquent lorsque les fournisseurs ne sont pas en mesure de livrer leurs produits dans les temps.
Le syndicat dénonce une attitude « sans foi ni loi » de certains distributeurs quand ils appliquent ces sanctions, le ministère de l'Agriculture allant jusqu'à estimer que certains d'entre eux détournent leur usage « pour se refaire une santé financière (...) sur le dos de leurs fournisseurs ».
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