
Le nombre de jours où la température dépasse les 25 °C ne cesse d’augmenter. Les vaches laitières sont donc de plus en plus soumises à des épisodes de stress thermique, qui mettent à mal leur bien-être et leur production. Si on pouvait sélectionner des vaches sur leur capacité de thermorésistante, nos troupeaux seraient moins perturbés par la hausse des températures. C’est ce à quoi travaillent des chercheurs européens dans le cadre du programme Rumigen.
Les épisodes de températures élevées stressent les animaux, dont la productivité et la santé sont perturbées. Pour amoindrir les effets des journées très chaudes, il serait pertinent de choisir des animaux les moins affectés par le stress thermique. « Dans le programme européen Rumigen, qui s’étend de 2021 à 2026, des chercheurs de 18 instituts, dont l’Inrae et l’Idele, travaillent sur l’amélioration des outils de sélection génétique pour sélectionner des animaux tolérants mieux la chaleur. C’est la première marche vers de nouveaux critères de sélection intégrant la résilience au stress thermique », présente Élise Vanbergue, cheffe de projet en santé animale à l’Idele. Ces chercheurs travaillent dans différents pays : France, Danemark, Italie, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Norvège et Royaume-Uni.
Comprendre pourquoi les vaches réagissent différemment
Pour intégrer cette résilience face au stress thermique, la première étape est d’analyser les différences dans la réaction des vaches aux épisodes caniculaires. Ce travail est mené en France, en Espagne et aux Pays-Bas à partir de bases de données des contrôles de performances. « Nous croisons les généalogies, les performances d’un grand nombre d’élevages avec des informations localisées sur la température et le THI, index combinant la température et l’humidité de l’air, pour voir les impacts des épisodes chauds, explique Sophie Mattalia, responsable du service méthodes d’évaluation génétique à l’Idele. Cette étude confirme que les épisodes caniculaires ont des impacts négatifs sur la production, le taux de cellules et la reproduction. »
En Espagne, les vaches résistent mieux aux fortes chaleurs.
L’étude a aussi montré qu’en Espagne, le niveau de production laitière résiste jusqu’à des températures plus élevées. « Il y a plusieurs pistes pour expliquer ces différences, remarque Sophie Mattalia. Tout d’abord, l’acclimatation, c’est-à-dire le fait qu’une vache qui a déjà vécu des épisodes chauds s’en sort mieux. Mais aussi les conditions d’élevage. En Espagne, les vaches sont tout le temps en bâtiments et ceux-ci ont été conçus depuis des années pour atténuer l’effet des fortes chaleurs. Pour expliquer les différences entre pays, il nous faudrait d’autres données telles qu’une description des bâtiments, des systèmes d’élevage. »
Anticiper les besoins génétiques
Les travaux se poursuivent pour définir des caractères de thermotolérance qui permettront de sélectionner des animaux qui résisteront mieux au stress thermique. « Il n’y a pas de gène de la résilience thermique, c’est multifactoriel, prévient Sophie Mattalia. Nous devons donc réfléchir à des indicateurs qui permettraient aux éleveurs de choisir les animaux les plus adaptés à leur contexte. »
D’ores et déjà, il faut être attentif sur les choix génétiques qui ont des impacts sur le long terme. « On sait que la sélection actuelle sur la production laitière pourra avoir un impact négatif sur la fertilité et le taux cellulaire, lorsque les températures seront plus fréquemment élevées. Les femelles, peu résistantes aujourd’hui sur les mammites cliniques, le seront encore moins demain », prévient Sophie Mattalia. Et la chercheuse d’encourager à intégrer une certaine robustesse, via la santé et la reproduction, dans ses critères de sélection.
Baisse de fertilité et génisses affectées
Les périodes très chaudes ont aussi des impacts sur la fertilité. « Par rapport à une situation de confort thermique (qui correspond à un THI de 50/55), en situation de stress thermique, avec un THI de 70, soit une moyenne journalière de 22-23 °C, on perd 5 points de réussite d’IA en Holstein. Avec un THI de 75, soit 26 °C, c’est – 20 points en Holstein », partage Sophie Mattalia.
Par la suite, l’équipe française va étudier l’impact de températures élevées durant la gestation sur les performances des femelles nées après une vague de chaleur. Car, si les vaches sont affectées par le stress thermique, les génisses qui le subissent in utero voient aussi leurs performances affectées.
Sur la ferme expérimentale des Trinottières (49), des vaches ont été inséminées avec de la semence sexée entre novembre et décembre 2021. Elles ont donc affronté un stress thermique estival en fin de gestation, lors de l’été 2022. Afin d’évaluer l’adaptation des vaches, plusieurs paramètres ont été mesurés : la production, l’activité, la rumination, les changements de position, l’hyperventilation, la température ruminale, des biomarqueurs de stress thermique.
Les génisses seront quant à elles suivies lors de leur premier été avec des colliers activimètres. « Ces données seront complétées par des observations au champ », détaille Manon Gillier, responsable de l’essai. Le même essai sera répété avec une nouvelle cohorte de génisses nées en 2023. « On sait qu’une situation de stress de la mère affecte le bagage génétique de la fille. Avec cet essai, on aura des preuves et, je l’espère, des pistes pour trouver des vaches qui résistent le mieux aux grandes amplitudes de température. »
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