Aux États-Unis, l’incertitude pèse sur les prix

Article réservé aux abonnés.

tank à lait américains
La production laitière recule aux USA alors que le cheptel laitier atteint son plus haut niveau depuis deux ans. (© P.Le Cann)

Donald Trump avance et recule dans les droits de douane, entraînant des évolutions presque au jour le jour des marchés et une incertitude économique forte.

Déjà fébriles aux États-Unis depuis plusieurs semaines, les marchés laitiers ont réagi à la baisse le 3 avril, lorsque les droits de douane ont été précisés, avant d’être suspendus pour 90 jours le 6 avril. Les opérateurs restent donc à l’affût et attendent de connaître les éventuelles mesures de rétorsion qui pourraient toucher les produits laitiers made in USA. Le prix payé aux producteurs a fléchi en avril comme en février et mars. L’USDA (ministère de l’Agriculture) prévoit une poursuite de cette tendance, à rebours de la hausse observée dans tous les grands bassins laitiers. Le cheptel laitier est en croissance depuis fin 2024 mais la production a reculé de 2,6 % en février par rapport au même mois en 2024, ce qui traduit une baisse inhabituelle de la productivité par vache. Ces tendances contradictoires sont à suivre dans la durée pour tenter de dresser des perspectives. Les analystes estiment que le manque de génisses laitières représente un risque pour la production future. Dans ces conditions, selon eux, le prix du lait devrait se situer à 20 % au-dessus du niveau actuel.

Par ailleurs, l’USDA prévoit une hausse des prix à la consommation de 3,2 % cette année pour les produits alimentaires, ce qui pourrait peser sur les achats des ménages. Ce débouché absorbe 83 % de la production laitière. Si la production semble reprendre début avril, l’évolution de la consommation domestique reste incertaine.

Dans ce brouillard, les agriculteurs, qui ont majoritairement voté pour Donald Trump, sont inquiets. Un sondage réalisé en mars par le Farm Journal montre que 54 % d’entre eux désapprou­vent sa politique en matière de droits de douane. Alors que, lors de son premier mandat, les agriculteurs avaient bénéficié d’aides conséquentes, ils ne sont qu’un tiers à croire que, cette fois encore, l’État les dédommagera à la hauteur de leurs pertes.

Le recul du dollar pourrait redonner de la compétitivité à l’export

Gregg Doud, président da la NMPF, principal syndicat des éleveurs laitiers, pense néanmoins que cette politique portera ses fruits, pour peu que les États-Unis aillent encore plus loin en cas de hausses des droits de douane européens. Les représentants de la filière estiment aussi qu’il faut s’attaquer aux barrières non tarifaires sur les produits laitiers. Les IGP restent un concept fumeux à leurs yeux. Et ils regrettent que le Canada demeure pour l’instant préservé de la hausse générale des droits de douane. La secrétaire d’État à l’Agriculture, Brooke Rollins, relaie le message officiel : une fois passée une période d’ajustements, l’agriculture états-unienne sortira plus forte. Le Farm Journal a également sondé des économistes agricoles à ce sujet : ils sont 92 % à penser que la politique tarifaire actuelle ne profitera pas à l’agriculture à long terme. Cependant, le dollar décroche par rapport à l’euro, ce qui va donner de la compétitivité aux exportations, malgré les probables droits de douane qu’elles subiront en représailles.

(Article actualisé le 11 avril)

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

Monitoring

Tapez un ou plusieurs mots-clés...