La crise sanitaire liée à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) plonge le monde agricole dans le désarroi et la confrontation. Mais déjà certains professionnels voient plus loin et se questionnent sur les apprentissages de cette crise.
« Vous verrez avec la DNC, ce sera la guerre ! », s’était exclamé un responsable en génétique dans le Doubs, lorsque la DNC est arrivée en France. « Guerre », un mot repris par l’éleveursavoyard, Nathan Bochet, au sujet du traitement de la DNC chez lui. Il a dépeuplé son troupeau et protégé ses voisins, le plus vite possible. Il souligne le travail des vétérinaires de la région : « Vétérinaires ou éleveurs, on ne fait pas ce travail pour assister à ça ! » Et regarde perplexe ce qui se passe ailleurs. Manifestations, dégradations, intervention des forces de l’ordre, dénonciations, contournements des règles, spéculation, opportunismes politiques, tout y est effectivement depuis quelques mois avec le développement de la maladie dans d’autres départements, notamment vers les Pyrénées. Un dialogue de sourds s’est établi entre des éleveurs qui demandent une évolution du protocole d’abattages, insupportable pour eux, et le gouvernement qui maintient ce protocole, validé par les scientifiques et inscrit dans les textes de l’Union européenne. À date, il a été choisi d’établir un cordon sanitaire en élargissant la vaccination à d’autres départements du Sud-Ouest, en plus des zones réglementées (Gers, Hérault, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Tarn).
Ne pas compter sur le froid de l’hiver
Au-delà de la vaccination, les enjeux restent aujourd’hui dans l’indemnisation des éleveurs dépeuplés et de ceux qui subissent des pertes directes du fait de l’obligation de garder les animaux sur site pendant des jours. La question des exportations et de la perte du statut « indemne » de la France est aussi une affaire majeure. Seules l’Italie et la Suisse ont validé un accord laborieux d’exportation. Réglementairement et hors négociation avec Bruxelles, une vaccination totale du cheptel français amènerait à « une mise sous cloche » de 14 mois, en plus des délais de production du vaccin (de 7 à 8 mois) et de déclinaison de cette vaccination sur le terrain. Cette fois, le gouvernement annonce officiellement des sanctions plus fortes. La non-déclaration d’un animal malade relève du délit, avec amende (15 000€) et prison (deux ans) « si cela se traduit par l’extension de la maladie ». Les contrôles sur les routes augmentent avec le maintien d’une amende de 750 €/tête en cas de transport d’un animal issu d’une zone réglementée. « Il ne faut pas compter sur l’hiver pour se débarrasser de la maladie », alerte aussi le vétérinaire Kris de Clercq.
«Le sanitaire d’aujourd’hui est l’élevage de demain »
Sébastien Lecornu s’interroge également sur l’après au Sénat : « Comment préparer les crises de demain ? » Il y répond par « la foi dans la science et dans les scientifiques », précisant que « la place centrale de la recherche et de la science va devoir aussi être reconsacrée dans les temps qui viendront ». Kris de Clercq réfléchit également aux apprentissages de cette crise sanitaire, encore en cours. Il s’interroge sur des zones réglementées plus larges que les 50 km dès le premier foyer. « Et déjà passer de 20 km à 50 km, ce n’était pas simple », précise-t-il. Hervé Garioud, président de la Fédération française des GDS d’Auvergne-Rhône-Alpes (FRGDS Aura) aura le mot de la fin, toujours en lien avec la génétique française : « J’entends aussi qu’on pourrait vivre avec la maladie. Certes, mais que fait-on des animaux malades, et de tous ceux qui vont devenir improductifs ? Le sanitaire d’aujourd’hui, c’est l’élevage de demain : il faut avoir en tête que les progrès en matière de génétique et de performances doivent beaucoup aux progrès sanitaires de ces vingt dernières années. Aujourd’hui, si les règles du jeu changent, il faudra en assumer les conséquences qui n’apparaîtront pas demain, mais dans quelques années. »
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