
Pour la première fois, une étude menée à l’école vétérinaire de Nantes valide l’effet préventif de la pulvérisation de flores barrières contre la dermatite digitée.
Le recours aux flores barrières resurgit dans un contexte de lutte contre l’antibiorésistance et de recherche de solutions plus naturelles. Dans ces colonnes, des éleveurs ont pu témoigner d’un effet positif de ces solutions sur l’équilibre microbien de leur troupeau à travers des ensemencements sur la mamelle, sur les pieds ou directement sur la litière. Encore fallait-il le démontrer.
Pour la première fois, Oniris, l’école vétérinaire de Nantes, en collaboration avec la société Mixscience, a mené une étude visant à mesurer l’effet d’une solution commerciale de type flore de barrière pour prévenir l’incidence (effet préventif) et l’amélioration clinique (effet curatif) des lésions de dermatite digitée (DD), ou maladie de Mortellaro. Le produit utilisé, fourni par Mixscience, est un concentré de bactéries vivantes à pulvériser sur le pied, afin de former un biofilm protecteur censé bloquer l’implantation des bactéries responsables de la dermatite.
La pulvérisation retarde l’apparition de lésions
Pour rappel, la DD est une maladie infectieuse et contagieuse pouvant provoquer une boiterie sévère. Des études ont démontré son origine polymicrobienne, avec un rôle primordial de trois types de tréponèmes. Mais ces derniers ne sont pas capables d’induire seuls des lésions. Une rupture de l’intégrité cutanée est nécessaire, par exemple lorsque les pieds macèrent dans des matières fécales, des zones boueuses, ou lorsque la peau digitale est blessée par des cailloux ou des sols abrasifs. Aujourd’hui, la maîtrise repose sur des mesures médicales et non médicales : traitements curatifs individualisés des lésions à l’aide d’antibiotiques et traitement collectif des pieds. Il est couramment admis qu’un traitement collectif s’impose au-delà de 15 % d’animaux atteints.

Différentes options sont alors envisageables :
- le pédiluve liquide, à changer tous les 100 à 120 passages,
- le pédiluve sec,
- ou la pulvérisation en salle de traite.
L’étude clinique a été conduite pendant six mois, dans cinq élevages du Grand Ouest, soit sur 640 vaches au total, chacune étant son propre témoin : un pied traité par pulvérisation en salle de traite et un pied non traité, afin de limiter l’influence des facteurs de risque (identiques pour les deux pieds). La pulvérisation a été réalisée sur les pieds des postérieurs gauches une fois par semaine, sans nettoyage des pieds.
Pas d’amélioration clinique des lésions actives
Les élevages retenus avaient une prévalence élevée de DD, de 22 % à 47 %, avec une proportion similaire de lésions actives sur les deux pieds. Un bilan lésionnel a été réalisé en salle de traite tous les mois à l’aide d’un miroir et les données saisies sur l’application Noliscore développée par le fournisseur pour suivre l’évolution des boiteries en élevage. Il ressort de l’étude que les pieds « pulvérisés » ont moins de risque de développer de nouvelles lésions. En effet, environ 50 % des pieds initialement sains développent une lésion en moyenne au bout de quatre-vingt-dix jours pour le lot témoin et seulement au bout de cent cinquante jours pour le lot traité. Cela indique un effet préventif de la solution bactérienne sur la survenue de lésions actives sur des pieds initialement sains.
En revanche, aucune différence concernant l’évolution favorable des lésions n’est observée entre les pieds ayant fait l’objet ou non d’une pulvérisation du produit bactérien, c’est-à-dire qu’aucun effet favorable de la solution bactérienne sur la persistance des lésions n’a été mis en évidence sur la persistance des lésions actives.
Le compte rendu de l’étude évoque une réduction de l’incidence de la DD cohérente avec les propriétés attendues d’une flore barrière. Le mode d’action des souches utilisées est en effet connu : acidification du milieu, néfaste au développement des tréponèmes ; exclusion compétitive c’est-à-dire en formation d’un biofilm protecteur ; sécrétion de bactériocine. De plus, compte tenu du dispositif, il est possible que cet effet protecteur ait été sous-estimé. Car la vache étant son propre témoin, avec un pied non traité, cela implique une protection incomplète. À l’inverse, la protection d’un pied a pu aussi limiter les incidences sur les pieds témoins. D’ailleurs, un des cinq éleveurs engagés dans l’étude n’a pas continué le protocole préventif à la fin de l’essai et a vu le nombre des lésions reprendre rapidement dès le mois suivant.
Parmi ces éleveurs recrutés, tous ont évoqué un système moins chronophage que la mise en œuvre de pédiluves ou du lavage des pattes à chaque traite, sauf un éleveur, en salle de traite rotative pour lequel le système a semblé compliqué à mettre en place. Le prix (40 euros/vache/an) semblait ne pas être un problème pour quatre d’entre eux compte tenu de leurs observations concernant l’efficacité, mais pour un autre, cela semblait limitant. Finalement, trois élevages ont décidé de garder le produit.
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