Quelles sont vos priorités en prenant la présidence de Sodiaal ?
J.-M. J. : Comme mon prédécesseur Damien Lacombe, je suis extrêmement préoccupé par le renouvellement des générations et le financement de la transition écologique. Je crois profondément au lait, le vrai, celui qui contient des protéines animales accessibles pour les consommateurs avec un faible impact environnemental.
Première coopérative laitière en France, Sodiaal a l’ambition d’accompagner ses adhérents en douceur dans les transitions et d’attirer les jeunes en redonnant de la fierté au métier. L’entreprise a changé, elle est profitable et durable. Elle a défini un plan de croissance basé sur le maintien de sa collecte partout dans le territoire et sur la création de valeur. Je rappelle que les deux tiers des bénéfices reviennent à nos éleveurs actionnaires. Et, depuis 2023, nous payons le lait à un prix attractif. Nous proposons un dispositif spécifique à l’intention des jeunes installés, la Sodiaal Box, qui inclut des formations et des moyens financiers. Son montant peut atteindre 10 000 € par jeune. En outre, notre position de leader nous permet d’avoir un impact au niveau de la filière française.
Le prix du lait peut-il financer la transition dans les élevages ?
J.-M. J. : La décarbonation des élevages coûtera des dizaines de millions d’euros et les éleveurs ne peuvent pas supporter cette charge. Nous estimons qu’il faut au minimum une hausse de 5 % du prix du lait pour la financer. Lors des négociations tarifaires avec nos clients distributeurs, nous défendons un prix du lait durable, c’est-à-dire permettant un mode de production durable, sur le plan de la biodiversité et du climat, mais aussi sur le plan humain.
Au printemps, nous avons lancé une prime durabilité pour inciter nos adhérents à s’intéresser à ces sujets. Et ça marche. 3 000 éleveurs ont perçu une prime moyenne de 1,90 €/1 000 l sur les premiers mois. Cela nous permet de dire à nos clients que les éleveurs font des efforts, et qu’ils doivent être rémunérés pour cela. Cependant, le contexte n’est pas favorable à une hausse majeure du prix du lait à ce titre. C’est pourquoi nous venons de lancer un outil dédié au financement de la décarbonation des élevages : la plateforme Sodiaal Transitions.
En effet, nous savons que nos clients ont des obligations d’agir sur leurs propres émissions et sur celles issues de leur approvisionnement (Scope 3). Certains ne savent pas comment s’y prendre. Nous leur proposons, par exemple, d’acheter un lait bas carbone, moyennant finances. Grâce à la prime durabilité, nous pouvons certifier que nous disposons d’un volume de lait à empreinte carbone réduite. Il s’agit d’un service que nous vendons pour qu’ils puissent faire valoir leur implication dans la décarbonation en amont de leur activité. Nous proposons aussi à des acteurs de financer directement les éleveurs qui investissent dans la décarbonation via l’installation de microméthaniseurs ou la plantation de haies. La signature d’un premier contrat d’un montant de plusieurs millions d’euros est imminente. Sodiaal espère en signer une dizaine en 2025. L’argent reviendra aux adhérents de la coopérative de manière directe ou indirecte.
Vous avez récemment annoncé un accord de partenariat avec le scandinave Arla Foods ainsi que la reprise de la marque Yoplait au Canada. Comment ces démarches s’inscrivent-elles dans votre stratégie ?
J.-M. J. : Nous poursuivons nos recherches de création de valeur. La fabrication des produits de nutrition infantile d’Arla par notre filiale Nutribio va permettre une diversification des clients, ce qui est sécurisant. Quand leur nombre est réduit, il suffit que l’un d’entre eux rencontre des difficultés pour fragiliser le fournisseur. L’accord avec Arla va améliorer la productivité du site grâce à une meilleure couverture des charges fixes.
En outre, ce partenariat avec la plus grande coopérative européenne représente une véritable reconnaissance de nos capacités. Nous en sommes très fiers. En ce qui concerne Yoplait, Sodiaal s’est positionné pour reprendre la marque au Canada dès que General Mills a annoncé son intention de s’en séparer. L’organisation de la filière laitière est très particulière dans ce pays et nous la connaissons bien. La marque Yoplait a de la valeur et Lactalis, qui vient d’acquérir la franchise aux États-Unis, ne s’y trompe pas. Notre décision de reprendre la propriété de Yoplait en Europe en 2021 s’est révélée profitable. La marque est puissante et présente dans quarante pays. Selon les cas, elle est exploitée par des franchisés ou sous licence. Nous envisageons d’étendre sa présence à de nouveaux pays. Là encore, il s’agit pour Sodiaal de créer davantage de valeur, au profit de nos éleveurs adhérents.
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