Application d’une démarche RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) exigée par la réglementation, gains de compétitivité, etc., quelles que soient les raisons invoquées, les industriels laitiers ont mis un pied dans la décarbonation de leurs outils et de leurs produits laitiers. En toile de fond, même s’il est actuellement en stand-by, le Pacte vert européen donne le cap : une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Les transformateurs frappent à toutes les portes pour financer les investissements nécessaires et les primes d’encouragement qu’ils commencent à verser aux producteurs. Les pouvoirs publics et les enseignes de distribution sont sollicités. « La décarbonation est de plus en plus un sujet dans les box de négociation », confirme François-Xavier Huard, directeur de Fnil. « La MPI (matière première industrielle) a été la grande absente depuis deux ans des négociations commerciales au profit de la MPA (matière première agricole). »
Une plateforme chez Sodiaal
En avril, Sodiaal a mis en place une prime durabilité pouvant monter à 5 €/1 000 l. Déjà, 3000 éleveurs ont perçu en moyenne 1,9 €/1 000 l à ce titre.
Le groupe va s’appuyer sur cette démarche pour obtenir des hausses tarifaires lors des prochaines négociations commerciales. Cela ne suffira pas pour atteindre les objectifs de décarbonation de la filière. C’est pourquoi, il vient de lancer la plateforme Sodiaal Transitions. Elle s’adresse à ses clients et partenaires, qui ont tous pris des engagements de décarbonation. Financer celle des élevages est un des moyens pour y parvenir. Plusieurs voies leur sont proposées : achats d’équipements permettant aux éleveurs de réduire leurs émissions (microméthaniseurs, par exemple), financement de projets protégeant ou restaurant la biodiversité (haies), achat de lait à empreinte carbone réduite. Un premier contrat portant sur plusieurs millions d’euros est en passe d’être signé.
La Prospérité Fermière accède à des financements publics
La Prospérité Fermière (Nord) veut également s’appuyer sur des clients. Elle a déjà signé un partenariat avec General Mills, Unéal et Tereos pour 50 adhérents. Dans ce cadre, la coopérative lance une grille de rémunération, qui pourra être dupliquée sur d’autres partenariats. Les versements sont par exploitation et définis selon quatre tranches d’émission, qui vont de 2 500 € par an pour 0,8 kg net d’équivalent CO2et moins par litre de lait, à 1 000 € pour 1 à 1,16 kg. Plus largement, la « Prospé » vise 600 adhérents avec CAP’2ER niveau 2 en 2026. Pour financer l’accompagnement de 200 d’entre eux pendant cinq ans, avec d’autres coopératives des Hauts-de-France, elle a déposé un dossier de demande de subvention à l’Ademe. « Les crédits carbone de contribution sont le troisième pilier de notre dispositif, indique Patrick Meunier, directeur du projet coopératif. Sur les 150 adhérents déjà avec un CAP’2ER niveau 2, 47 sont engagés dans le troisième appel à projet de France Carbon Agri. »
Lactalis, lui, va prochainement rentrer dans le jeu avec l’annonce cet automne d’un partenariat avec un client pour un petit échantillon de livreurs. « Cela va dans le bon sens », estimait Yoann Serreau, le président de l’association d’OP Unell, au moment du Space. « Il faut dès le départ bien construire le dispositif. » Depuis, Lactalis a annnoncé la rupture du contrat de 270 producteurs en grande majorité adhérents de l'Unell.
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