Les cotations du beurre ont franchi la barre des 7 000 €/t depuis plusieurs mois. La France manque de matière grasse et en importe environ 250 000 t (beurre et matière grasse laitière) par an depuis deux ans. Le paiement des grammes différentiels de matière grasse au-delà de 38 n’a pas bougé pour la plupart des éleveurs depuis quinze ans. Ce contexte favorise l’émergence d’une interrogation : le moment n’est-il pas venu de revoir le paiement de la matière sèche utile du lait (MSU) ? Historiquement, ces barèmes étaient fixés par les interprofessions régionales (Criel). Elles ont élaboré des grilles qui incluent également les seuils de pénalité pour la qualité (butyriques, cellules, etc.). Depuis 2008 et l’interdiction de parler du prix en interprofession, ces grilles ont été notifiées à Bruxelles, qui en a reconnu l’utilité pour la qualité du lait. Elles restent dès lors utilisées, mais, comme le souligne François-Xavier Huard, PDG de la Fnil, « elles n’ont pas de caractère contraignant ». D’ailleurs, certaines laiteries ont déjà modifié la valeur de ces grammes différentiels. C’est le cas de Terra Lacta, ou encore de Sodiaal en bio.
Les représentants des producteurs, qui se battent aujourd’hui pour que le paiement de la MSU soit révisé par les Criel, se heurtent donc au refus des industriels privés dont la position n’a pas changé : cette discussion doit avoir lieu entre les entreprises et les organisations de producteurs (OP). Ce qui leur paraît aussi justifié par le fait que toutes n’ont pas les mêmes besoins ni les mêmes valorisations.
Les laiteries évoquent en outre l’idée que la discussion éventuelle doit porter sur l’ensemble de la MSU, laissant entendre que les protéines sont actuellement trop bien payées. Mais toutes ne suivent pas la ligne de la Fnil. Sodiaal se dit « favorable à une étude interprofessionnelle sur le sujet », sans en dire plus. Président d’Eurial, branche lait d’Agrial, et du Cniel, Pascal Le Brun estime que les échanges peuvent se tenir au sein des Criel, dès lors que les trois collèges y sont favorables et à condition de rester prudent vis-à-vis du droit de la concurrence.
Une décision à prendre à l’unanimité
Dans ce contexte, Pascal Nizan, président de la section laitière de la FRSEA Ouest, n’a pas pu mettre ce sujet à l’ordre du jour du Cil Ouest (Criel Bretagne-Pays de la Loire) comme il le souhaitait. Son collègue Ludovic Blin s’est lui aussi heurté à un manque d’enthousiasme des industriels en Normandie. « Certaines entreprises ne sont pas fermées au débat. Nous allons essayer de discuter avec elles pour aboutir à une position commune », explique-t- il. Car, pour lui, il s’agit bien d’un sujet de filière. Il s’insurge au passage contre ceux qui voudraient revoir à la baisse le paiement des protéines, en lien avec les faibles cotations de la poudre. « Les fromagers valorisent très bien les protéines. » Dans l’Est et le Nord, les responsables restent discrets, comme si l’absence de cadre reconnu pour les discussions engendrait une certaine gêne. « Il faut l’unanimité des trois collèges de l’interprofession régionale pour initier ce débat. À ce jour ce n’est pas le cas », répond Éric Labbé, président du Criel Nord- Picardie-Ardennes. Le sujet est complexe : pourquoi ne pas envisager aussi le paiement du lait au kilo de MSU ? Pascal Le Brun réfléchit quant à lui à une prise en compte de la qualité de la matière grasse, arguant du fait que tous les acides gras ne se valent pas.
Pascale Le Cann et Jérôme Pezon
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