Le Grand Ouest met la main à la poche pour la recapitalisation bovine

Vaches allaitantes en stabulation
Les régions du Grand Ouest souhaitent garder leur cheptel allaitant pour maintenir leur maillage industriel. agroalimentaire, et entretenir leurs paysages. (©Terre-net Média)

Á l'occasion du Space de Rennes, les comités Interbev de Bretagne, Normandie et Pays de la Loire ont présenté les solutions mises en place par les Régions pour favoriser la capitalisaiton bovine. Aides à l'agrandissement, prêts d'honneur... Le Grand Ouest tout entier semble se mobiliser pour garder ses vaches.

« Le Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et Normandie) a perdu 11 % de son cheptel de vaches en 5 ans. Et si l'on zoome sur le cheptel allaitant, on atteint les - 14,5 % », appuie Frédéric Chauvin, président d’Interbev Bretagne à l'occasion d'une conférence au Space de Rennes.

La décapitalisation bovine ne se fait pas sans impacter le paysage agricole. « Si la baisse des cheptels se poursuit à ce rythme, d'ici 2030, le Grand Ouest perdra l'équivalent de 250 000 ha de prairies. C'est la moitié du département de la Mayenne », alerte Charlène Lacroix, directrice d'Interbev Normandie. Sans parler de l'impact sur l'économie locale : « il y a eu des fermetures d'abattoirs dans les Pays de la Loire, en Bretagne... Les filières d'élevage emploient beaucoup dans le Grand Ouest », rappelle la directrice.

Pour endiguer cette hémorragie, les comités régionaux d'Interbev ont sollicité les élus locaux pour mettre en place des aides à l'agrandissement des troupeaux. Et les conseils régionaux semblent sensibles aux questions de déprise de l'élevage.

Des aides à l'agrandissement en Normandie

« L'object, c'est de maintenir le cheptel en place, voire d'accompagner l'augmentation du troupeau de femelles reproductrices », explique Nicolas Dumesnil, président d'Interbev Normandie, plan d'action à l'appui. 

La région propose une aide à l'agrandissement : une dotation de 400 € par tête, prévue pour soutenir la capitalisaiton bovine. Pour en bénéficier, les éleveurs doivent gagner au minimum 20 femelles sur 3 ans, justifier d'un suivi technique sur l'exploitation ainsi que d'une contractualisation. « Quand le plan a été lancé, l'aide se limitait à 200 € par vache. Pour suivre la hausse du prix des bovins, la Région a décidé de la monter à 400 €. Un jeune qui passera de 60 à 80 vaches pourra aisni bénéficier d'une aide de 8 000 € », détaille l'élu. 

La région cherche également à favoriser l'engraissement, avec pour ambition de garder la valeur ajoutée sur le territoire. Elle encourrage le croisement viande sur les vaches laitières, pour une meilleure valorisation des veaux, et propose des aides (entre 1 000 et 8 000 €) pour les porteurs de projet d'atelier d'engraissement. Pour en bénéficier, les éleveurs doivent s'inscrire dans une démarche de contractualisation, et augmenter leur cheptel d'au moins 20 têtes. 

Prêt d'honneur et aide à l'agrandissement en Bretagne

Arnaud Lecuyer, vice-président du Conseil régional de Bretagne, a présenté le plan d'action de la collectivité territoriale pour la filière. Pour l'élu, le soutien de la Région aux filières d'élevage est à mettre en perspective avec le contexte de « réduction des budgets » qui touche la plupart des secteurs d'activité. « Nous sommes sur un choix politique qui montre que l'alimentation et l'élevage font partie des piliers en Bretagne. »

La Bretagne a revu à la hausse la DJA, jusqu'alors parmi les plus faibles de France. « Nous sommes passés de 22 000 € à 30 000 € », précise Arnaud Lecuyer. Une seconde aide forfaitaire a été mise en place pour la constitution de cheptel au moment de l'installation en élevage. « Une aide de 8 000 € vise à soutenir les agrandissements, avec la volonté d'être relativement simple d'accès et de s'adresser à toutes les production animales. »

Les jeunes installés pourront également compter sur des prêts d'honneur. « Ici on appelle ça le prêt Brit' », sourit le vice-président. 35 000 à 50 000 € sont ainsi disponibles avec un différé de 3 ans. « Il est considéré par le réseau bancaire comme un apport perssonnel, et peut constituer un effet levier pour monter des projets, notamment d'agrandissement. »

La région investit également dans la recherche pour la filière allaitante, avec de nombreuses fermes expérimentales, les centres du Cirveau et Cirbeef, spécialisés autour du devenir des veaux laitiers. La campagne de communication "En toute saison , mangeons breton" est également en cours.

Un prêt d'honneur porté par la région Pays de la Loire

Les Pays de la Loire rencontrent les mêmes enjeux de maintien des cheptels. « En 2024, la Région a perdu deux unités d'abattage. La question d'apporter suffisamment d'animaux pour faire tourner ces outils se pose », alerte Sébastien Valteau, président d'Interbev Pays de la Loire. 

La Région s'est inspirée du prêt d'honneur breton pour lancer Agriboost. « Même si les modèles économiques sont favorables à la production, les besoins en capitaux sont toujours importants. Le capital nécessaire à la production a presque doublé en 3 ans, et pour rassurer les banques, rien de mieux que la contractualisation et l’investissement de fonds publiques », détaille le président. Le prêt d'honneur, pour un montant de 25 000 €, est disponible pour tous les élevages. 

La région ambitionne également d'accélérer le programme "fermes bas carbone", et d'accompagner la formation au pilotage économique, managérial et environnemental des éleveurs. « Nous avons déjà 2 départements sur les 5 qui effectuent un dépistage rapide des résultats compables, pour aider les chefs d'entreprise en difficulté à monter en compétence. »

Un travail sur l'engraissement est également en cours, avec pour ambition de fournir des jeunes bovins dans les unités d'abattage de la région.

Nous serons attentifs à la future Pac.

Mais les Régions ne peuvent pas tout. Le vice-président du conseil régional de Bretagne s'engage également à suivre de près les discussions autour de la nouvelle Pac. « Les Régions peuvent accompagner l'élevage, mais si on veut vraiment accompagner les filières viande bovine, il y a un gros travail à faire sur la politique agricole commune », insiste l'élu. « On sait combien les éleveurs bretons on souffert des dernières réformes, et sur ces points, les autres régions du Grand Ouest, qui sont également des régions d'élevage, ont des intérêts convergents aux nôtres ». 

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