Les grains de maïs sont la source d’amidon par excellence pour les vaches laitières. Mais encore faut-il bien l’utiliser pour rendre les sucres disponibles pour la vache. Eva Garre, alias Eva en élevage sur les réseaux, donne quelques conseils pour optimiser l’utilisation de l’amidon.
Les vaches sont comme nous. Elles aiment le glucose. Mais pour les satisfaire, il faut passer par des chemins un petit peu différents. Leur friandise à elles, c’est l’amidon.
« Les granules d’amidon sont des assemblages de glucose », explique Eva Garre, conseillère indépendante en élevage, sur le plateau de la SpaceTV. Mais cet assemblage diffère selon les céréales.
Amidon vitreux ou farineux ?
Dans le maïs, la fraction dite « vitreuse » se caractérise par une matrice protéique dense qui emprisonne les granules d’amidon, rendant la dégradation plus difficile. À l’inverse, dans la partie farineuse, cette matrice est plus lâche, d’où une libération plus rapide du glucose.
À l’inverse, l’amidon « farineux », que l’on retrouve dans les céréales à paille, se compose en majorité d’amylopectine. Avec un degré de cristallisation inférieur, il peut rapidement être dégradé en glucose assimilable par l’animal.
L’amidon, c’est justement ce qui fait l’intérêt du maïs. « Dans un maïs, il y a autour de 75 % d’amidon. Sur un blé ou une orge c’est plutôt à 55 %, voire à 65 % dans certains cas », décrypte la nutritionniste.
Le maïs, une source d’amidon à digestion lente
D’autant que le système digestif de la vache lui permet d’assimiler l’amidon à deux endroits différents : via le rumen, et l’intestin. « Un blé sera quasiment digéré intégralement dans le rumen », poursuit la conseillère. La flore microbienne du rumen se charge de transformer l’amidon en acide gras volatils : l’acétate, le propionate et le butyrate.
Le propionate est transformé en glucose par le foie de l’animal. Acheminé par le sang vers le pis, il permet — entre autres — la production du lactose, le « sucre du lait ».
L’acétate suit un chemin différent. Il rejoint directement la glande mammaire via le sang, où il est le principal précurseur de la synthèse des acides gras à courte chaîne. C’est lui qui permet d’avoir un lait gras avec un TB élevé. Plus il y a d’acétate produit dans le rumen, plus le lait est riche en matière grasse.
Le butyrate suit un chemin semblable, avec un effet positif sur le taux butyreux. Il sert avant tout à produire de l’énergie pour le métabolisme de la vache.
Le maïs a la particularité de ne pas être intégralement digéré dans le rumen. Il présente davantage d’amidon by-pass que les céréales à paille. « Ce sont des granules d’amidon qui rejoignent l’intestin, sans avoir été dégradés par les micro-organismes du rumen ». L’amidon échappé du rumen se transforme en glucose grâce aux enzymes du tube digestif. « C’est un petit peu comme si l’on faisait une intraveineuse de glucose à la vache », schématise la nutritionniste. Le glucose est ensuite utilisé comme source d’énergie, ou valorisé en lactose par la glande mammaire. Une manière de sécuriser la production laitière. L’animal peut également le stocker sous forme de glycogène : la vache fait des réserves.
En résumé, une ration adaptée aux vaches laitières, c’est une ration qui donne du travail à la flore bactérienne du rumen, tout en laissant une petite partie d’amidon résistant pour l’absorption intestinale du glucose.
Viser les 25 % d’amidon by-pass
Pour avoir des repères, avec une ration classique à base de 50 % d’ensilage de maïs et de 50 % d’ensilage d’herbe, Eva Garre recommande « un correcteur énergétique composé d’un quart de blé plutôt broyé ou aplati, et de trois quarts d’un maïs plutôt typé farine ». Une manière de bénéficier de l’effet « starter du blé, avant que le maïs ne vienne prendre le relais ».
Côté proportions, « viser les 25 à 30 % d’amidon dans la ration », précise la nutritionniste. Reste ensuite à savoir quel type d’amidon est introduit dans la ration. « Parmi ces 25-30 %, compter 20 % pour nourrir le rumen, et 7 à 10 % d’amidon by-pass ».
Il est également possible de moduler l’apport en amidon selon l’évolution de la lactation. À l’approche du pic, les vaches ont d’importants besoins alimentaires. « L’effet starter du blé peut aider à bien démarrer ». Du côté des vaches taries, un amidon plus lent peut être plus adapté.

Adapter les formats pour éviter l’acidose
L’enjeu est ensuite de travailler les différentes céréales pour favoriser son absorption. Dans le cas des céréales à paille, rien ne sert de travailler sur la disponibilité de l’amidon. Au contraire, s’il est trop facile d’accès, il stimulera la flore amylolytique du rumen et déclenchera une acidose. On les distribue donc légèrement broyées, ou aplaties.
À l’inverse : difficile pour le rumen de dégrader un grain de maïs entier. « Si le maïs n’est pas un minimum éclaté, il passera de la gueule de l’animal à la bouse sans apporter aucune énergie », insiste Eva. C’est pour cela que les réglages derrière l’ensileuse sont particulièrement importants. « Il faut que le grain soit éclaté en deux, voire en trois pour rendre les sucres disponibles. Selon les besoins, on peut même miser sur des flocons ou de la farine ».
Mais la conseillère le concède, « c’est vrai que tout cela, c’est un petit peu jargonneux ». Au-delà des chiffres et logiciels de rationnement, l’observation des animaux donne un bon aperçu des besoins en énergie des ruminants. « L’observation des bouses est un bon début », propose-t-elle. S’il y a des grains entiers, cela veut dire que l’amidon n’est pas digéré et que l’on perd du potentiel. A contrario, « des bouses liquides sans grain montrent que la fermentation est trop rapide ». La démarche peut également indiquer une acétonémie, avec une boiterie spécifique. Le contrôle laitier donne aussi des indications. « Le taux butyreux va diminuer en cas d’acétonémie ». Autant d’éléments qui doivent inciter à limiter la part d’amidon rapide issu des céréales à paille.

Une concession perd la carte Fendt, une armada de tracteurs part aux enchères
Des tracteurs canadiens à la conquête de la France et de l’Europe
Simon Huet : « Je gagne plus d'argent à être autonome qu'à être en bio »
Taureaux importés holsteins : des potentiels variés et de haut niveau
Plus de cédants que de repreneurs en élevage laitier : « la balle change de camp ! »
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
Engraisser ou vendre en maigre ? La finition reste rentable malgré la hausse du broutard
Cornes absentes ou atypiques ? Signalez-le auprès de l'Onab