Les conseils d'une nutritionniste pour réduire les achats de concentré

Maïs épis broyé
Diversifier son système fourrager ainsi que les modes de récolte permet d'améliorer son autonomie protéique. (©Terre-net Média)

Sécurisation de son système fourrager, travail sur le rationnement ou encore calcul de marge sur coût alimentaire sont autant d’éléments permettant aux éleveurs d’optimiser leur système alimentaire.

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« Dans le grand Ouest, le coût des concentrés achetés oscillent entre 50 et 70 €/1 000 l », explique Eva en élevage, conseillère et partenaire de Web-agri. Et comme le prix des fourrages et concentrés conditionne bien souvent le revenu de l’éleveur, la conseillère indépendante nous assène quelques astuces pour confectionner sa ration.

Diversifier son système fourrager

Première injonction, ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Car diversifier ses sources d’aliment, c’est éviter la dépendance à une culture. « Que l’on soit en système tout herbe, ou tout maïs, mieux vaut diversifier les espèces, variétés et modes de récolte ». Pas besoin forcément de chambouler totalement son système fourrager, mais introduire différentes variétés de maïs sur différents types de terre peut être un premier pas. Il peut aussi être judicieux de jouer sur les modes de récolte. « Ensilage plante entière, ensilage de maïs épis ou récolte en grain… les options ne manquent pas ! ». Le constat est le même pour l’herbe. « Même un éleveur 100 % herbager peut implanter des espèces différentes dans ses pâtures », insiste Eva. Libre ensuite à l’agriculteur de partir sur des systèmes plus diversifiés, jouant sur les dérobées ou les espèces avec la mise en place de sorgho par exemple.

« Et si la surface fourragère est un peu juste, la diversification est encore plus importante », poursuit la nutritionniste. « Il faut jouer avec les types de sols pour tirer le meilleur profit de chaque parcelle ».

Enfin, pour réduire ses achats d’aliment, il est essentiel de produire du fourrage de qualité sur l’exploitation. Cet adage est valable pour le pâturage comme pour les fourrages récoltés. « Si l’on est au pâturage, il faut faire en sorte d’avoir une herbe de qualité, et de la faire durer longtemps en saison pour la valoriser autant que possible », préconise la nutritionniste.

Acheter des aliments simples

Eva encourage les éleveurs à se limiter à l’achat de matière première. « On en connaît les valeurs alimentaires, d’un tourteau, moins celles des aliments composés par l’industrie ». Il sera plus aisé de complémenter un fourrage déficitaire avec un aliment dont on connaît la valeur et les qualités nutritionnelles. « Quand je parle avec des éleveurs qui achètent de l’aliment composé, on me dit souvent « j’achète une VL à 500 €/t », explique Eva. « On retient le prix, car on trouve ça cher et on s’attend à de la production derrière. Mais le paradoxe, c’est que l’agriculteur n’a pas toujours connaissance des constituants de la ration… ».

Pour ce faire, la nutritionniste conseille aux agriculteurs de réaliser des contrats afin de sécuriser leurs approvisionnements en concentrés.

Les coproduits ne sont pas pour autant à bannir. « J’ai l’exemple d’un agriculteur breton qui bénéficie des coproduits à base de haricots, brocolis et petits pois. Les vaches mangent des petits pois, et ça marche bien ! Mais c’est étudié pour. Elles ont 12 kg de MS par jour, complémenté avec du foin et 3 kg de concentré céréalier à l’auge ». Une ration qui permet d’obtenir des vaches à 23 l avec des taux élevés.

« C’est l’opportunité et la géographie qui rendent les coproduits intéressants », résume Eva, l’essentiel étant d’analyser la valeur de l’aliment.

Connaître sa marge sur coût alimentaire

Enfin, quel que soit son système et quels que soient ses achats, il est indispensable de calculer sa marge sur coût alimentaire. « C’est ce qu’il reste dans la poche une fois que j’ai vendu mon lait et payé mes aliments », détaille la conseillère indépendante.

Le calcul est simple à faire : c’est la quantité de lait valorisée, multipliée par son prix, à laquelle on soustrait le coût des fourrages, concentrés et minéraux de la ration, selon les quantités distribuées.

Pour ce faire, la conseillère suggère d’intégrer autant que possible le coût réel des fourrages produits sur la ferme. « On a souvent tendance à sous-estimer le coût de ce que l’on produit soi-même. Mais l’ETA, ou encore le temps passé par l’éleveur ne sont pas à négliger ».

Pour se situer, « l’objectif, c’est d’atteindre a minima une marge sur coût alimentaire de 8 €/vache et par jour », conclut Eva.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,3 €/kg net +0,07
Vaches, charolaises, R= France 7,11 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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