Quelle source de glucide choisir pour la ration des vaches laitières ?

Article réservé aux abonnés.

Ensilage de maïs épis
L'amidon présent dans le maïs et dans les céréales à paille ne présente pas la même cinétique de dégradation. (©Terre-net-Média)

Traditionnellement, les céréales à paille et le maïs grain sont deux sources de glucides couramment utilisées dans l’alimentation des vaches laitières en raison de leur disponibilité, leur valeur nutritionnelle et leur coût. S’ils présentent de nombreux avantages, des alternatives sont possibles via l’utilisation de coproduits.

Pour l’alimentation des bovins, l’objectif est d’apporter une quantité maîtrisée d’amidon dégradable pour satisfaire l’équilibre nutritionnel du rumen et prévenir les risques de pathologies digestives (acidose), tout en préservant une quantité d’amidon digestible dans l’intestin pour couvrir les besoins énergétiques et optimiser les performances laitières.

De l’amidon fermentescible pour les micro-organismes du rumen

Les céréales à paille (blé, orge, triticale) sont des sources de glucides riches à base d’amidon et très fermentescibles au niveau du rumen. Elles ne peuvent pas s’utiliser en graine entière, il faudra privilégier un aplatissage grossier ou un laminage au broyage fin afin de ne pas accentuer la dégradabilité dans le rumen. Il est très intéressant d’utiliser cette source d’énergie pour booster la croissance des micro-organismes du rumen, pour cela un apport de 1 kg dans les rations peut suffire. On privilégiera les céréales à paille dans des rations pauvres en glucides fermentescibles et notamment à l’automne avec l’utilisation d’ensilage de maïs qui ont moins de 3-4 mois de fermentations.

Une très bonne alternative à l’utilisation des céréales à paille pour apporter des glucides fermentescibles, c’est l’utilisation de sucre sous forme liquide (mélasse) ou solide (sucre en poudre). Ceci permet de diminuer les apports d’amidon dans les rations et de couvrir les besoins en sucre, de 4 % à 7 % /kg MS ingéré de ration, qui ne sont très généralement pas couverts. Les rations contiennent des quantités de sucre, allant de 2 % à 3 % de la matière sèche, étant donné que la plupart des ingrédients utilisés dans la composition des rations des vaches laitières contiennent peu de sucre. Les fourrages fermentés notamment, parce que le processus de fermentation utilise les sucres pour produire des acides organiques qui préservent l’ensilage.

Très généralement les apports en céréales à paille devront être plafonnés à 3-4 kg/vache/jour dans les rations pour limiter l’apparition d’éventuels problèmes métaboliques. Si cela ne suffit pas pour couvrir les besoins énergétiques du troupeau, il faudra associer ces apports à du maïs grain.

De l’amidon by-pass valorisé au niveau de l’intestin

Le maïs grain a une teneur en amidon, autour de 75 % MS, supérieure à celle d’un blé. Malgré des compositions chimiques proches, les cinétiques de dégradation de ces aliments dans le rumen sont très distinctes, impliquant des différences de valeur nutritionnelle et de valorisation par les bovins. En effet, le maïs grain sec a une dégradabilité plus lente au niveau ruminal, avec une part importante d’amidon « by-pass » qui va être dégradé au niveau intestinal. Néanmoins, pour une bonne valorisation, il doit être moulu très finement, dans tous les cas : objectif moins de 400 microns, cela doit ressembler à de la farine de cuisine, on ne doit pas sentir d’éclats de grain entre les doigts. Attention avec cette finesse de broyage, il n’est pas conseillé de l’utiliser dans des cellules de stockage verticales pour des distributeurs automatiques de concentré car il ne s’écoulera pas et restera dans la cellule.

Avec une valeur énergétique de 1,24 UFL/kg MS le maïs grains sec est un concentré de très haute valeur nutritionnelle. Il permet ainsi de densifier les rations des animaux à hauts niveaux de production ou d’introduire des fourrages moins énergétiques (ensilage d’herbe, foin, luzerne…) dans les rations.

Les coproduits issus de l’industrie appréciés

La recherche de diversification des rations des vaches laitières mais surtout la volatilité des marchés qui accentue la concurrence entre l’autoconsommation et la vente des céréales, poussent les éleveurs à trouver des alternatives. Aujourd’hui, un éventail de produits s’offre à eux avec des avantages intéressants en termes de coût, de praticité, de durabilité et de performance animale.

L’une des alternatives les plus appréciées est l’utilisation des coproduits issus de l’industrie. Ces coproduits peuvent inclure des sources riches en glucides tels que le wheat feed et le corn gluten feed provenant de l’amidonnerie du blé et du maïs, la farine seconde de maïs issue de la semoulerie, les pulpes de betteraves issues des sucreries ou encore les drêches de maïs ou de blé issues de l’éthanolerie. Ces coproduits sont aussi riches en énergie, très souvent plus riches en protéine et généralement moins chers que les céréales. Ils peuvent être utilisés directement dans l’alimentation, sans traitement particulier (broyage, aplatissage…) pour remplacer une partie ou la totalité des céréales dans les rations. De plus, leur utilisation permet de valoriser des ressources locales issues de l’industrie qui ne sont pas valorisables par l’homme, ce qui limite la compétition Feed/Food mais aussi l’impact carbone. Le seul bémol est que les livraisons se font très généralement en camion complet de 30 t, ce qui peut être limitant pour les exploitations de petites tailles ou n’ayant pas de possibilité de stockage.

L’utilisation des céréales à paille et/ou du maïs grain doit être adaptée en fonction des besoins nutritionnels et des caractéristiques de la ration afin de garantir une alimentation équilibrée au troupeau. Des opportunités intéressantes existent pour les remplacer notamment les coproduits issus de l’industrie. Cependant, pour limiter leur utilisation et les coûts, le plus important est de produire des fourrages de la meilleure qualité possible.

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...