Vers un prix d'un euro la brique de lait ? Le gouvernement appelle les grandes surfaces à accepter des hausses de prix alors que l'élevage laitier, en grande souffrance, subit de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine et la sécheresse.
Pourquoi les producteurs de lait sont en difficulté ?
La guerre en Ukraine conjuguée à l'inflation des coûts de production et à la canicule de cet été, qui s'est traduite par une sécheresse historique, désespère un peu plus encore les éleveurs.
Dans cette période estivale où les vaches laitières se nourrissent habituellement en grande partie dans les pâturages, la production d'herbe a chuté de 31 % par rapport à une année normale.
Faute d'herbe, de nombreux éleveurs ont dû nourrir leurs animaux avec les rations de fourrage prévues pour l'hiver. Ils seront alors condamnés à racheter du fourrage au prix fort, voire à vendre une partie de leur cheptel pour avoir moins de bouches à nourrir.
Qu'est-ce qui est demandé aux supermarchés ?
Le prix moyen des 1 000 litres de lait a grimpé à 427 euros en mai 2022 contre 390 l'année précédente, un montant inédit qui reste toutefois bien loin des 500 euros réclamés par les professionnels pour couvrir leurs frais de production.
Pascal Le Brun, président de la Coopération Laitière, qui représente 240 coopératives, a jugé « urgent » une nouvelle « salve de hausses », « a minima 15 % à la rentrée » et jusqu'à 20 % en 2023.
Face à l'urgence, le ministère de l'agriculture a appelé les enseignes de la grande distribution à accepter, dans le cadre des négociations avec les industriels de l'agroalimentaire, les hausses de tarifs demandées par les producteurs.
La FNSEA, premier syndicat agricole, et la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) souhaitent que le prix de vente du litre de lait en rayons soit porté à un euro « contre 78 centimes en hard-discount » cet été, selon la FNPL.
Pourquoi certains rechignent ?
Mercredi, Michel-Edouard Leclerc, le médiatique président du comité stratégique des magasins E. Leclerc, a relevé en substance que le prix de vente du lait en grandes surfaces n'avait pas nécessairement de lien avec la rémunération des producteurs. Selon lui, le revenu de ces derniers dépend davantage du prix auquel les industriels leur achète le lait pour le conditionner.
De leur côté, les agro-industriels reprochent aux distributeurs de ne pas prendre en compte la flambée des coûts de production et de transformation (emballage, transport, énergie nécessaires...).
Les commerçants sont-ils tous sur la même ligne ?
Toutes les enseignes ne sont pas sur cette ligne. Système U tient par exemple à faire savoir qu'il a prévu d'augmenter le prix de « tous les laits de la marque U ». « La décision est prise, on va se rapprocher de 1 euro le litre », a déclaré fin août Dominique Schelcher, PDG de ce groupe dont les efforts sont régulièrement salués par la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.
Cette annonce ne porte toutefois que sur les produits portant ses propres marques qui ne représentent généralement qu'une part minoritaire des produits vendus en rayons.
Intermarché, régulièrement épinglé pour son âpreté dans les négociations commerciales, a également annoncé sa volonté de « tendre » vers « un prix public conseillé plancher à 0,95 euro le litre » de lait, à compter du 12 septembre.
En tant qu'industriel transformateur, via sa laiterie Saint-Père d'Agromousquetaires, le groupe entend rémunérer les producteurs 513 euros les 1000 litres « en moyenne, toutes primes comprises ».
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