Des pistes pour réduire le coût des clôtures virtuelles

En équipant que la meneuse ou la dominante du troupeau, les vaches aux colliers désactivés sont quand même sorties de la zone de pâturage. (©Arvalis)
En équipant que la meneuse ou la dominante du troupeau, les vaches aux colliers désactivés sont quand même sorties de la zone de pâturage. (©Arvalis)

En France, le coût des clôtures virtuelles est un frein au développement de cette technologie qui simplifie pourtant la gestion du pâturage tournant. La Digiferme de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55) a parié sur la hiérarchie sociale liée au comportement grégaire des bovins pour éviter d’équiper tout le cheptel de colliers GPS. Après un an d’essais, les premiers résultats ne sont pas concluants.

Une série d’essais menés depuis 2019 à la Digiferme de Saint-Hilaire-en-Woëvre, dans la Meuse, a montré l’intérêt technique des clôtures virtuelles pour optimiser le pâturage tournant. Le collier GPS émet un signal sonore dès lors que les vaches s’approchent des frontières virtuelles délimitées par l’éleveur, et reçoivent un stimulus électrique si elles n’opèrent pas un demi-tour.

Un fonctionnement bien assimilé par les animaux, sans impact négatif sur leur bien-être, leurs performances ou la pousse de l’herbe. Cette technologie se montre donc intéressante pour réduire le temps passé à clôturer les parcelles, nombreuses en pâturage tournant.

Mettre à profit la hiérarchie pour faire des économies ?

Mais le coût élevé de la clôture virtuelle explique pourquoi elle peine à se développer en France. « Il faut compter 300 € par collier, auquel s’ajoute le prix de l’abonnement », explique Pascaline Pierson, ingénieure régionale pour la Lorraine, lors du Digicolloque du 21 mars dernier. D’où l’idée des chercheurs de trouver des leviers pour réduire les coûts de mise en œuvre.

Leur hypothèse : il existe une hiérarchie au sein du troupeau que l’on peut mettre à profit en équipant de collier GPS uniquement les vaches ayant un rôle social. « Nous nous sommes intéressés à trois profils : la dominante, la meneuse et l’exploratrice, et avons réalisé des tests à plusieurs reprises afin de les déterminer au sein de notre lot d’expérimentation de 10 génisses. Cette étape de caractérisation est un prérequis indispensable, qui peut être lourd à mettre en œuvre à l’échelle d’un cheptel plus important », concède l’ingénieure.

Des tests en n’équipant que la vache dominante ou la meneuse

Tour à tour, la vache dominante (test du seau) et la meneuse (celle qui initie les mouvements, observés grâce à une caméra) ont ainsi été équipées d’un collier GPS fonctionnel, ceux des 9 autres étant désactivés. Résultat : il n’a fallu que 44 minutes avec la meneuse, et 2h55 avec la dominante pour que les animaux aux colliers désactivés sortent de la zone de pâturage.

La hiérarchie établie au sein du groupe n’apparaît donc pas suffisante pour les maintenir dans les limites fixées. Les tests n’ont pas pu être réalisés avec l’exploratrice (la première à pâturer dans une nouvelle parcelle), car elle n’a pas pu être déterminée de manière certaine au sein du groupe.

Les expérimentateurs ont alors eu l’idée de jouer sur la recherche d’affinité entre les animaux. « Nous avons regroupé les génisses en prenant en compte les affinités créées entre les animaux depuis leur naissance. Ce qui nous a permis d’obtenir trois sous-groupes de vaches qui ont grandi ensemble », raconte Pascaline Pierson. Dans chaque groupe, seule une des trois vaches portait un collier GPS lors de la mise au pâturage. Seules les vaches équipées du collier sont bien restées dans les limites de la clôture virtuelle définies.

Trouver le bon ratio entre vaches équipées de collier et vaches en liberté

Cette première année d’essais montre qu’équiper un seul membre du troupeau de collier n’est pas envisageable. « D’autant que les comportements peuvent beaucoup varier selon les lots d’animaux », analyse Pascaline Pierson.

Une autre piste serait de diminuer plus progressivement le nombre de colliers afin de déterminer à partir de quel pourcentage d’animaux équipés la réduction serait efficace. Et vérifier que les conclusions sont généralisables à un troupeau plus conséquent. De quoi alimenter encore quelques temps ces travaux réalisés avec la contribution financière du Casdar* et de la région Grand-Est.

(*Compte d'affectation spéciale pour le développement agricole et rural)

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