« Il y aura une augmentation des prix à prévoir », a expliqué François Cholat, président du Snia (Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale), invité à prendre la parole lors de la conférence mensuelle du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer, le 13 mai. En effet, la pandémie de Covid-19 a eu des répercussions directes sur les fabricants d’aliments du bétail. Car si, comme l’a rappelé Jean-Luc Cade, président de Coop de France Nutrition animale, l’approvisionnement en quantité et en qualité a été maintenu au cours du confinement, ce n’est pas sans difficultés.
« Nous avons eu cinq points sensibles, ajoute-t-il : l’approvisionnement en matière première, première difficulté identifiée, la question des transports et de leur raréfaction, le respect du cahier des charges filières, notamment pour le non OGM, puisque suite à une baisse de la trituration avec l'arrêt des transports, il y a eu une baisse de la disponibilité du colza non OGM. Nous avons aussi été confrontés à la difficulté des clients à payer, ainsi qu’à des questions d’ordre social, liées au confinement ».
Un surcoût sur la logistique et les vitamines
Ainsi, du côté des fabricants, les questions du transport et de l’approvisionnement en matière première ont parfois entraîné des surcoûts importants. « Sur la partie logistique, certains camions faisaient des trajets avec un retour à vide, ce qui a entraîné une surfacturation », indique François Cholat. Il y a également eu des mouvements de prix importants sur les vitamines et les oligoéléments, dont la plupart sont produits en Chine. Le coût de la biotine a même été multiplié par huit, explique le président du Snia.
Des difficultés qui vont logiquement se répercuter sur les prix de l’aliment, avec « des effets à partir du mois de juillet, mais aujourd’hui on ne sait pas en mesurer les impacts. C’est fonction de tout ce qui arrive en ce moment sur la mer, de ce qui va réellement arriver et impacter le marché », indique François Cholat, qui se dit « extrêmement inquiet face à la crise économique et une crise agricole qui pourrait suivre ». Le Snia prévoit, pour 2020, une baisse de - 4 % de la production par rapport à 2019, notamment à cause de la réduction de la production laitière, et du ralentissement dans la filière volaille (canard à rôtir et volailles festives notamment).
Cette augmentation des prix est d’autant plus problématique que « sur une tendance longue, les filières animales sont un peu en récession en France et la crise que l’on vient de vivre risque d’avoir un effet accélérateur », déplore Jean-Luc Cade, qui est éleveur de porcs en Bretagne. Pour lui, la question de la relocalisation de l'alimentation sera cruciale. « C’est une opportunité pour l’agriculture française de valoriser ses produits Made in France ». À ce niveau, la réouverture de la restauration collective devra être stratégique : « traditionnellement, elle était importatrice de produits compétitifs, et elle va forcément challenger les filières françaises qui sont souvent un peu plus chères... », prévient-il.
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