Robots en élevage : la donnée au service de la performance des bovins

Données sur la santé, l’alimentation, la production, la reproduction, ou même l’abreuvement des animaux… De nos jours, tous ces éléments sont analysés pour optimiser la productivité, le bien-être animal et la rentabilité globale de l’exploitation.

La donnée est aujourd’hui au cœur de la performance de l’élevage bovin. Elle permet aux éleveurs de prendre des décisions plus éclairées et parfois d’anticiper avant même l’apparition des problèmes. Tout cela est permis grâce aux nouvelles technologies qui se font de plus en plus présentes en élevage, sous forme de capteurs ou de logiciels.

Sur le plateau de la Space TV par web-agri au Space de Rennes, Bastien Gires, directeur marketing et technique chez Innoval et Manon Lorriaux, chef de produit Lely, s’accordent pour dire que malgré ces outils d’aide à la décision (OAD), « l’éleveur reste maître de la décision ».

Anticiper certaines choses.

Pour Manon Lorriaux, l’éleveur a toujours « observé son troupeau et eu des intuitions à propos de ce qu’il se passe au sein de son élevage, assure-t-elle. Alors l’intérêt d’avoir ces données, de les traiter et de les analyser, c’est transformer ces observations en actions concrètes, et aussi être capable d’avoir une partie de prédiction pour anticiper certaines choses », poursuit-elle.

Ces données récoltées par le biais du robot de traite, des boucles ou des colliers sont transmises de manière facile et compréhensible à l’éleveur, mais aussi aux techniciens qui l’accompagnent afin d’améliorer le service client et les performances de l’élevage.

Des informations bien gardées

« Toute donnée est liée à un consentement, l’éleveur consent à donner ses données à l’organisme avec lequel il travaille », informe Bastien Gires. « Pour ce qui est de la protection des données, Innoval possède un datacenter en interne sur le territoire français. On détient tous les dispositifs de sécurité au sein du système d’information, de manière à héberger les informations uniquement chez nous, et protéger les données », poursuit-il.

De son côté, le constructeur Lely « stocke jusqu’à 1,8 milliard de données par jour, rien que pour la traite, sur tous les robots dans le monde. La cybersécurité constitue alors une problématique très prenante », annonce Manon Lorriaux. Sur cette thématique, une nouveauté a vu le jour cette année, le Lely Hub ; un boîtier qui permet de stocker les données de manière protégée, celles n'étant pas accessibles comme ce serait le cas en étant stockées sur un ordinateur.

Une paire d’yeux supplémentaire.

Grâce à la récolte colossale de données, certaines problématiques peuvent être décelées avant même de se poser réellement. Grâce au fonctionnement mutuel de modèles d’intelligence artificielle (IA), et de systèmes de prédiction, nourris par les données collectées, « on peut être capable d’anticiper une mammite de 2 à 3 jours, par la collecte de données telles que la température du lait, la colorimétrie, la conductivité, ou encore le taux cellulaire qui évolue », lance Manon Lorriaux. « Les logiciels permettent d’avoir une paire d’yeux supplémentaire, lance-t-elle, le travail d’éleveur reste ce qu’il est, il faut qu’ils continuent à être auprès de leurs animaux mais ça leur permet d’anticiper certaines choses. »

Innoval propose également des technologies permettant d’interpréter l’état de santé des animaux, « notamment des capteurs d’activité, conférant la capacité à détecter les chaleurs, mais aussi si l’animal à un problème de santé quelconque », indique Bastien Gires. « Par exemple, ce qui est nouveau chez nous et très important, c’est le pilotage de l’abreuvement – quand on sait que la vache doit boire 3 litres d’eau pour faire 1 litre de lait – l’abreuvement étant un réel indicateur de santé et de production laitière ».

Des éleveurs accompagnés

Parce que ces technologies peuvent parfois en effrayer certains, des formations sont proposées aux éleveurs pour une bonne prise en main de leurs (nouveaux) outils de travail. « Innoval a un centre de formation, où on forme 2 500 éleveurs par an, lance Bastien Gires. On porte différents modules de formation sur les différentes thématiques, on accompagne nos adhérents sur les logiciels et les usages que l’on peut en faire », poursuit-il.

« On assure aussi l’assistance de niveau 1 : une hotline est mise en place dans le cas où l’éleveur est confronté à une problématique, et de niveau 2 : au besoin, un technicien vient en dépannage sous un délai rapide », certifie-t-il.

Capteurs et données, avenir de l’élevage ?

Les deux invités du plateau de la Space TV sont unanimes : ces technologies constituent l’avenir de l’élevage. « Les agriculteurs d’aujourd’hui veulent davantage de temps pour eux et pour leur famille, donc c’est une manière de se libérer et de s’alléger l’esprit », déclare la cheffe produit Lely.

Pour le directeur marketing et technique d’Innoval, « un éleveur sans smartphone ou sans internet, ça n’existe presque plus aujourd’hui. Les éleveurs ont tellement de choses à gérer et ça ne fait que s’accentuer. Le but est que le temps gagné puisse être utilisé ailleurs. Et puis il y a une réelle mutation des agriculteurs, ils sont de plus en plus formés et compétents. Les chefs d’entreprise ont très bien compris qu’il fallait investir ».