Faut-il pratiquer le mouillage de la ration mélangée ?

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Patrick Besnier, vétérinaire chez Obione, répond à la question d'un éleveur quant à l'intérêt de pratiquer le mouillage de la ration mélangée. (©)

Question d’un éleveur du Pas-de-Calais : « Je constate dans ma revue une vraie tendance à ajouter de l’eau dans la ration mélangée des laitières. Quel est le bon dosage à respecter, en fonction de l’évolution des saisons ? » La réponse de notre expert, Patrick Besnier, vétérinaire chez Obione.

Il est difficile de conseiller un volume d’eau additionnel avec précision. Le raisonnement consiste à expérimenter, en commençant par 5 litres/vache/jour dans la mélangeuse et de progresser par étapes en fonction des bénéfices observés sur le troupeau. On a commencé à s’intéresser au mouillage de la ration d’abord pour limiter le tri à l’auge et améliorer l’ingestion. Malgré le mélange de la ration, il y a en effet une forte hétérogénéité dans le comportement d’ingestion des vaches. Leur capacité à trier les différents ingrédients en commençant par consommer les concentrés présente un risque d’instabilité ruminale et donc de perte d’efficacité alimentaire. L’intérêt du mouillage de la ration est alors de permettre que les particules fines adhèrent aux fibres, pour une prise alimentaire plus régulière au fil de la journée. À ration identique, on constate que cette pratique a tendance à améliorer le volume de lait et le TB, des signes d’un meilleur fonctionnement du rumen. Mais ce n’est pas toujours le cas : les études menées sur le sujet ne permettent pas de tirer des conclusions définitives. Le résultat dépend beaucoup de la situation et de la composition de la ration initiale.

Commencer par 5 litres, puis progresser par étapes

La meilleure façon d’agir sur le tri et l’ingestion est d’abord de couper les fibres plus courtes, tout en respectant les recommandations en matière de fibrosité chimique de la ration : pour une vache à 25 kg de lait viser 35 % de NDF et 32 à 33 % pour une VHP, qui a besoin de davantage d’énergie mais mangera aussi plus pour couvrir ses besoins. Une fois la ration calée, si j’observe encore du tri à l’auge, des bouses hétérogènes, ou un TB en berne, c’est le signe que le fonctionnement ruminal n’est pas optimal. L’ajout d’eau dans la mélangeuse peut alors être une piste de réflexion. Cela ne coûte rien d’essayer. Comme évoqué plus haut, on commencera par 5 litres d’eau, en observant ce qui se passe pendant huit à dix jours, de préférence à l’automne ou au printemps (en été un pic de chaleur peut modifier l’interprétation des résultats). Tant que l’ingestion augmente, que le tri diminue et que la consistance des bouses s’améliore, je peux ensuite augmenter le volume par étapes de 2 à 3 litres jusqu’à 10, voire 12 litres.

Ajoutée à la fin du mélange, l'eau imbibe moins efficacement les particules fines. (© © THIERRY PASQUET/SIGNATURES)

Il faut aussi s’organiser pour le faire, surtout avec un grand troupeau. Il est difficile d’assurer un bon mélange avec un jet d’eau, avec comme seul repère le peson de la mélangeuse. Ajoutée à la fin du mélange, l’eau imbibe moins efficacement les particules fines. Idéalement, des granulés doivent tremper au moins une heure. Dans la pratique, à l’image du Compact Feeding, il est possible de les préparer la veille, puis d’ajouter l’ensilage d’herbe avec un temps de mélange suffisant pour une coupe en brins courts (10 mm), les minéraux et le maïs à la fin (coupé à 10-15 mm). L’objectif : une ration dosant au moins 37 à 39 % de MS.

Évaluer le bénéfice coût des stabilisateurs de ration

En été, le mouillage renforce le risque de reprise en fermentation de la ration. Ce risque dépend bien sûr de la contamination initiale des ingrédients, de l’avancement du silo, mais aussi de la propreté du circuit d’alimentation et de l’auge (d’où l’intérêt des revêtements en résine). Si je gagne 1 litre de lait grâce au mouillage, il serait dommage d’arrêter à cette saison. Il est alors possible d’utiliser des stabilisateurs, souvent à base d’acide propionique et formique. Lorsque le bénéfice est supérieur au prix de ces compléments, j’ai intérêt à continuer, pourquoi pas en distribuant la ration le soir pour limiter le risque d’échauffement. Le mouillage de la ration peut permettre de compenser un déficit d’abreuvement. Mais, si mon troupeau tourne bien, avec une bonne efficacité alimentaire, cette pratique n’est pas obligatoire.

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