Dans le contexte d’épidémies actuel, il est important d’éviter toute baisse d’immunité sur les troupeaux. Veiller à fournir une ration équilibrée aux vaches fait partie des conseils pour les aider à mieux se défendre contre les virus de l’hiver (et les autres) : parmi les constituants d’une ration, rappelons le rôle des oligo-éléments.
La fréquence des carences en oligo-éléments semble augmenter depuis plusieurs années, du fait de l’amélioration des performances des animaux, de la diminution de la concentration en oligo-éléments des rations (liée à l’utilisation d’espèces végétales plus productives, mais aussi plus pauvres en oligo-éléments : ray-grass, ensilage de maïs).
Effets sur le stress...
L’effet principal de carences en oligo-éléments – notamment des trois principaux que sont le cuivre, le zinc et le sélénium (Se) – sur la santé des bovins se situe au niveau du système immunitaire. Un état inflammatoire chez la vache produit des substances oxydantes, plaçant l’animal dans un état dit « de stress oxydatif ». Or ces trois oligo-éléments ont un rôle primordial pour faire fonctionner les enzymes antioxydantes qui protègent l’organisme. Parmi les cellules les plus sensibles à ce stress, on trouve les cellules immunitaires que sont les monocytes, les macrophages et les polynucléaires neutrophiles !
La période péri-partum (trois semaines précédant et suivant le vêlage) est particulièrement à risque chez la vache laitière. Le métabolisme, très sollicité, place les cellules de l’organisme en stress oxydatif : le système immunitaire est moins efficace avec, pour conséquence, une augmentation du risque d’infection (mammites, métrites, rétentions placentaires).
Un manque de sélénium diminue, par exemple, l’efficacité des neutrophiles : ceux-ci perdent leur capacité à se déplacer dans l’organisme (ne pouvant donc pas rejoindre le site de l’infection) et se multiplient moins vite, voire sont détruits par les radicaux libres (lire l’encadré ci-dessus). La carence en cuivre diminue, elle, l’activité phagocytaire.
... Et symptômes multiples
Toute inflammation mammaire induit l’augmentation de radicaux libres dans le lait, ce qui entretient et aggrave le stress oxydatif, et conduit à la destruction des cellules du tissu mammaire. Le sélénium, le zinc et le cuivre jouent un rôle de limitation locale des dommages. Plus spécifiquement, le zinc est essentiel dans la kératinisation du canal du trayon qui est la première barrière, physique et chimique, de la mamelle, en captant les bactéries et en les empêchant de migrer vers la mamelle.
Les carences en cuivre peuvent également se traduire par une anémie, des « lunettes » (dépilations autour des yeux), le roussissement des poils, des ulcères de la caillette. Les carences en zinc peuvent se traduire par de la diarrhée, des problèmes locomoteurs (fourbure) et une guérison plus lente des plaies. D’autres symptômes surviennent parfois : œdème du pis (carence en sélénium), vache couchée et faible (carence en iode), articulations gonflées (carence en manganèse), diarrhée et pica (carence en cobalt).
Impact sur la reproduction
Tous les oligo-éléments améliorent l’ingestion, la digestibilité de la ration et l’efficacité alimentaire. Toute carence pourra donc se traduire par des pertes de poids, un retard de croissance et ainsi une baisse des performances zootechniques. Le zinc joue un rôle essentiel dans le fonctionnement des sécrétions hormonales (testostérone, insuline, etc.). La carence en sélénium aura un impact sur la production laitière, car, on l’a vu, elle va prédisposer aux infections mammaires.
Du développement du fœtus à l’involution utérine après la mise-bas (Se) en passant par la production et la régulation des hormones…, toutes les performances de reproduction peuvent être affectées par une carence en oligo-éléments. Une déficience en cuivre augmentera le risque de rétentions placentaires, d’infertilité et de mortalité embryonnaire. Un manque de zinc entraînera un risque accru d’avortements, de retard de l’involution utérine, voire des saignements au vêlage.
Et les veaux dans tout ça ?
Le statut des veaux en oligo- éléments dépend directement du transfert placentaire, colostral puis via le lait. Plus tard, les carences seront dues à des déficits d’apport.
- Celle en cuivre s’exprimera principalement par des diarrhées néonatales et des échecs de vaccinations contre ces diarrhées. Plus tard, cela se traduira, comme chez l’adulte, par des déficits de réponse immunitaire.
- Le risque de carence en zinc est plus important car les stocks sont moins disponibles. Le principal symptôme est, là encore, des diarrhées.
- Le sélénium est très bien transféré au fœtus via le placenta. Il est plus intéressant de supplémenter la mère au tarissement que le veau à la naissance, car cela augmente la teneur en sélénium chez le veau pendant plus de six semaines après sa naissance. Il s’agit de l’élément dont l’impact sur la santé est le plus fort : syndrome du veau faible/mou (pouvant aller jusqu’à la mortalité), diarrhée néonatale, échecs de vaccination, insuffisance cardiaque et myopathie (« maladie du muscle blanc »).
D’autres oligo-éléments peuvent également jouer un rôle pour la santé et la production des bovins (molybdène ou fer par exemple). Et les carences avoir des conséquences non négligeables, tant en matière de santé que de performances. Si les situations de troupeaux fortement carencés restent rares, certaines études montrent qu’un quart à un tiers des troupeaux laitiers sont modérément carencés en cuivre et en zinc. La mise en évidence de telles (sub)carences est relativement facile par la réalisation de prises de sang chez les animaux puis leur analyse en laboratoire. L’apport d’oligo-éléments (sous forme de bolus ou en injectable) en période de stress semble donner des résultats prometteurs sur la qualité de réponse immunitaire des bovins, jeunes ou adultes, mais les études sont encore peu nombreuses.
Avant de suspecter une carence, il faut bien sûr vérifier les grands principes d’une ration équilibrée : apports énergétiques, azotés, minéraux majeurs.
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