Le pays du fromage n’échappe pas à la mondialisation des échanges et importe de plus en plus de fromages ingrédients, explique FranceAgriMer, ce qui réduit quelque peu la souveraineté alimentaire française sur ce produit. Mais côté balance commerciale, le solde des échanges de fromages reste stable en valeur ces dernières années, grâce à des exportations plus qualitatives.
La France est-elle souveraine… en fromages ? La question peut prêter à sourire et l’on serait tenté de répondre oui sans hésiter : notre pays compte plus de mille variétés de fromages et notre production est largement excédentaire par rapport à notre consommation. Et pourtant.
En 2022, FranceAgriMer s’est penché sur la notion de souveraineté alimentaire française, concept revenu sur le devant de la scène avec la crise du Covid et la guerre en Ukraine. Elle l’a étudiée au moyen de plusieurs indicateurs visant à rendre compte de nos dépendances externes au commerce international, et cela pour trente produits, dont les fromages.
Cécile Guillot, cheffe du service Analyse économique des filières et OFPM de FranceAgriMer, explique que la France a besoin de recourir aux importations pour ce produit, et qu’elles se sont significativement accrues ces dix dernières années.
La dépendance de la France aux importations de fromages, mesurée en divisant nos importations par notre consommation, est ainsi passée de 28 % en moyenne sur les années 2009-2011, à 36 % en 2019-2021 (à titre de comparaison, cet indicateur est de 1 % pour le blé, 21 % pour la viande bovine, 67 % pour le soja, 103 % pour les fruits tropicaux).
Cette dépendance accrue est liée « à une hausse de la consommation sur dix ans et c’est un reflet de la mondialisation de l’alimentation : on a de plus en plus besoin de fromages ingrédients comme le cheddar et la mozzarella, que l’on doit absolument importer », précise-t-elle. Le fromage est de fait un produit très international, dont plus d’un tiers des volumes produits dans le monde est échangé.
Si le taux d’auto-approvisionnement de la France en fromages (production/consommation) a perdu 16 points en dix ans, à 120 %, il reste largement au-dessus de 100 %, ce qui signifie que nous sommes « en capacité apparente de couvrir les utilisations domestiques par la production nationale ». Cet indicateur atteint 195 % pour le blé tendre, 95 % pour la viande bovine, 48 % pour le soja, 15 % pour les fruits tropicaux.
Autre indicateur qui éclaire la souveraineté alimentaire, mais qui peut sembler moins intuitif : notre capacité d’exportations (exportations/(importations+production)). Elle représente « une force du point de vue de la compétitivité et de la balance commerciale » mais aussi une dépendance aux marchés d’export et à une fragilité du point de vue de la souveraineté, note Pierre Claquin, à la tête de la direction Marchés, études et prospective de FranceAgriMer.
Cette capacité d’exportation est passée de 39 à 36 % en dix ans pour les fromages, une valeur plutôt stable et plutôt haute par rapport à la majorité des autres productions étudiées (49 % pour le blé tendre, 15 % pour les fruits tropicaux, 14 % pour le soja, 13 % pour la viande bovine).
Sur ce volet, on remarque une dépendance accrue de la France aux exportations de fromages vers les pays tiers depuis 2019, liée au Brexit, et représentant un frein en termes de souveraineté.
« Il est à craindre, qu’à l’instar des USA sur le vin dans le cadre du contentieux Airbus-Boeing, qui ont bien conscience du caractère stratégique de ces filières pour la France, le Royaume-Uni, désormais sorti du cadre de UE pourrait, plus facilement que lorsqu’il était membre, jouer de l’arme tarifaire à l’avenir en cas de conflit commercial », écrit à ce sujet FranceAgriMer.
Si l’on se place à présent du point de vue de la balance commerciale en fromages, elle reste excédentaire mais diminue en volume, en lien avec la hausse des importations de fromages-ingrédients. Cependant, note Cécile Guillot, le solde des échanges reste stable en valeur, « grâce à des exportations plus qualitatives, notamment AOP ».
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