LE PARAMPHISTOME, UN PARASITE TROP SOUVENT IGNORÉ

PENDANT L'HIVER 2012-2013, ORNE CONSEIL ÉLEVAGE A MENÉ UNE ENQUÊTE confirmant la présence du parasite paramphistome dans le département. Ses conclusions rejoignent les chiffres des enquêtes nationales. Des prélèvements (mélange de cinq bouses de vaches laitières) ont été effectués dans des élevages identifiés comme « à risque », car ils présentaient de la douve et/ou des pâturages humides. Il en ressort que 40 % ont un résultat positif pour le paramphistome et 25 % étaient assez fortement parasités (> 200 oeufs/g de bouse). L'infestation croisée avec la grande douve est fréquente mais pas systématique.

UN HABITANT DES ZONES HUMIDES

Neuf élevages positifs sur dix ignoraient la présence du parasite et peu d'éleveurs connaissent les symptômes de cette parasitose. Pourtant, plusieurs élevages fortement infestés ont vu leurs performances, notamment laitières, augmenter après un traitement.

Paramphistomum daubneyi mesure 6 à 10 mm et parasite, à l'âge adulte, le rumen des bovins. Sa longévité est de cinq à sept ans : l'infestation augmente au fil des années. Son cycle évolutif est semblable à celui de la douve, avec un hôte intermédiaire (mollusque aquatique) et un hôte définitif (ruminants). Le premier a besoin de pâturages humides ou de points d'eaux permanents.

- Les larves se nourrissent de sang au niveau de la muqueuse intestinale, du duodénum et de la caillette. Il s'ensuit une inflammation digestive, une diarrhée liquide noirâtre, plutôt sur les jeunes bovins, aux conséquences non négligeables : retard de croissance, amaigrissement, voire mortalité. Ces symptômes sont non spécifiques du paramphistome et souvent ils ne sont pas reliés à cette parasitose. Pourtant, sa recherche doit être incluse dans le diagnostic différentiel des entérites sans fièvre, au pâturage en zone humide. Les vers adultes vivent dans le rumen et se nourrissent de son contenu.

- Les symptômes sont peu spécifiques : météorisation intermittente, parfois bouses plus molles, mais surtout perturbation de la motricité du rumen, diminution de la valorisation de la ration, baisse des performances et de l'immunité.

En première intention, un mélange de bouses est utilisable pour avoir une vision globale d'infestation. En cas de résultat positif, des analyses individuelles par lot d'animaux sont indispensables. Seul un examen coproscopique détecte les oeufs de ce parasite : il y a une bonne corrélation entre le nombre d'oeufs émis et le nombre de parasites adultes dans le rumen. Cet examen est réalisé dix à douze semaines après la rentrée à l'étable. Toutefois, il ne permet pas de détecter les formes larvaires. À l'abattoir ou lors d'autopsie, les adultes peuvent étre observés accrochés au rumen.

- La réponse immunitaire de l'hôte semble peu limiter le développement des parasites. Au-delà de 100 à 200 oeufs/g de bouse sur 25 à 30 % des animaux d'un lot, le traitement s'impose, à la rentrée à l'étable et/ou huit à dix semaines après (en décembre). Seul l'oxyclozanide est actif contre les paramphistomes à la dose de 10,2 à 15,3 mg/kg sans stop-dose. Pour un bovin adulte, cela correspond environ à une double dose par rapport à la dose « douve ». Hors AMM, le délai forfaitaire d'attente pour le lait est de quatorze traites. Certains effets secondaires passagers sont possibles : diarrhée et baisse ponctuelle de la production lactée. Des mesures agronomiques complètent la lutte médicale. Elles consistent à limiter l'accès des bovins aux niches écologiques des hôtes intermédiaires afin de « briser » le cycle : drainer ou clôturer les zones humides, interdire l'accès aux mares, ruisseaux et fossés humides.