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À la Cuma la Gourmande (35)L’affouragement en vert, c’est possible en collectif

Faucheuse devant et remorque autochargeuse derrière, c’est un convoi de 15 mètres qui assure l’affouragement en vert. (©Cécile Julien)
Faucheuse devant et remorque autochargeuse derrière, c’est un convoi de 15 mètres qui assure l’affouragement en vert. (©Cécile Julien)

L’affouragement en vert permet d’alimenter ses bovins avec de l'herbe récoltée au meilleur stade, en s’affranchissant des contraintes d’accessibilité. Pour partager l’investissement et pouvoir embaucher un salarié, des éleveurs d’Ille et Vilaine affouragent en Cuma.

Grâce à la Cuma la Gourmande, c’est menu 4 étoiles : ration pesée et parfaitement mélangée, fourrages verts distribués à l’auge... Motivés pour améliorer la qualité de distribution de leurs rations, 17 éleveurs de Brielles et Le Pertre ont créé, en 2008, la Cuma la Gourmande. Ensemble, ils ont investi dans une mélangeuse et embauché un chauffeur. En 2018, la Cuma a été la première en Bretagne à s’équiper d’une remorque autochargeuse pour faire de l’affouragement en vert.

« Seul, l’affouragement demande du temps et d’investir, pourtant c’est une bonne solution pour valoriser un fourrage de qualité quand on est en traite robotisée ou qu’on manque de surface accessible, retrace Jérémy Hurel, le précédent président de la Cuma. À plusieurs, on pouvait envisager d’embaucher et d’investir dans du matériel performant. » Un noyau dur de 6 éleveurs, en bio ou système herbager, était très motivé. « On avait une base pour investir dans cette nouvelle activité. On a acheté une faucheuse et une remorque autochargeuse mais pris le tracteur en location », poursuit l’éleveur.

Ils sont aujourd’hui 11 à bénéficier de cette prestation : le chauffeur assure la fauche et la distribution de fourrages verts 6 jours sur 7. Le matériel a été renouvelé il y 2 ans, avec un tracteur et une remorque autochargeuse Fendt, une faucheuse Kuhn, qui travailllent 1 300 à 1 400 heures par an.

Un calendrier qui s’allonge

Chez certains adhérents, l’affouragement est pratiqué presque toute l’année. C’est le cas chez Régis Badié, éleveur bio en Gaec. « Nous avons seulement 30 ares accessibles par vache. Avant, on faisait beaucoup d’ensilage. Mais, comme on est en zone séchante, on ensilait la dernière coupe fin mai et on ouvrait le silo un mois après. Avec l’affouragement, on distribue toujours une herbe d’excellente qualité. Même avec la prestation, c’est moins cher que de l’enrubannage et on fait plus de lait, estime l’éleveur. Cette année, on a pu distribuer du vert jusqu’au 10 décembre. »

Les responsables de la Cuma notent un fort développement de la valorisation des dérobées à l’automne. « Je fais plus d’affouragement d’octobre à décembre qu’au printemps, confirme Jérémy Hurel. Au printemps, je ne fais de l’affouragement qu’une fois mes stocks constitués ». Même chose chez Aymeric Paris, l’actuel président de la Gourmande, qui « valorise des dérobées en automne et fin d’hiver, avant de semer les maïs ».

Aymeric Paris et Jérémy Hurel, éleveurs laitiers à Brielles (35)
Aymeric Paris et Jérémy Hurel adhèrent à la Cuma qui assure la distribution de la ration et l'affouragement en vert. (©Cécile Julien)

La force du collectif

La proximité entre les élevages et leur habitude à travailler en collectif font la réussite de cet affouragement délégué. « Avec l’activité dessileuse on avait déjà une idée du fonctionnement, de l’organisation des tournées », confirme Aymeric Paris. Pour la mélangeuse, la tournée dessert 17 fermes sur 45 km. Pour l’affouragement, les tournées varient selon les périodes de l’année. « Il y a 15 km entre les deux fermes les plus éloignées. C’est ce qui permet de limiter le coût et de servir tout le monde dans la matinée », confirme l’éleveur.

Le travail en collectif a aussi permis d’embaucher trois chauffeurs, un pour la mélangeuse, un pour l’autochargeuse, le troisième à temps partiel pour assurer le passage de la mélangeuse tous les jours et de l’affouragement 6 jours sur 7. « Nous sommes beaucoup d’éleveurs en individuel, ce service répond à un besoin de main d’œuvre, insiste Jérémy Hurel. Ça facilite aussi le remplacement. »

Mais qui dit service, dit coût… « La prestation a un coût mais en individuel on aurait dû investir, y passer du temps, avoir un tracteur immobilisé, énumère l’éleveur. Malgré la prestation, l’affouragement en vert est rentable car la qualité d’un fourrage, toujours récolté au meilleur stade, sans perte à la conservation permet de réduire l’achat de concentrés tout en produisant plus de lait. »

120 € de l'heure de l'entrée dans la parcelle jusqu'à la fin de la distribution.
La facturation est faite au temps, depuis l’entrée dans la parcelle jusqu’à la fin de la distribution. « À nous d’être efficaces dans l’organisation des tournées », complète Aymeric Paris. Face à l’augmentation du coût du gasoil, les membres de la Cuma ont décidé de revoir leurs tarifs. « Nous sommes passés à 120 €/heure. Nous avons aussi arrêté d’aller faire de la prestation chez des éleveurs non adhérents s’ils étaient trop éloignés. S’il y a trop de distance, ce n’est pas rentable. On préfère faire moins d’heures, quitte à renouveler le matériel tous les 5 ans au lieu de tous les 3 ans. Malgré cette hausse, aucun éleveur n’a remis en cause l’intérêt de l’affouragement », conclut Aymeric Paris.

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