Agroécologie ou productivité ? En Belgique, Gauthier Bossut refuse de choisir

Gauthier Bossut éleveur laitier à la Chapelle-à-Oie en Belgique Wallonie
Avec une cinquantaine de vaches laitières, Gauthier Bossut cherche à combiner bien-être animal, santé des sols et impact social de l'élevage pour un système résilient. (©Terre-net Média)

Si Gauthier Bossut a un temps pensé l’agroécologie à travers un système bas intrants, il cherche aujourd’hui à optimiser tout les éléments qu’il introduit dans son système. Une philosophie qui permet à l’agriculteur belge d’associer productivité et prise en compte de l’environnement.

Éleveur laitier en Wallonie, Gauthier Bossut tente de faire rimer productivité et agroécologie. Si les deux concepts semblent antagonistes, ils s’imposent dans une région où le prix des terres « dépasse facilement les 60 000 €/ha », insiste l’éleveur. Son objectif : « utiliser les ressources disponibles à bon escient, tout en visant un certain niveau de productivité ». Sans elle, difficile de perdurer dans une zone où les productions industrielles sont légion.

Gauthier Bossut a pourtant cherché d’autres voies. Intéressé par l’autonomie, il a un temps fonctionné avec de bas niveaux d’intrants. « Je suis descendu à 33-34 kg de lait par vache, avec un petit kilo de soja dans la ration de base, et 4 ou 5 kilos au robot au pic de lactation », explique l’éleveur. Mais le système avait un goût d’inachevé. « Le troupeau était composé de vaches en moyenne à 150 jours de lactation, avec un bon potentiel génétique… Si bien que j’avais quelques problèmes de corps cétoniques en début de lactation. » Autrement dit, l’énergie était un facteur limitant dans le système de Gauthier.

De 33 à 42 kg de lait par vache au pic de lactation

L’agriculteur a donc initié un travail autour de la préparation au vêlage. « Nous avons testé un aliment sec, mélangé à de la paille broyée ». Et la formule a apporté satisfaction. À tel point qu’elle a poussé Gauthier à en demander un petit peu plus à ses vaches. « On s’est dit que si on avait des problèmes de corps cétoniques, c’est que les vaches en avaient sous la pédale ». Alors plutôt que d’avoir beaucoup de moyennes productrices, pourquoi ne pas avoir un peu moins de vaches, mais meilleures productrices ? « Je n’ai pas encore baissé en nombre de vaches, mais c’est une philosophie qui m’intéresse. On voit que la main-d’œuvre devient limitante sur les fermes. Peut-être qu’avoir 45 vaches bien conduites, demain, ça sera un facteur de résilience. »

Un bilan carbone aux 1 000 l amélioré

D’autant que le bilan carbone aux 1 000 litres de l’exploitation parle dans ce sens. Avec aujourd’hui des vaches à 42 kg de lait au pic de lactation, et 7 kg de concentré au robot sur cette période associé à une VL de production beaucoup plus riche, l’éleveur est parvenu à améliorer son bilan carbone aux 1 000 l. Sur la ferme, 0,86 kg éq CO2 sont émis par litre de lait produit. Sur la région, les exploitations tournent autour de 1 kg éq COpar litre de lait produit (valeur médiane). Mais encore une fois, tout est question d’indicateur. Ramenées à l’hectare, les performances se dégradent. Compter 15 581 kg éq CO2/ha sur la ferme, contre 13 517 kg éq CO2/ha pour la médiane des fermes régionales. Le haut niveau de production permet naturellement de diluer le CO2 émis par le volume produit. À l’inverse, l’analyse du bilan carbone à l’hectare plaide généralement en faveur des systèmes extensifs.

L’éleveur a également activé des leviers autour de la production fourragère. « Nous avons réduit le travail du sol pour maximiser le niveau de carbone dans le sol. Nous implantons des couverts, ou des cultures comme le colza qui apportent de la matière organique au sol. » Et encore une fois, productivité et nouvelles pratiques ne sont pas incompatibles : « quand on fait attention au sol, il nous le rend bien ».

Le pâturage pour le bien-être des vaches

Les 12 ha d’herbe autour de la ferme lui permettent également de faire pâturer. Pour tirer profit de cette surface restreinte, il mise sur le pâturage tournant dynamique. Selon les périodes, les vaches ont jusqu’à trois parcs différents pour pâturer. Les vaches laitières se rendent dans une prairie A entre 4h et 11h du matin. Elles reviennent ensuite au robot pour avoir accès à une prairie B, puis rentrent au bâtiment autour de 17h, lorsque Gauthier distribue la ration à l’auge. Un dernier parc est ouvert, de 17h à 4h du matin. « C’est une sorte de prairie de nuit, avec peu d’herbe sur pied, mais qui permet aux vaches de dormir en extérieur. » Au pic de pousse de l’herbe, le pâturage représente environ 50 % de la ration des vaches laitières.

Car pour Gauthier, il est important d’élevage les vaches au grand air. Ce fonctionnement lui permet de fermer son aire paillée du 15 avril au 10 octobre. « Sauf gros aléa climatique, les vaches ne rentrent plus dans l’aire paillée pendant la période de pâturage. »

Pour parfaire son système, l’agriculteur a même investi dans une prairie parasol ou « parapluie selon les cas », sourit Gauthier. Si les arbres sont encore jeunes, à terme, il espère disposer d’une canopée pour protéger les animaux du stress thermique. « De l’ombre et de l’air, c’est ce qu’on recherche avec des ventilateurs en bâtiment ? Alors pourquoi ne pas l’offrir naturellement en pâture ! » Avec la plantation de paulownias, il mise sur une pousse rapide pour, à terme, utiliser les branches pour faire de la litière plaquette.

Si bien que chez Gauthier Bossut, l’agroécologie prend une dimension particulière : « mon objectif, c’est de valoriser le mieux possible les intrants que j’intègre dans ma ferme », tranche l’agriculteur.

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Vaches, charolaises, U= France 7,53 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,34 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
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