Taxe chinoise sur les produits laitiers UE : un « coup de massue »

Taxe chinoise sur les produits laitiers UE : un « coup de massue »
(©Adobe Stock)

Les droits de douane temporaires imposés par Pékin aux produits laitiers européens sont « un choc, un coup de massue » pour les exportateurs français de fromages et de crème, a réagi lundi la Fédération nationale de l'industrie laitière.

« C'est un choc, un coup de massue (...) notamment pour le groupe Savencia, qui a été longuement mobilisé par les autorités chinoises » lors de l'enquête antidumping et est l'un des principaux exportateurs européens de crème vers la Chine, a déclaré à l'AFP François-Xavier Huard, PDG de la fédération qui représente les industriels privés comme Lactalis, Danone ou encore Bel.

Ces droits de douane « provisoires » s'échelonneront de 21,9 à 42,7 % et entreront en vigueur mardi, selon le ministère du Commerce chinois. Les droits définitifs doivent être communiqués le 21 février à l'issue de l'enquête lancée en août 2024 par Pékin, en rétorsion aux droits de douane européens sur les véhicules électriques fabriqués en Chine.

Ces taxes provisoires concernent les fromages frais et transformés, les fromages bleus ainsi que certains laits et crèmes, qui bénéficieraient selon Pékin de subventions faisant subir un préjudice substantiel aux concurrents chinois.

La crème, première impactée

La France a exporté pour près de 370 millions d'euros de crème, lait et fromages vers la Chine en 2024. Sur les neuf premiers mois de 2025, les exportations de produits laitiers ont atteint 245 millions d'euros, en légère baisse par rapport à l'année précédente sur la même période, selon les douanes. La poudre de lait, qui pèse quasiment autant que crème, lait et fromages réunis, ne fait pas partie de l'enquête.

C'est surtout la crème, déjà taxée à 15 %, qui sera touchée, précise le PDG. Puisque sur les 34 000 tonnes de fromages européens exportés en Chines, seules 6 000 viennent de France, alors que l'Hexagone représente la moitié des 100 000 tonnes de crèmes exportées. Le porc et le cognac européen ont aussi fait l'objet d'enquêtes et des accords ont été trouvés pour réduire les taxes temporaires sur les entreprises françaises.

« On va continuer à travailler avec les autorités chinoises. Une phase de contre-argumentaire s'est ouverte, en espérant que cela permettra de diminuer les droits de douane définitifs », a ajouté François-Xavier Huard.

« Risque de pertes de marchés »

« Si ces montants-là devaient perdurer, une grande partie des exportations de crème et de fromages vers la Chine vont être menacées. Et derrière, des producteurs, des territoires, notamment la Normandie, vont être directement concernés », a-t-il dit, précisant que le message envoyé aux agriculteurs, en pleine crise face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), n'était « pas bon ».

Pour la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL, association spécialisée de la FNSEA, premier syndicat agricole), cette taxe est « une mauvaise nouvelle, susceptible d'entraîner des pertes de marchés » mais elle ne doit pas entraîner une baisse de la rémunération des éleveurs par les industriels.

Malgré les crises sanitaires, la filière a réussi à maintenir la collecte de lait, en hausse de 1 % sur les dix premiers mois de l'année et qui pourrait dépasser les 23 milliards de litres en 2025, selon les chiffres du ministère de l'Agriculture.

Les prix sont en légère augmentation sur la période selon la même source, mais la FNPL et des organisations de producteurs ont tiré plusieurs fois la sonnette d'alarme quant aux risques de baisse de la rémunération des éleveurs ces dernières semaines, période traditionnelle de négociations entre producteurs et industriels privés mais aussi entre industriels et distribution.

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Vaches, charolaises, U= France 7,55 €/kg net +0,02
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