
Le Gaec Roynard Lambert a construit en 2023 un silo de 12 par 44 mètres. Les murs, composés d’éléments préfabriqués, forment un chemin d’un mètre de large pour se déplacer plus facilement, en sécurité. Les éleveurs ont aussi opté pour un système de couverture où des sangles à cliquet remplacent le lestage traditionnel.
C’est en septembre 2023 qu’Anne et Laurent Roynard ont rempli pour la première fois leur nouveau silo à maïs, construit quelques mois plus tôt. Une plateforme qu’ils ont voulue pratique à utiliser et sécurisée en optant pour des murs larges avec escaliers d’accès et couloirs de circulation en hauteur. Ces murs sont formés par des blocs préconstruits de chez Cobefa, marque distribuée dans l’ouest de la France par la coopérative Terrena. Ce silo est également l’un des premiers en France à être équipé du système AgriSeal, composé de filets et de sangles à serrer pour plaquer la bâche sur le tas d’ensilage. « Les éléments de murs s’empilent et s’emboîtent les uns dans les autres, explique Laurent Roynard. Il s’agit de caveaux ouverts en formes de U ou de H, mesurant tous 1,20 m de largeur. Une fois posés au sol, nous les avons remplis de terre jusqu’à environ 80 cm du bord supérieur. Cela forme ainsi un couloir dans lequel nous pouvons marcher en sécurité et aussi entreposer les bâches, les filets ou des sacs de lestage. Terrena Pro a également prévu des escaliers, placés à chaque extrémité. L’ensemble est vraiment très pratique et cela évite surtout les risques de chute. En matière de sécurité, cela n’a plus rien à voir avec nos anciens silos où nous devions marcher en équilibre sur un mur de seulement 20 cm de large à 2 m de hauteur. »
Le silo a été positionné sur un terrain qui touche directement l’exploitation.
Le chantier a débuté par du terrassement et un empierrement pour compenser la pente. Selon les endroits, entre 80 cm et 2,50 m de matériaux ont été apportés pour revenir à l’horizontale. L’entreprise L’Aviréenne TP a utilisé un bulldozer équipé d’un niveau laser pour garantir un parfait étalement des pierres avec une précision de l’ordre du centimètre.
Des éléments de deux à trois tonnes
Le terrain a ensuite été recouvert par une couche de 10 cm de gravillons afin de préparer notamment la pose des murs. Chaque élément pèse entre deux et trois tonnes selon le modèle. Pour leur mise en place, L’Aviréenne TP a préféré employer un camion-grue plutôt qu’une pelleteuse qui aurait laissé plus de traces en tournant au sol.
Les blocs s’encastrent les uns dans les autres grâce à des rainures prévues sur les côtés et le dessus. Les éléments, une fois en place, ont été partiellement remplis de terre : celle-ci se tassera naturellement pendant environ un an. Puis il est prévu d’ajouter 20 cm de graviers pour avoir un chemin propre et stabilisé, où les mauvaises herbes ne pourront pas s’implanter. Pour terminer, tout le silo, ainsi que les abords ont été recouverts par 8 cm d’enrobé pour usage intensif.
Ce revêtement agricole est conçu comme ceux employés dans les ronds-points pour résister aux contraintes de l’exploitation : véhicules lourds, acidité, ripage des pneus… « Nous avons attendu quarante-huit heures avant de rouler dessus, pour le laisser refroidir et se stabiliser, précise Laurent-Louis Roynard, le fils d’Anne et Laurent, actuellement salarié du Gaec. Ce nouveau silo mesure 12 m de largeur par 44 m de longueur. Deux bandes d’une quinzaine de mètres de chaque côté ont également été aménagées et bitumées, afin de pouvoir réaliser deux silos supplémentaires en s’appuyant sur l’extérieur des murs. Lors du premier remplissage, nous avons pu aussi tester le nouveau système de couverture par sangles. »
Plaquer la bâche sur l’ensilage
Le kit AgriSeal fourni par Cobefa comprend des bandes de filet en textile synthétique de 2,30 m par 8 m de longueur. La veille du chantier, les éleveurs sont venus les placer sur les deux côtés intérieurs du silo. Une extrémité du filet est crochetée à des points d’ancrage, directement insérés dans le mur à 50 cm du sol. Le reste de la bande est remonté le long du mur et laissé en attente dans le chemin de circulation. Ce principe de couverture ne remplace que le lestage. Pour l’étanchéité à l’air, les éleveurs ont donc placé sur chaque mur des bâches noires pour recouvrir les filets. Une fois le silo rempli et correctement tassé, l’équipe d’agriculteurs présente ce jour-là a aussi déployé une bâche neuve sur le haut du tas. Le Gaec a choisi un produit deux en un comprenant un film anti-oxygène translucide de 25 microns et une bâche opaque de 115 microns.
Le tout est protégé par la pose de toiles plus épaisses sur lesquelles il est possible de marcher. L’installation des filets de couverture a pu alors commencer. Les bandes laissées enroulées en haut des murs ont été dépliées vers le centre du tas, un côté recouvrant l’autre. Ces filets sont pourvus d’encoches et d’ourlets où viennent s’insérer des tubes en acier disposés sur deux rangées en parallèle des murs. Les éleveurs ont alors relié les tubes de droite et de gauche avec des sangles à cliquet. En serrant ces sangles au maximum, les filets plaquent la bâche sur l’ensilage sans avoir besoin d’ajouter de lest.
Un investissement global de 184 000 €
« Il nous a fallu un peu de temps au moment de couvrir le tas pour la première fois avant de bien comprendre comment installer les filets, les tubes et les sangles, concède Laurent-Louis. Mais, désormais, c’est clair et nous irons sans doute beaucoup plus vite la prochaine fois. Les sangles permettent de resserrer la pression au bout de quelques jours quand le tas se rétracte naturellement. Pour le découvrir, c’est l’opération inverse. Nous enlevons les sangles et replaçons les filets sur les murs. Ils sont alors déjà en place pour l’an prochain. Le seul bémol, c’est que, lorsque l’on retire une toile, cela libère la bâche sur 2 m. Pour la maintenir, nous utilisons donc des sacs de lest que nous décalons vers l’arrière au fur et à mesure que le front d’attaque progresse. »
Ce projet de silo représente un investissement global de 184 000 €, incluant le terrassement, les matériaux, les enrobés, les murs, les bâches et sangles, la fosse de récupération des jus ainsi que les heures d’entraide des tracteurs. Le système AgriSeal en lui-même a coûté 8 800 €, le point d’ancrage dans les murs qu’il fallait commander au moment d’acheter les éléments préfabriqués compris.
Pour les éleveurs, ce principe semble assez efficace : l’eau s’évacue bien et se retrouve aux extrémités des escaliers. Quelques corrections vont être apportées à l’automne prochain pour faciliter la mise en place et améliorer la qualité de conservation. « Nous nous sommes aperçus que les tubes enfilés dans les filets étaient positionnés trop loin du mur, souligne Laurent Roynard. Il restait en effet quelques poches d’air sur les côtés où la bâche ne collait pas suffisamment à l’ensilage. Le fabricant a prévu plusieurs encoches sur les filets pour placer les tubes. Nous allons donc les mettre au plus près des murs et la toile sera ainsi mieux plaquée. Nous prévoyons aussi de placer des modules empilables en béton à l’extrémité du silo pour le fermer complètement. Cela nous permettra d’avoir une pente moins prononcée sur la partie arrière. En effet, aux extrémités, il est plus compliqué de mettre correctement la couverture en place du fait du dénivelé. Du côté de l’entrée du silo, nous envisageons de poser quelques sacs de graviers dans la partie en pente. »

Hormis ces quelques petits soucis qu’ils pensent corriger facilement, les éleveurs ne trouvent rien à redire sur le système en lui-même. Les sangles et les crochets sont en inox et devraient normalement bien vieillir dans le temps. Quant aux filets, le fabricant annonce qu’ils peuvent durer quinze ans. La famille Roynard estime que c’est possible, à condition d’en prendre soin lors des manipulations et de les stocker correctement.
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