
La longueur des brins du maïs ensilage est déterminante pour assurer une bonne conservation et optimiser la valorisation du fourrage par le troupeau. Pendant le chantier, l’éleveur doit suivre la qualité du hachage tout en s’intéressant à l’éclatement des grains, un autre facteur clé.
Choisir la bonne taille de brin de l’ensilage de maïs est le résultat d’un compromis décidé par l’éleveur. Au silo, plus le maïs est coupé finement, plus il sera facile de le tasser et d’expulser le maximum d’air. L’objectif est de garantir un démarrage rapide de la fermentation pour assurer une bonne conservation sans dégradation de la qualité. Toutefois, pour stimuler la rumination des vaches et donc l’assimilation des nutriments, il convient de laisser quelques brins suffisamment longs. Selon des résultats d’essais, menés par Arvalis et l’Institut de l’élevage, l’idéal est de viser une taille moyenne comprise entre 8 et 10 mm de longueur au moment la distribution. Une dimension qui doit tenir compte de la réduction de taille parfois liée aux matériels de reprise et de distribution. Ainsi, avec un bol mélangeur, les brins d’ensilage peuvent perdre entre 2 et 4 mm de longueur, voire davantage s’il s’agit d’une automotrice avec une fraise de chargement.
1 % de gros morceaux de maïs
Un objectif de 10 à 15 mm de longueur moyenne à l’entrée du silo est donc raisonnable. Toutefois, si les plantes sont à plus de 36 ou 37 % de matière sèche (MS), Arvalis recommande de ne pas dépasser les 12 mm de calibre. En effet, un maïs trop sec est toujours plus difficile à tasser. Il est alors recommandé de réduire la taille des brins pour favoriser la compaction. Au démarrage du chantier ou lors des changements de parcelles, une évaluation de la finesse de coupe est possible en triant le maïs à l’aide d’un tamis séparateur. La portion de gros morceaux, supérieure à 20 mm, ne doit pas dépasser 1 %. C’est l’équivalent d’un gobelet sur un échantillon de seau de 10 litres. La part de particules moyennes de 10 à 20 mn doit être de l’ordre de 10 à 15 % de la masse prélevée initialement. Quant aux morceaux les plus fins, mesurant moins de 6 mm, ils ne doivent pas excéder plus de 50 % du poids de l’échantillon de départ.
C’est le chauffeur qui ajuste la longueur de brin en modifiant les réglages de son ensileuse. Sur toutes les machines récentes, le calibrage s’effectue facilement depuis la cabine sur l’écran de contrôle en jouant le plus souvent sur la vitesse du rotor. Attention également à l’affûtage des couteaux et des contre-couteaux : des lames mal aiguisées vont davantage déchirer la plante alors qu’il faut obtenir une coupe nette pour conserver des brins de dimensions homogènes. Sur ce point aussi, il n’est pas superflu de vérifier que le hachage est bien calibré et régulier.
Enjeu financier
Autre critère important à surveiller : le niveau d’éclatement des grains. En effet, c’est là que se concentre la majorité des éléments nutritifs. Retrouver des grains quasiment entiers dans les bouses est le signe d’une mauvaise ingestion et donc d’une mauvaise valorisation de l’ensilage. Sur le plan économique, cette question n’est pas négligeable : des études menées par le réseau Cuma du Grand Ouest et les services du contrôle laitier ont permis d’en chiffrer le coût induit. Lorsque les grains ne sont pas suffisamment éclatés et donc mal digérés par les vaches, l’exploitant doit compenser cette perte par des achats d’aliments ou utiliser des céréales qu’il ne commercialisera pas. Les dépenses ainsi engendrées, ou le manque à gagner pour la ferme, peuvent atteindre 70 à 80 € par an et par vache. Prendre le temps, le jour de la récolte, de contrôler la qualité de l’éclatement, via le test du seau s’avère donc des plus judicieux.
L’enjeu financier est suffisamment important pour justifier une interruption de chantier de quelques minutes. L’opération pourra être renouvelée au moment d’un changement de parcelles, surtout si les semis ont été décalés au printemps. En effet, l’objectif d’éclatement du grain est différent selon le stade de maturité. Sur un maïs qui atteint tout juste 30 % de MS, il suffit que les grains soient touchés ou ouverts pour que les animaux les digèrent bien par la suite. Si la récolte est effectuée au stade optimal de 32 – 35 % de MS, il est alors recommandé d’avoir des grains qui seront tous éclatés au moins en deux ou quatre morceaux séparés. Quand la récolte est plus tardive et que l’amidon du maïs est alors moins dégradable (stade supérieur à 35 % de MS), il devient nécessaire de pulvériser tous les grains en plusieurs petits morceaux.
Là aussi, tout est question de réglages. Le chauffeur peut facilement gérer l’écartement qui sépare les deux rouleaux de l’éclateur de grains pour obtenir plus d’agressivité. Si cela n’est pas suffisant, notamment en fin de campagne avec des maïs trop secs, il est possible d’aller plus loin en modifiant la vitesse de rotation des éléments. Sur un modèle standard, un des deux rouleaux tourne généralement plus vite que l’autre, entre 30 et 32 %. Ce différentiel de vitesse peut être augmenté à 40 % en changeant la poulie d’entraînement, afin de créer davantage de frictions. L’opération nécessite de passer par l’atelier et de prévoir une ou deux heures de main-d’œuvre. L’ETA ou la Cuma peut facturer cette intervention à l’éleveur, mais quand il s’agit de récolter par exemple des maïs bien mûrs, notamment en fin de saison, il vaut mieux mettre toutes les chances son côté. S’assurer ainsi de la qualité de son ensilage, restera toujours plus économique que d’être obligé d’acheter du grain tout au long de la saison pour booster une ration trop pauvre en énergie assimilable.
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